Hier, en référé, le tribunal d’instance du Ve arrondissement de Paris a ordonné l’expulsion des militants du collectif Jeudi Noir qui occupent un immeuble vacant depuis plus de 40 ans au cœur de Paris, et surtout le paiement de 3 400 euros mensuels à titre d’indemnité d’occupation.
Certes, nul n'en disconvient, le droit de propriété est un droit inaliénable à valeur constitutionnelle. Mais lorsqu’il n’est utilisé que pour spéculer et qu’il s’oppose au droit au logement, lui aussi reconnu par la loi, le droit de propriété peut, à bon escient, être encadré.
D'évidence, l’action de jeudi noir met en exergue les lourdes insuffisances, et les échecs même, d'une politique gouvernementale sur le logement qui, au-delà du credo du « tous propriétaires », ne répond absolument pas aux besoins de la majeure partie de notre population !
Afin de répondre à l’urgence à laquelle sont confrontés des millions de ménages, je partage les propositions qu'a faites le parti socialiste et qu'il a déjà rappelées à plusieurs reprises. En ce domaine, il serait nécessaire d'agir immédiatement, avec :
- la mise en chantier sur deux ans de 300 000 logements sociaux (PLAI et PLUS)
- l’encadrement des loyers à la relocation et le gel temporaire des loyers dans les zones particulièrement tendues
- le doublement de la taxe sur les logements vacants
- l’expropriation des logements vacants depuis 5 ans en vue de la réalisation de logements sociaux
- la suppression des niches fiscales (dispositif Scellier) sans contrepartie sociale
- l’arrêt des expulsions locatives le temps que le droit au logement opposable ne sera pas effectif
- la revalorisation des allocations logement
- un plan de réhabilitation et de construction de places d’hébergement d’urgence décentes supplémentaires
- l’intervention des préfets dans les communes ne respectant pas l’obligation de proposer 20 % de logements sociaux (loi SRU) car, de fait, la taxation n'est pas suffisamment pénalisante pour ces communes !
En pleine trêve hivernale, la décision d'expulsion est particulièrement choquante. D'ailleurs qui faut-il dénoncer : des jeunes qui ne parviennent pas à se loger ou un Gouvernement qui, faute d’une mobilisation adaptée, ne parvient pas à accroître l'offre de logement pour les plus modestes de nos concitoyens, notamment les jeunes ?