Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Blog de dominique Baert
  • : Dominique Baert est maire de Wattrelos (Nord)
  • Contact

Recherche

Articles Récents

1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 08:33
Mon discours à la cérémonie des Médaillés du 1er Mai 2023 : pour un travail rénové, qui s’appuie sur les capacités de la modernité et l’imagination d’un dialogue social renoué

Madame, Monsieur les Conseillers Départementaux,

Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,

Cher(e)s Médaillé(e)s,

 

            Si c’est au début des années 40 que le 1er mai devient en France férié, c’est en 1947 sur la proposition de Daniel Mayer que le 1er Mai devient, jour chômé et payé dans le Code du Travail, et dénommé officiellement « Fête du Travail » ; son symbole en est le muguet qui a remplacé quelques années auparavant l’églantine rouge. Cette journée du 1er Mai est, à Wattrelos, d’abord pour vous Cher(e)s médaillé(e)s. C’est une tradition, instaurée par mes prédécesseurs, que de remettre officiellement, dans une cérémonie républicaine la médaille du travail aux salariés que la République a distingué pour leurs années de labeur.

 

            ● Deux promotions sont ce matin mises à l’honneur : l’une du 14 juillet 2022, la seconde du 1er janvier 2023. Plus précisément, Mesdames et Messieurs, dans notre ville ce sont ainsi 120 femmes et hommes dont les années de travail sont mises en avant, 19 Grand Or (pour 40 années de travail), 28 Or (pour 35 ans), 21 Vermeil (pour 30 ans) et 52 (pour 20 années).

 

            Ces années de travail sont d’autant plus impressionnantes quand on les additionne : ensemble nos 120 Médaillé(e)s de la promotion 2022/2023 représentent un cumul de 3 410 années de travail. Plus de 3 millénaires !

 

            Si on essaie de remonter le temps, pour bien mesurer ce que ce travail mis bout à bout représente, on se situe 1 500 ans avant Jésus-Christ, avant les Romains, les Gaulois… il n’y a alors sur notre pays que quelques peuplades celtes, sans organisation, sans structures… C’est dire si cela nous emmène loin.

 

            Alors oui, cela vaut bien une cérémonie !

 

            Pour vous. Pour vous mettre à l’honneur, pour mettre à l’honneur votre travail.

 

            Car ce diplôme que je vais vous remettre, cette médaille que je vais épingler dans un instant à votre revers, ce n’est pas qu’une feuille de papier, qu’un morceau de tissu et un peu de métal, c’est bien plus que cela.

 

            C’est vous. C’est votre vie.

 

            C’est le temps, ce sont les années qui passent.

 

            Ce sont des journées de travail où vous vous êtes levés au petit matin pour rejoindre votre poste, votre atelier,votre usine, quelque soit le temps, ce sont ces soirées où vous rentrez chez vous, fatigués, rarement insouciants, souvent préoccupés par le travail qui reste à accomplir, celui du lendemain, ou par l’autre vie qui commence, les courses, les enfants à aller chercher ou à accompagner dans leurs études, la maison à s’occuper, la vie de famille à gérer. Ce sont des nuits jamais assez longues, des loisirs jamais assez nombeux, des vacances toujours trop courtes ; ce sont sans doute aussi des tensions, des querelles au travail, parfois un ou des licenciements, un ou des reclassements pas toujours faciles, car tout au long d’une vie de travail tout cela se vit, voire se subit !

 

            Mais ces années ce furent aussi, je l’espère pour vous, d’autres moments, d’autres souvenirs. Cet emploi trouvé, exercé et maintenu alors qu’alentour le chômage progressait ; c’est le déroulement de carrière, ce métier accompli avec compétences, cet atelier, ce service, cette usine où les collègues sont aussi devenus des ami(e)s, ces conversations au café, à la pause, ou à la sortie, ces liens qui se nouent qui, comme l’on dit « font société », donnent goût et sens à la vie.

