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  • : Blog de dominique Baert
  • : Dominique Baert est maire de Wattrelos (Nord)
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8 mars 2006 3 08 /03 /mars /2006 10:43
Dans notre agglomération, des collèges sont occupés, des enseignants sont en grève, des équipes administratives sont découragées : pourquoi ? Parce que les annonces ministérielles sont terriblement injustes.
L’Académie de Lille est « la plus mal lotie » de toute la France ont souligné eux-mêmes plusieurs journaux. C’est vrai : 636 suppressions de postes dans les collèges et lycées !
Cale va se voir concrètement, cela va modifier en profondeur les conditions d’enseignement dans nos établissements.
J’observe, par exemple, qu’à Roubaix, malgré leur classement en « Ambition réussite », les collèges Albert-Samain et Sévigné, perdent respectivement 4 et 1 postes. Qu’au collège Jean-Baptiste Lebas, ce sont 4 postes et demi et une classe de 3è d’insertion qui vont disparaître !
A ce petit jeu de massacre, Wattrelos n’est pas épargnée non plus.
Réductions d’horaires pour la cité scolaire Zola, et surtout, pour nos deux collèges en ZEP (zone d’éducation prioritaire), c’est-à-dire ceux qui ont le plus besoin de moyens, pas d’« Ambition réussite » et même pire que cela :
-         à Neruda : une fermeture de classe et deux postes en moins annoncés. Traduction : à Beaulieu, où Neruda est implanté, l’Etat reconnaît, en participant financièrement et dans une large mesure à sa reconstruction, que le quartier est prioritaire, que sa population a besoin d’un appui particulier... puis 6 mois après, il supprime des postes dans l’un de ses collèges !
-         à Nadaud : deux fermetures de classe et trois postes en moins annoncés !
Bonjour la logique ! Parce qu’ils ont de bons résultats grâce à des moyens supplémentaires attribués légitimement, on leur retire ces moyens ! Belle récompense ! Merci pour nos élèves ! Bel encouragement pour les enseignants, les équipes pédagogiques et les responsables de ces établissements !
Observateur attentif de ce qui se passe dans ma ville – forcément – mais aussi autour, ce recul social et culturel me consterne.
Je me souviens- et je mesure aujourd’hui plus que jamais la chance que j’ai eue, avec d’autres, pendant ma scolarité – des conditions dans lesquelles j’ai moi-même préparé mon Bac, il y a 30 ans : nous étions alors neuf élèves dans ma Terminale C ! Depuis, j’ai toujours considéré comme prioritaire, et efficace, de tout faire pour limiter le nombre d’élèves par classe. Et j’affirme fondamental pour l’Education nationale de réduire ce nombre dans les villes, dans les quartiers où l’on veut aider particulièrement des jeunes qui ont besoin de l’être.
C’est cela, l’égalité réelle des chances : donner plus de moyens (pour qu’ils aient plus de chances !) à ceux qui en ont le moins, à ceux qui en ont besoin. Et j’enrage de voir qu’on fasse l’inverse. Bien sûr que des baisses d’effectifs ont eu lieu dans les collèges et lycées, mais on ne construira pas un avenir meilleur pour nos élèves en réduisant plus rapidement encore le nombre de leurs enseignants.
C’est une dramatique erreur qui est en train de se préparer !
D’autant qu’on l’amplifie par la ségrégation supplémentaire imposée aux jeunes de 14 ans que l’on enverrait en apprentissage. Cette sélection précoce est intolérable : comment pourrait-on accepter qu’il y ait une instruction obligatoire pour les futures élites, et une instruction minimum pour de futurs exclus ?
Pour moi, c’est clair : le Gouvernement a renoncé à combattre l’échec scolaire, et dans les années à venir, le risque d’une désertification de l’école de la République se profile.
Cela m’insupporte d’autant plus qu’à Wattrelos, l’éducation est LA priorité n°1. On fait des efforts pour reconstruire les écoles, les équiper en informatique, multiplier les activités périscolaires, on investit sur la culture (école de musique, bibliothèque, contrat d’éducation artistique, Enfance de l’Art) et sur le sport, on alloue des bourses pour l’enseignement supérieur et je peux vous dire que dans notre agglomération, peu de villes le font...
Alors, péché d’orgueil ? Non, je n’en suis pas coutumier. Aussi dirais-je plutôt « constat réaliste », tout simplement, mais je crois que c’est nous qui avons raison, et non le Gouvernement.
Au contraire, au régime auquel il la condamne, l’Education nationale est en danger. Or, face au danger, je ne connais que deux réponses à proclamer : l’audace et la volonté. L’audace de rappeler ses valeurs, et la volonté de renoncer à subir.
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