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  • : Blog de dominique Baert
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22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 07:00

un-monde-de-violences.jpgQue lire pendant ma semaine de vacances ? J'ai opté pour un bouquin passionnant de mon copain Jean-Hervé Lorenzi, et de Mickaël Berrebi, qui vient de sortir. Les deux économistes analysent l'évolution de l'économie mondiale, ses grandes tendances et ses grandes contraintes, lesquelles peuvent conduire à des crises majeures continues et des tensions, y compris géopolitiques ; le but de l'ouvrage est de dessiner des propositions qui, à l'échelle de l'économie mondiale, sont de nature à éviter ces évolutions dramatiques.

 

Quelles sont ces tendances et contraintes négatives ?

 

C'est d'abord "la grande panne du progrès technique". Il dopa la croissance mais depuis 30 ans, la productivité globale des facteurs s'est ralentie (c'est clairement le cas en France), les ressources se sont raréfiées et l'innovation technologique est au cœur de la guerre économique.

 

C'est ensuite "la malédiction du vieillissement" qui affecte les choix d'épargne, accentue l'aversion au risque, et ralentit l'innovation. Nos sociétés sont-elles condamnées à des conflits intergénérationnels ?

 

Autres tendances fortes que "l'irrésistible explosion des inégalités", "le choc de la désindustrialisation", ou "l'illusion d'une définanciarisation". Et les auteurs de pointer le risque d'un déséquilibre majeur entre les besoins d'investissement en hausse et une épargne qui décroît.

 

L'objectif du livre, comme le narre son chapitre final, c'est "d'éviter la grande crise du 21e siècle". Des crises, il y en aura, et les auteurs de rappeler Alain Touraine qui annonce "la fin des sociétés", ou Claude Lévi-Strauss qui, déjà en 1955, parlait d'un nouveau monde qui jette son "ordure au visage de l'humanité", et "n'apporte que guerres et désolation".

 

Ainsi, sur les "six contraintes identifiées", "aucune n'est insurmontable, mais aucune n'est aisée à circonvenir". Elles posent un frein à la croissance du 21e siècle, modifient les rapports de force, et transforment les sociétés. Mais il faut y "répondre pour éviter une grande crise du 21e siècle", et pour cela promouvoir une idée fondamentale : "l'investissement guide le monde, et son financement est sa principale contrainte".

 

Et les auteurs formulent cinq grandes propositions :

  • Recentrer le monde sur sa jeunesse, en altérant frontière entre travail et non-travail  (retraite progressive) ou en rééquilibrant les structures démographiques (en rendant plus fluides les mouvements migratoires de travailleurs) car les mouvements de populations sont inéluctables, ce qui plaide pour une suppression des frontières pour les jeunes (ce qui suppose un niveau de formation satisfaisant pour ceux-ci, et donc un effort éducatif).

  • Socialiser les ressources rares, à commencer par "la seule ressource réellement rare : l'eau", dont "le défi de la production est d'abord financier", et dont les solutions ne peuvent être que mondiales.

  • Dompter la rente. Depuis Sismondi, on sait que toute relance de la croissance passe par "la transformation d'une société de rentiers en une société d'investisseurs". Les auteurs prônent 2 mots-clés : mutualisation (des dettes nouvelles) et allongement de la dette (ancienne), via la "dette perpétuelle" dont l'avantage serait que "seuls ses intérêts seraient honorés" (la dette devient rente perpétuelle à taux fixe, et s'apparente à des quasi-fonds propres pour l'Etat).

  • Penser un nouveau Bretton-Woods : un système multipolaire avec un panier de devises telles le dollar, l'euro et le yuan est inéluctable, avec réaffirmation des DTS (Droits de Tirage Spéciaux).

  • Partager les risques. La "géographie industrielle et des services" va changer, mais de même des mutations sont à mettre en œuvre sur la fiscalité de l'épargne et le partage du risque, et où l'Etat est réaffirmé car il est seul capable de faire "naître les innovations de ruptures", telles les constructions d'infrastructures.

La conviction des auteurs est que pour dessiner l'avenir, on ne peut pas ne chercher les solutions que dans "un passé largement révolu". Les pistes évoquées y concourent, elles nécessitent de gros efforts et seront difficiles, mais à défaut le diagnostic des auteurs est que "le monde ne pourra éviter une vraie grande crise est ses conséquences dramatiques".

 

Des vacances pour réfléchir, des vacances comme je les aime…


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commentaires

M
Vous avez raison, c'est un ouvrage très intéressant !
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