Hier soir, mardi, le Bureau national du parti socialiste a débattu d'une urgence pour la France : celle de voir notre pays se doter d'une nouvelle ambition pour son industrie, ambition que la crise et l'échec du Gouvernement rendent urgente!
Les derniers chiffres de la production industrielle en France (+ 1,1 % en novembre) ne font pas illusion. Durant l'année 2009, son niveau est resté dangereusement inférieur à celui de l’année précédente (- 7,4%). Ce soubresaut s’explique pour l'essentiel par la hausse de la production automobile (+ 8,5%) liée aux primes à la casse, qui arrivent à leur terme dans un parc ancien qui ne peut se renouveler à l'infini. Le risque d'une rechute dans les mois à venir est réel.
Dans ce contexte, la communication triomphaliste du ministre de l'industrie est donc indécente et traduit l'aveuglement du Gouvernement face à la désindustrialisation.
Depuis 2002, la France a perdu un demi million d'emplois industriels. Nos parts de marché reculent, notamment face à l'Allemagne. La balance commerciale se dégrade, faute d'investissement dans l'innovation et d'un tissu industriel armé dans la compétition mondiale. A cet égard, le rapport intermédiaire adressé au Gouvernement dans le cadre des Etats généraux de l'industrie confirme les analyses et les mises en garde du parti socialiste.
Dans de nombreux secteurs, l'influence de la France se réduit. Les revers récents sont autant de signaux d'alerte : TGV de Siemens préféré à celui d’Alstom en Chine, nucléaire coréen plutôt que EPR français à Abu Dhabi, avion Rafale exclu d’un appel d’offres en Inde...
Dans un contexte d'hyper-concurrence internationale, nos champions mondiaux sont également fragilisés par l'absence de stratégie industrielle de l'Union européenne. Le secteur aéronautique, l'un de nos fleurons, est durement touché : à cet égard, les alertes lancées récemment par le président exécutif d'EADS doivent être entendues par les pouvoirs publics.
Dans l'hexagone, notre tissu de PME et de PMI industrielles est sinistré par la crise et par l'absence de soutien du Gouvernement. Pour avoir préféré le soutien sans contreparties aux grands groupes au détriment de la protection des sous-traitants et de la production en France (comme le montre le risque de délocalisation de la nouvelle Clio), le Gouvernement a hypothéqué la reprise industrielle en France et les emplois qui vont avec.
La France a, d'évidence, besoin d'une nouvelle ambition industrielle fondée sur quatre points cardinaux :
- la mutation écologique et technologique de notre appareil productif (éco-conception, bio, nano, infotechs), son degré de spécialisation dans la mondialisation (environnement, énergie, santé, transport...), sa capacité à favoriser la relocalisation d'activités ;
- le ciblage des dispositifs d'aides sur les PME-PMI innovantes et réseaux de compétences entre donneurs d'ordres et sous-traitants ;
- la simplification et la consolidation des outils destinés à renforcer la France à l'export ;
- la définition d'une stratégie européenne pour l'industrie et pour la recherche fondée sur l'harmonisation fiscalo-sociale, une gestion politique de l'euro face au dollar et au yuan, des règles commerciales qui protègent les emplois, les produits, les savoir-faire européens.
A la mi-février, le parti socialiste rendra publiques ses propositions pour l'avenir de l'industrie en France et en Europe. Les enjeux sont immenses. Les résultats du pouvoir actuel ne sont pas convaincants. C'est à la Gauche de redonner à la France son ambition industrielle.