 

            Notre travail, en nombre de semaines, de jours, d’heures dans l’année, c’est une part très importante voire dominante dans notre vie. Voilà pourquoi, Chers Médaillé(e)s soyez fier(e)s de votre médaille, arborez-là : elle raconte votre labeur, vos savoir-faire, votre contribution à la production de biens et de services qui nous sont indispensables à tous pour notre quotidien. Elle raconte votre vie ces 20, 30, 35 ou 40 années qui viennent de s’écouler.

 

            Bravo à vous toutes et tous, de tout cœur !

 

            Pour certains la fin de carrière approche, pour d’autres au contraire ce n’est pas encore une perspective prochaine : alors je vous souhaite une bonne continuation, et de nouvelles réussites.

 

            ● Depuis pas mal d’années, cette cérémonie était pour le maire, mon prédécesseur comme moi-même, l’occasion de parler de la principale préoccupation du monde du travail, le chômage, et donc l’emploi.

 

            Et c’était bien logique, car depuis le choc pétrolier de 1973, l’augmentation du chômage dans notre pays n’a jamais cessé : 1 million, 2 millions, 3 millions de demandeurs d’emploi, et davantage même en tenant compte du temps partiel. Crises multiples, dépôts de bilan, licenciements, désindustrialisation nous ont tous marqués, ici surtout à Wattrelos où nul n’a oublié toutes ces grandes entreprises textiles où ont travaillé nos grands-parents et parents, sans doute aussi certains d’entre vous, et qui ont brutalement disparu juste au début des années 2000, ou encore les grandes sociétés de vente par correspondance qu’on croyait invulnérables et qui ont subi des saignées sévères.

 

            Heureusement, ce contexte a un peu changé.

 

            Avec la croissance économique de ces dernières années, et malgré la crise sanitaire et ses conséquences, le chômage a baissé ; l’emploi a bien tenu avec – hors période Covid – des créations nettes d’emploi importantes :

+ 335 000 emplois supplémentaires dans le secteur privé en 2022. Fin 2022, l’emploi salarié privé est supérieur de + 5,6 % à son niveau de fin 2019 : cela plus précisément veut dire qu’à la fin 2022 il y a 1,1 million d’emplois de plus que 3 ans auparavant dans le secteur privé, 1,6 million de 2018 à 2022.

 

            Conséquence de ces créations, avec une diminution encore de - 1 ;2 % au 1er trimestre 2023, et donc une baisse de 650 000 du nombre de demandeurs d’emploi par exemple depuis le début 2019, le taux de chômage a fortement diminué ; il est ramené à près de 7 % (7,2 % exactement) alors qu’il avoisinait encore les 10/11 % il n’y a pas si longtemps. Economistes et gouvernants se mettent non pas à rêver, mais à parler ouvertement de retour au « plein emploi » : un chômage à 5 % de la population active totale, oui, c’est devenu possible, sauf bien sûr évènement financier, militaire ou sanitaire exceptionnel.

            A Wattrelos aussi cette évolution est perceptible. Entre septembre 2017 et septembre 2022, derniers chiffres connus, le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de 720 personnes, soit une baisse de - 23 %, le recul est de - 25 % pour les jeunes de moins de 25 ans, et de - 24 % pour les demandeurs de longue durée. Ces chiffres bien plus agréables à lire que ceux que malheureusement je citais il y a 10 ans, sont évidemment le fruit des politiques économiques nationales, mais aussi du contexte local. Car je ne peux manquer d’observer que si la baisse du chômage a été de - 18 %  nationalement de 2017 à 2022, elle aura été de - 25 % à Wattrelos sur la même période ; 7 points de différence, 7 points de mieux, ici à Wattrelos, qui peuvent s’expliquer par les investissements des entreprises wattrelosiennes, mais aussi par notre mobilisation avec la création de nos 70 hectares de parcs d’activité, la reconquête de nos 90 hectares de friches industrielles, notre combat pour le maintien de la Redoute et les nouveaux projets économiques sur son site et l’effort fait pour l’accueil de nouvelles entreprises.

 

            Oh, il reste encore de la route à faire, car en ce 1er Mai je ne veux pas oublier les 2470 personnes encore en recherche d’emploi et notamment les 1100 personnes depuis plus de 2 ans.

