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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 16:18

Witold.jpgC’est sur mon lieu de vacances, par un sms de mon ami et suppléant Richard Olzewski, que j’ai appris la disparition brutale de Witold. Comme ça, brutalement, au cœur d’un été chaud, là-bas dans le midi, en vacances lui aussi sans doute, loin de nous, loin de son Roubaix et de ses amis roubaisiens qu’il aimait tant, il s’en est allé ! Le choc est rude, ma surprise considérable. Car penser à Witold Heretynski (ph. Nord Eclair, ci-contre), c’est immédiatement avoir en mémoire ce personnage attachant qui a toujours dans les yeux la petite flamme de l’espiéglerie, souvent taquin, à l’humour qui parfois désarçonne son interlocuteur juste avant qu’il ne découvre que cet homme-là connaît le monde, sait ce que sont les difficultés de la vie et que, voulant les surmonter, pour lui comme pour les autres, il a décidé d’aimer la vie, oui, mais surtout de tout faire pour changer le monde.

 

C’est peut-être pourquoi il le peignait, ce monde autour de lui, il le colorait avec talent en y soulignant sa complexité à travers la géométrie savante et complexe de ses compositions, ses paysages industriels ou domestiques qu’il insérait également, sans oublier de vénérer sa beauté comme sa matrice via le corps féminin dont l’inspiration lui donna ses plus belles œuvres.

 

Witold Heretynski était un artiste, l’un des grands de notre région et une de nos plus grandes fiertés roubaisiennes. Discret mais omniprésent dans la vie locale, il y était engagé, au sens le plus noble du terme, car s’il portait des valeurs, il avait surtout le goût du contact avec toutes et tous. Son caractère affirmé, il le mettait au service de ses convictions et de ses engagements. S’il fallait le résumer, je dirai qu’il était l’homme d’une triple fidélité.

 

Fidélité à sa Pologne d’origine, terre de cœur, dont il me parla tant et tant, et dont il vécut si intensément l’émancipation démocratique sous la poussée de Solidarnosc ; c’est lui qui me fit rencontrer Lech Walesa.

 

Fidélité à Roubaix, au roubaisis, terre d’attache dont il était un merveilleux et si attachant ambassadeur.

 

Fidélité enfin et surtout à l’art, sa passion, dont il savait à la fois la capacité créative, la force émancipatrice et surtout le rôle social. Il voulait que l’art, tableaux-peintures-sculptures, ne soit pas cantonné que dans les galeries ou les musées à la seule disposition de yeux avertis ; son credo était que l’art doit être présenté, offert au plus grand nombre. L’art pour le peuple, l’art pour tous, il y croyait, il l’espérait, à l’image de cette règle de loi qu’il promouvait qui veut que, pour toute construction d’un bâtiment public, une part du coût total soit consacrée à la production d’une œuvre, dans ce bâtiment, par un artiste local !

 

C’est que la grandeur de ses talents, Witold la renforçait de son incontestable grandeur d’âme.

 

Amis, nous l’étions. Fidèles. Il m’avait invité il y a peu au vernissage de sa dernière exposition. J’avais prévu de m’y rendre mais, pour un imbroglio d’agenda de dernière minute, j’ai dû y renoncer. Qu’est-ce que je m’en veux aujourd’hui… Cruel destin. Witold, tu étais bien trop jeune pour nous quitter. Tu avais encore tant à créer, tant à donner !

 

Maintenant que tu es au Panthéon des artistes du paradis, peut-être que tu t’y laisseras repousser la moustache qui te faisait si bien connaître ici, à Roubaix ! Et là-bas, continue de leur parler de ta Pologne, de Roubaix et surtout aide-les, comme tu y as toujours cru, à dessiner un monde meilleur pour tous ici-bas !

 

Adieu l’ami. Adieu l’artiste.


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