Si j’étais journaliste et que j’aie à rendre compte de cette exposition actuellement installée dans notre musée des arts et traditions populaires que j’inaugure ce matin, je titrerais sans hésiter : « Wattrelos a la frite ! ». Celle-ci fait en effet partie intégrante de notre histoire locale, individuelle comme collective.
Evoquant la pomme de terre dans tous ses états – et donc la frite : l’expo s’intitule d’ailleurs La frite n’a pas de frontière – les panneaux et photos (y compris celles des principales friteries de Wattrelos) et objets divers (comme ce trieur de patates… et même cette pomme de terre sous globe !) sont bigrement intéressants.
Comment imaginer que je n’y sois pas à cette inauguration ? Si, contrairement à ce que disait Coluche (dans son fameux sketch du Schmilblick), ici, on ne met pas « des frites dans le biberon des enfants », comme beaucoup d’enfants wattrelosiens, moi, j’ai fait leur connaissance dès que j’ai été sevré ! Il faut le reconnaître : c’est une pierre angulaire de notre alimentation, même si les nutritionnistes trouveront là matière à me tancer… Mais j’assume : pour moi, un repas sans frites ne vaut pas la peine d’être vécu !
Hé oui, mon éducation, ce fut le saladier de frites pratiquement à tous les repas (5 kg à quatre !), des frites coupées dans les patates du jardin familial, précieusement récoltées à l’automne, des frites au gras de bœuf qui embaument toute la maison ! C’est ça le Nord, ça sent la frite et c’est d’ailleurs ce dont se souviennent mes collègues de l’Assemblée quand ils évoquent le film Bienvenue chez les Ch’tis : la baraque à Momo ! Et je contribue à faire connaître ce mets issu de nos productions locales (notre beau département produit pas moins d’un tiers des pommes de terre françaises !) ; ainsi, je me rappelle en avoir offert un cornet acheté au stand de l’association des cinq quartiers à Elisabeth Guigou lors de sa venue pour la fête des Berlouffes !
Phénomène culturel, la frite et la pomme de terre sont aussi un phénomène économique, n’est-ce pas Jean-Marie Duhamel, présent dans l’assistance ? La Duhamel, ça ne date pas d’hier : le papa de Jean-Marie, marchand de charbon (et de pommes de terre !) organisait même, il y a bien longtemps, un bal à patates !
Une vérité historique est sans doute à affirmer : la frite n’est pas que belge, elle est aussi wattrelosienne ! Qu’on l’aime large ou fine, on l’aime et on en est fiers. D’ailleurs, aura-t-on remarqué que tous les noms des variétés de pommes de terre sont féminins ; c’est dire, messieurs, le charme que nous leur trouvons…
Un conseil donc : voyez cette exposition, dorée et croustillante, visible jusqu'au 29 septembre, fruit d’un travail de collecte et de recherche remarquable pour lequel je salue l’équipe du musée, mais aussi les responsables de l’association Proscitec qui l’a initiée en prenant pour thème 2013 de ses activités Régal & vous. Régalons-nous alors !