 

            Il n’est pas question de relâcher nos efforts, et nous continuons à rechercher de nouveaux investisseurs, à négocier de nouvelles implantations, et à aider les entreprises déjà présentes à Wattrelos à se développer et à accroître leur capacité de production.

 

            En 2023, de nouvelles entreprises vont, enfin, s’installer sur les sites de la Lainière et du Peignage, et ces créations sur ces sites historiques seront par nature le symbole que Wattrelos a tourné la page de son passé, et a beaucoup bossé pour se reconstruire sur les cendres des industries d’hier une nouvelle économie pour aujourd’hui et pour demain, pour nous-même et nos enfants.

 

            Car de l’emploi il en faut, il en faut encore !

 

            J’attends beaucoup de la transformation annoncée de Pôle Emploi en France Travail, pour que tous les acteurs, Pôle Emploi, Missions locales, organismes et financeurs  de formation, permettent d’aller plus loin, de réussir à insérer ou à réinsérer au travail celles et ceux qui en sont le plus éloignés.

 

            ● Mais, en cette journée de « Fête du Travail » 2023, je pense qu’il y a une autre ambition que le seul accès à l’emploi qui s’engage pour les années à venir : c’est le travail lui-même.

 

L’emploi des séniors, les inégalités qui touchent les femmes, le lien au travail, tout ce qui touche la place du travail dans notre société, comme de la vie de chacun, ce sont là autant de sujets qui s’inscrivent dans l’actualité.

 

Certains s’épanouissent dans leur travail, d’autres s’y consument. S’il est parfois un plaisir, le travail est surtout une nécessité pour vivre et faire vivre sa famille. Mais il n’a pas pour autant besoin d’être une souffrance. Qualité du travail, conditions de travail, formation, déroulement de carrière, progression salariale dans la carrière, semaine de 4 jours sont autant de thèmes qu’on aurait grand tort de négliger. Et dans notre société demain, s’il est une obligation morale, économique et sociétale, ce sera de faire du « bien-être au travail » un projet de société, la clé du progrès, la définition même de tout progrès.

 

Je suis persuadé que le temps n’est pas loin où resurgiront les débats qu’on a bien connus sur la durée hebdomadaire du travail, du style les 36 heures en 4 jours, ou sur le télétravail (déjà 5 fois plus important qu’en 2017) et ses conditions en évitant de creuser les inégalités, ou sur l’attractivité des métiers manuels (la redynamisation des filières et lycées professionnels est de cette démarche), ou encore sur l’attractivité des métiers publics.

 

Il y a deux mois une enquête de l’Institut Montaigne sur « les Français au travail » faisait apparaître que plus des ¾ des plus de 5 000 actifs interrogés (77 % exactement) se disent satisfaits de leur travail. Mais :

  • 1 sondé sur 2 se dit insatisfait de sa rémunération
  • 2 sondés sur 5 ne travaillent jamais le week-end ou après 20 heures
  • 1 sondé sur 3 voudrait, je cite, « travailler plus pour gagner plus », surtout chez les plus faibles revenus, soit le double (15 % exactement) de ceux qui seraient prêts « à travailler moins quitte à gagner moins »
  • enfin, 41 % des actifs souhaitent des « conditions de travail aménagées quelques années avant de prendre leur retraite ».

Chacun le sait, chacun le comprend bien : au-delà de la question délicate qui questionne légitimement tous les travailleurs d’Europe, et ô combien en France, sur l’âge de la fin du travail, et donc de l’accès à la retraite, le travail lui-même interroge : quel travail pour demain, dans quelles conditions, pour qui, comment ? Il y a matière à réflexion, à dialogue, à projet. D’autant plus que pour les années qui viennent, nous aurons collectivement et individuellement trois grands défis à affronter.

 

1/ D’abord le vieillissement : ce n’est pas qu’un enjeu de très long terme. Dans 10 ans à peine, la population des plus de 60 ans aura augmenté de 2,7 millions de personnes ; les plus de 60 ans seront 14 % plus nombreux qu’aujourd’hui. Or 10 ans, c’est demain !

