En tant que rapporteur spécial de la commission des finances de l’Assemblée nationale, je viens de recevoir du directeur général de l’agence France Trésor le suivi trimestriel de la dette de l’Etat, et donc sa situation au 31 mars 2011. Comme à l’accoutumée, en assurant le suivi de ces chiffres, je ne manque pas de les mettre en perspective, tant le poids de la dette publique est devenu un problème économique et politique majeur pour la France d’aujourd’hui, mais aussi – et c’est le plus terrible ! – de la France de demain.
Le prochain Président de la République, quel qu’il soit, va commencer son mandat avec comme boulet aux pieds le résultat désastreux pour nos finances publiques de la gestion de Nicolas Sarkozy et de ses gouvernements.
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A 1 270 Mds € à fin mars 2011, la dette négociable de l’Etat est en hausse de 41Mds € pour les trois premiers mois de 2011 (1 229 Mds € fin décembre 2010), de + 86 Mds € en un an (1 183 Mds € fin mars 2010) et + 364 Mds € depuis mars 2007 (le stock était alors de 906 Mds € !).
Au total, cette dette aura augmenté de 393 Mds € depuis le début 2007 (le stock de dette était de 876,6 Mds € fin décembre 2006 !). Le premier dramatique héritage de la gestion Sarkozy, c’est celui-là : une dette lourde, dont la charge s’accroît, étranglant les marges de manœuvre budgétaires.
Quand on se souvient que le stock de dette négociable était de 652,8 Mds € fin 2001, on constate que la Droite aura doublé la dette de l’Etat depuis 2002 !
Les chiffres sont éloquents :
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variation
Décembre 2001
653 Mds €
Décembre 2006
877 Mds €
+ 224 Mds €
(présidence Chirac)
Mars 2011
1 270 Mds €
+ 393 Mds €
(présidence Sarkozy)
Et de ce point de vue, il est clair que Sarkozy aura (presque) fait deux fois mieux que Chirac… Encore qu’il nous faille noter que le quinquennat de N. Sarkozy n’est pas encore fini… et que celui-ci aura été ministre (du budget, cela ne s’invente pas !) du Président Chirac !
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De plus, ce qui n’est pas rassurant, c’est que cette dette continue non seulement de progresser, mais aussi de s’accélérer. Ainsi, d’une année à l’autre, l’augmentation de la dette est plus forte au 1er trimestre 2011 qu’au 1er trimestre 2010 !
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1er trimestre 2010
1er trimestre 2011
+ 34,4 Mds €
+ 40,8 Mds €
Quand on observe que cette évolution se poursuit alors même que se dessine une augmentation des taux d’intérêt, on peut redouter que la charge annuelle de la dette
(c’est-à-dire la somme que consacre par an l’Etat à payer les charges d’intérêt) va continuer de s’alourdir (+ 5 Mds € prévus en 2011) ! Cela fera autant d’argent en moins pour les autres dépenses de l’Etat.