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  • : Blog de dominique Baert
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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 15:56
Cela fait 9 mois aujourd'hui que Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République. En cette date "anniversaire" fleurissent des "bilans", et ils ne sont guère élogieux, soulignons-le. Ainsi, lundi 4, Libération titrait un de ses articles : "Sarkozy se marie sous les sifflets"… On y lit ainsi que 84 % des Français sont insatisfaits des résultats de la politique de N. Sarkozy et de son gouvernement en matière de pouvoir d'achat… un comble pour celui dont l'un des principaux thèmes de campagne était de se présenter comme LE président du pouvoir d'achat ! La réalité se rappelle à ces promesses, et l'écart est considérable.
 
Ce thème du pouvoir d'achat est au cœur des préoccupations des Français en ce début d'année. Il le sera aussi, comme thème national, dans les élections municipales et cantonales à venir, n'en doutons pas.
 
Et de ce point de vue, ces élections sont aussi l'occasion d'un "message" national. Si la Majorité connaît un succès lors de ces élections, alors elle pensera que le pays est sur la bonne voie, que tout va bien, et qu'elle peut continuer sa politique. Au contraire, si la Gauche remporte ces élections, alors la Majorité aura à comprendre ce message comme une sanction de sa politique, et peut-être comprendra-t-elle qu'il faut l'infléchir ! Voilà pourquoi, entre autres raisons, il faut voter à gauche les 9 et 16 mars : c'est utile pour la France, et pour nos villes.
 
Pourquoi ? Pour 3 raisons, qui sautent aux yeux après ces 9 mois de présidence Sarkozy.
 
1.      Il y a des données sociales qui sont irréfutables.
La vérité, c'est que les inégalités augmentent et que le pouvoir d'achat souffre.
Il y a creusement des inégalités de revenus et de patrimoine (notamment depuis les mesures qui ont affecté l'impôt sur le revenu, ou l'ISF). Ainsi, les décisions prises ont allégé des impôts qui sont progressifs, ce qui a donc profité essentiellement aux ménages les plus aisés, alors que les prestations pour les plus modestes ont stagné. C'est encore plus durement ressenti dans une région comme la nôtre, déjà inégalitaire : l'écart entre le 1er décile et le 9ème décile, c'est-à-dire entre les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches, en matière de revenu médian qui est de 5,42 en France et de 6,93 dans la métropole lilloise.
 
Mes permanences d'élus me rappellent à chaque fois les difficultés sociales criantes de tant de mes concitoyens : difficultés de logement (surtout avec des hausses de loyers quasiment libres depuis 3 ans !), difficultés d'emploi (et augmentation du nombre de Rmistes), difficultés de fin de mois (avec en particulier une énergie toujours plus chère). C'est cela l'essentiel de mes rendez-vous, et de mes rencontres ! Et de fait, cet automne les sollicitations de l'action sociale municipale et des Restos du Cœur n'ont jamais été aussi fortes !
 
Alors quand j'entends un député de l'UMP nous apostropher, nous, élus de l'opposition (parce que l'un des nôtres avait posé une question sur le pouvoir d'achat au gouvernement), en nous parlant du "disque rayé du pouvoir d'achat", j'ai envie de devenir méchant, et j'ai surtout envie de lui dire que ce problème, c'est la réalité sociale du moment ! Cette réalité qui fait qu'alors que l'inflation est à 2,6 / 2,7 % annuelle, au 1er janvier, le Rmi n'a augmenté que de +1,6 %, le minimum vieillesse et les petites retraites de +1,1 %, et les prestations familiales de +1 % !
 
2.      Il y a un contexte économique qui est très difficile.
Il n'arrange en rien la situation de nos concitoyens. La croissance française est en berne. Elle est inférieure à la croissance européenne et mondiale. Le déficit commercial s'accentue chaque mois et s'élève à 40 milliards d'euros. Le prix du baril de pétrole flirte avec les 100 dollars (il était de 57 dollars en octobre 2006). Notre dette publique dérape. Les taux d'intérêt tendent à remonter, tandis que la crise des «subprimes» crée des incertitudes, et les banques deviennent très restrictives. Le déficit de l'Etat s'élève à 42 milliards d'euros (-1,6 % du PIB en 2001, -2,3 % en 2002, -3,5 % aujourd'hui !). Les comptes sociaux continuent eux aussi à se dégrader : -8,7 milliards de déficit en 2006, -11,7 milliards en 2007 ! Rien ne se freine, tout s'aggrave !
 