 

            Face à ce vieillissement, il n’y a pas que la seule question du financement des retraites qui se pose donc, non plus que celui de la dépendance qui résultera de ce vieillissement ; c’est toute une économie à développer et une société à adapter : des logements pour héberger les personnes, des professionnels pour les accompagner, les soigner, il faudra des filères de formation pour ces métiers et donner les bonnes compétences.

 

            Ce seront souvent des métiers où l’on touche à l’humain, qui ne sont pas faciles, et pour qu’ils soient attractifs, ils auront à être revalorisés. Et, si l’on travaille plus longtemps, il faut réfléchir à la formation vraiment tout au long de la vie.

 

2/ Autre grand défi, le réchauffement climatique. D’ici la fin du siècle, très officiellement, les prévisions tablent sur un réchauffement de 2 à 4 °C ! C’est toute la société qui devra s’adapter à ce changement majeur que ce soit celui des processus de production ou des conditions de travail. A 4 °C, ça sera 5 fois plus de sécheresse, des canicules beaucoup plus intenses, mais aussi 1m20 d’augmentation de montée des eaux : on ne produira plus aux mêmes lieux, que ce soit pour l’agriculture ou l’industrie, et on ne produira plus dans les mêmes conditions, voire plus aux mêmes heures. Refuser de voir cela serait un déni irresponsable.

 

3/ Enfin, 3ème grand défi : la dette ! Avec les mesures pour faire face à la crise du Covid, que ce soit pour les entreprises et les salariés, afin de soutenir l’activité et les revenus, ou avec les boucliers tarifaires face aux prix de l’énergie, ou encore les plans de relance, la dette de l’Etat, et donc des Français, a explosé, augmentant de + 25 % en 3 ans, puisqu’elle est passée de 1 823 Mds € fin 2019 à 2 280 Mds € fin 2022 : 450 Mds € de plus en 3 ans !

 

            Or, cette dette a évidemment un coût : avec les taux d’intérêt bas de ces dernières années, la charge d’intérêt restait contenue : 37,1 Mds € en 2021. Mais avec l’inflation et le durcissement des politiques monétaires, les taux remontent, et donc l’Etat doit dépenser davantage pour payer les intérêts de sa dette : ceux-ci ont déjà été de 50,7 Mds € en 2022, et la prévision serait de 70 Mds € en 2027 !

 

            70 Mds €, c’est autant que le budget de l’Education nationale, c’est
10 Mds € de plus que le budget des Armées, et le double du budget du Ministère de l’Intérieur ! C’est une sacrée charge, rien que pour les intérêts, et elle est devant nous : là aussi, ne pas en avoir conscience, c’est du déni de réalité.

 

            Et voilà pourquoi, c’est à l’aune de ce défi, de cette facture collective qui inexorablement sera aussi individuelle, que doit se comprendre ce que les économistes estiment nécessaire, et résument par la formule « travailler plus nombreux et plus longtemps », évidemment pour produire plus, augmenter la croissance, donc les revenus, donc les recettes fiscales, et donc les ressources pour acquitter plus facilement le poids de la dette.

 

             La si délicate question des retraites s’intègre bien sûr à cette problématique, mais aussi la lutte contre le chômage, l’augmentation des taux d’activité et la recherche du plein-emploi.

 

            Trois défis donc. Et, comme on le voit, à travers ces trois défis le travail va connaître des mutations importantes dans les années prochaines. Si nous travaillerons plus nombreux, nous travaillerons aussi différemment d’hier, sur des fabrications différentes, avec des métiers différents, sur des lieux sans doute et avec des horaires différents, avec d’autres organisations du travail où les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle auront une place plus grande, et où la pénibilité, nous l’espérons tous, aura une place plus réduite.

 

            Ce travail différent peut aussi, et cela c’est mon espérance personnelle, le projet politique auquel j’aspire et que je veux défendre, ce travail de demain devra être : un travail mieux rémunéré sur la base d’un juste partage pour tous de la valeur ajoutée produite par tous ; un travail qui favorise davantage, par les moyens et services modernes, la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle ; enfin un travail qui oublie toute discrimination et où chacun puisse accéder, et progresser dans sa carrière, sur la seule base de ses talents et de ses compétences.

