Si je n’ai pas vocation à être tous les dimanches dans les studios de RTL pour assister au Grand Jury, après Pierre Moscovici la semaine dernière, j’ai évidemment été honoré que Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, me propose d’être à ses côtés ce soir.
D’autant que les sujets sont d’importance. Après bien sûr être relancée par les journalistes sur la polémique autour d’Hugo Chavez, la ministre, évoquant le lourd sujet des retraites, a rappelé ses trois objectifs :
- « faire face aux besoins de financement dans les années qui viennent car le bateau prend toujours l’eau » !
- « instaurer de la confiance et de la lisibilité dans le temps. La question cruciale est de dire comment vont évoluer nos régimes de retraite. Il faut ensuite de la stabilité, de la cohérence et de la constance. Bien sûr, il faudra faire des efforts car si on ne fait rien, ce seront 20 Mds € qui manqueront à la fin de la décennie » ;
- « réintroduire de la justice avec des efforts justement répartis ».
Et la ministre de préciser que si « l’allongement de l’espérance de vie doit être pris en compte, la diversité des carrières professionnelles aussi. La réforme du gouvernement précédent, qui ne repose que sur le report de l’âge légal, ne s’équilibre pas ». Tous les sujets seront sur la table. L’Allemagne s’est engagée dans une réforme qui, elle, n’aboutira qu’en 2029.
Les partenaires sociaux sont engagés de façon très responsable sur la réforme des retraites complémentaires. Mais au-delà, aucune mesure n’est arrêtée et Marisol Touraine le dit fermement : il est « prématuré et biaisé de mettre l’accent sur une mesure plutôt que sur une autre ». Si la durée du temps travaillé, la durée de cotisation est une variable, elle insiste sur la prise en compte de la « diversité des carrières professionnelles ».
S’agissant de la dépendance, la ministre a évoqué les trois rapports à remettre au gouvernement. S’il faut mieux anticiper, prévenir la dépendance, mieux accompagner les aînés, elle prône un « financement solidaire » (alors que la Droite parlait d’assurance privée).
Face à sa lettre de cadrage, l’enjeu du Ministère des affaires sociales est de consolider le socle des protections sociales. « L’hôpital public ne sera pas la victime de l’austérité, c’est une priorité », rappelant les 1,5 Mds € de plus annoncés cette semaine. En ce qui concerne les services d’urgences, la ministre « veut que l’ensemble des services d’urgences ait été examiné avant octobre prochain ».
Dénonçant la violence (qui n’est « jamais tolérable »), Marisol souligne que « c’est à la pression générale qui s’exerce sur les urgences à laquelle nous devons répondre ».
S’agissant des dépassements d’honoraires (60 % des médecins sont satisfaits de l’accord récent), la ministre rappelle qu’elle « veut que les médecins pratiquent des tarifs accessibles pour tous les Français, pour accéder aux soins partout ». Elle n’est pas opposée à une « mesure de financement forfaitaire » pour que les médecins aient plus de temps pour faire de la prévention.
Ont été aussi évoquées la cigarette électronique, les ventes de médicaments sur internet ou la libéralisation (« préoccupante ») des ventes de cartouches de cigarettes en zone frontière.
Mobilisée, la ministre est « sans spleen car il faut faire preuve de courage : nous avons un devoir de vérité. Nous sommes confrontés à l’exigence d’engager des réformes de fond pour renouer avec le progrès social ».