3.      Il y a dans ce contexte des décisions qui sont incompréhensibles.
A commencer par le TEPA, ce texte mal nommé sur "le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat". Les mesures fiscales de cet été, le fameux «paquet fiscal» auront coûté près de 15 milliards d'euros, ce qui pèse forcément sur le déficit de l'Etat. Ainsi, le bouclier fiscal, qui consiste à faire baisser le plafond de l'imposition de 60 à 50 % : déjà, à 60 % dans le Nord, 111 contribuables se seront partagés en 2007 chacun un chèque de 90 000 euros !
 
Etait-il également urgent, dès l'été, de modifier le régime du droit des successions alors que près de 90 % en étaient déjà exonérées ? Evidemment, cette réforme va une nouvelle fois dans le sens de ceux qui ont déjà beaucoup ! Et que dire de la tentation de la suppression de l'exonération de la redevance télé pour les plus de 65 ans non imposables ? Cela me concernait personnellement, car la Droite revient sur ce que j'avais fait voter ! Cette décision allait frapper de plein fouet le pouvoir d'achat des personnes âgées aux pensions modestes (780 000 personnes allaient devoir payer à nouveau les 116 euros de redevance). Heureusement, face à la mobilisation des élus de Gauche, le Gouvernement y a renoncé, mais pour 2008 seulement ! Attention à 2009…
 
Pourquoi ne pas citer aussi la Loi de Finances où on a supprimé également l'impôt dit «de bourse», une taxe payée sur les transactions boursières de plus de 20 000 euros ! Un amendement voté par la Droite qui coûte 200 millions d'euros au Budget de l'Etat !
 
Et des décisions incompréhensibles, il en est encore bien d'autres : l'idée de stimuler les heures supplémentaires (car comment croire que cela créera des emplois ?) ; la suppression des contrats aidés (qui jette, ou maintient dans la pauvreté et le chômage tant de personnes en difficultés d'insertion) ; la création des "franchises médicales", véritables taxes sur les malades ; l'annonce de la mise en place de nouvelles taxes (sur les poissons, sur les téléphones, …) ; les suppressions de 22 500 emplois publics…
 
Tout cela pèse sur le pouvoir d'achat.
 
Tout cela crée une situation insupportable
 
1)     Insupportable face à l'image de la France à l'étranger. Au-delà des "frasques" présidentielles, l'image et la crédibilité de la France sont plus que touchées par notre incapacité à respecter les normes budgétaires, et par notre politique économique et financière à vau-l'eau. A quelques mois de la présidence française, nous risquons bien d'être la risée de l'Europe.
 
2)     Insupportable pour l'éthique et la morale politique. Un malaise s'est installé. La hausse du salaire présidentiel, son goût ostentatoire pour les richesses et surtout pour les riches, ont créé, avec la situation sociale vécue par bon nombre de nos concitoyens en souffrance, un contraste saisissant. Le Président du "pouvoir d'achat", celui qui proclamait "je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas" paraît en décalage cruel avec la vie des Français.
 
D'autant plus que de plus en plus de gens comprennent qu'il ne dit pas la vérité, et
qu'après les municipales, il y aura des décisions douloureuses sur la carte scolaire, par exemple, sur la carte hospitalière, et surtout sur les dépenses de l'Etat et de la Sécurité sociale. C'est un dur "plan de rigueur" qui se prépare, et on ne le dit pas !
 
3)     Insupportable surtout devant la détresse sociale, et elle est grande, comme je l'ai déjà dit ! Et c'est là que se trouve l'enjeu, dans ce contexte, des élections municipales.
 
Cet enjeu, il est économique, avec la question des moyens financiers et humains à la disposition de nos villes.
 
L'enjeu est aussi, bien sûr, politique, car les municipales sont l'occasion de porter un projet, et de le défendre par rapport à des valeurs.
 
L'enjeu est surtout social et se résume à une seule question : quelle digue face aux politiques nationales porteuses d'injustices et d'inégalités ? Car la digue, au quotidien, c'est la ville, l'action municipale : pour l'emploi, le logement, l'action sociale, l'égalité des chances…
 
C'est pour cela qu'il est important de soutenir la Gauche les 9 et 16 mars dans les villes. Elle ne résoudra pas la crise du pouvoir d'achat que créent et accentuent les politiques nationales, mais elle peut en contenir bien des conséquences négatives pour nos populations.


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