Cet après-midi, en commission des finances, Didier Migaud, premier président de la cour des comptes, présente le rapport de la cour sur l’analyse des résultats et de la gestion budgétaire de l’exercice 2012. Il est parallèle à la loi de règlement 2012 que le Gouvernement dépose par ailleurs.
Dans son rapport, la Cour des comptes pointe des chiffres qui confirment, plus que tout long discours, combien la prudence et la vigilance doivent rester de mise s’agissant de la situation budgétaire de l’Etat en France. Ainsi :
- S’il a diminué de 3,6 Mds € par rapport à 2011, le déficit public est hélas encore de 87,1 Mds € ! Il reste ainsi très supérieur au total de l’impôt sur le revenu (59 Mds €).
- L’encours de dette a continué d’augmenter, passant de 1 311 Mds € fin 2011 à 1 386 Mds € fin 2012. La charge d’intérêts est de 46,3 Mds €.
- Les recettes fiscales perçues par l’Etat ont été inférieures de 8,4 Mds € à ce qui était prévu en loi de finances initiale, avec des baisses sur la TVA (- 5,7 Mds €), l’impôt sur les sociétés (- 3,6 Mds €) et l’impôt sur le revenu (- 0,2 Md €). L’absence de croissance économique freine l’évolution des recettes fiscales, et complique donc singulièrement « la trajectoire de redressement » des comptes publics, dans un contexte où, mécaniquement, le déficit ne diminue pas suffisamment pour empêcher le stock de dette de continuer à croître.
D’où des intérêts payés toujours lourds, et l’absolue nécessité de continuer à afficher une volonté forte de redresser les comptes pour éviter que les marchés (et donc les financeurs de notre dette !) ne doutent de la crédibilité de notre stratégie économique. A défaut, la sanction serait immédiate : hausse des taux de financement, assèchement de l’accès à la ressource à bas coût, et vu les nouveaux taux payés, alourdissement des intérêts payés et éviction des autres dépenses budgétaires pour pouvoir payer les charges financières ! Bref, un scénario catastrophe, « à la Grecque » disent certains commentateurs.
Voilà pourquoi, pour éviter cela, il n’y a pas d’autre choix que de garder le cap de la réduction des déficits. Cela ne fait pas plaisir, aux doux rêveurs de gauche ou d’ailleurs, mais la facture d’hier est là et bien là ! Réduire les déficits aujourd’hui et demain, c’est éviter l’asphyxie après-demain. Ces chiffres que j’entend Didier Migaud nous énoncer confirment notre fragilité et ne nous laissent pas de choix de stratégie.