 

            Suis-je  un utopiste, un doux rêveur ? Je ne le pense pas, car je crois que nous n’imaginons pas encore bien toute l’ampleur des changements que le monde qui est devant nous va produire !

 

            Tout au long des années 80 à 2000 la plaie de notre société était celle du « chômage massif » ; si aujourd’hui, nous sommes proches de l’emploi restauré, le temps est venu du travail rénové, en mettant les capacités de la modernité et l’imagination d’un dialogue social renoué au service de cette rénovation.

 

            Ces derniers mois, le monde du travail comme la société toute entière ont connu des secousses. Elles ont blessé parfois, bousculé souvent.

 

            Aussi en ce jour de la Fête du Travail, j’en appelle à une bonne politique du travail, c’est-à-dire à une politique qui :

- garantit aux jeunes générations un avenir serein, qui intègre l’enjeu environnemental,

            - assure aux salariés un niveau de vie correct, assis sur une répartition équitable de la valeur ajoutée, et à cet égard l’accord national récent va dans le bon sens,

            - confère aux plus anciens l’accès à une retraite digne : c’est l’honneur d’une société moderne en veillant à ne pas opposer les générations, car un vieux est toujours une personne qui a été jeune, et un jeune est appelé à devenir vieux.

 

            Mesdames, Messieurs, très Bonne Fête du Travail à toutes et tous, et, Chèr(e)s Médaillé(e), encore toutes nos félicitations !

           

Partager cet article
Repost0
10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 10:26
Mon discours à la cérémonie des couples jubilaires ce lundi 10 avril 2023

Bien Chers Jubilaires,

Mesdames, Messieurs,

 

                     Vous accueillir ici, ce matin, pour le Maire que je suis comme pour chaque membre du Conseil municipal, c’est beaucoup d’émotion. Beaucoup d’affection et de respect aussi, pour vous, pour vos vies, pour ces histoires d’amour à qui, par toutes ces années passées ensemble, vous avez donné vie et sens.

 

                     Car on a beau écrire ou parler d’amour, l’amour n’est rien s’il ne s’incarne pas en deux êtres qui se rencontrent, ressentent, expriment et vivent leur amour. Et vous, vous êtes chacune avec votre chacun cette incarnation de l’amour partagé.

 

                     L’émotion est aussi chez vous, je le sais. D’abord, celle du jour, un jour de fête que l’on se prépare, cherchant jusqu’à la dernière minute la chemise ou la cravate qu’on avait pourtant préparée là mais qui n’y est plus, ou le sac ou les chaussures assortis à la robe et qu’on ne trouve plus, tout cela dans l’excitation de l’heure qui passe… Un jour où famille, enfants, amis vous entoureront ou vous enverront des messages affectueux.

 

                     Votre émotion, je la comprends. Car tous ces jubilaires, toutes ces années que nous célébrons avec vous, pour vous ce matin, n’ont pas toujours été faciles : des obstacles, des contrariétés, des souffrances, des peines, vous en avez subi évidemment, et vous les avez affrontées ensemble et votre amour a chaque fois l’a emporté. Mais si vous êtes là ici, encore ensemble, c’est que des joies, des plaisirs, des bonheurs, vous en avez connu aussi et surtout : dans ces moments forts, vous avez trouvé l’énergie, la force de dépasser tous les problèmes, toutes les difficultés et cette énergie porte un prénom, le sien, à lui, à elle : c’est pour lui, pour elle que vous vous êtes battus ; c’est avec lui, avec elle que vous avez avancé. Et les années ont passé comme les chapitres d’un livre dont vous écrivez chaque jour la belle histoire.

 

                     Mesdames et Messieurs, Chers Jubilaires, vous êtes le témoignage vivant de cette belle, si belle phrase du fabuliste Jean de La Fontaine qui écrivit : « Aimer, aimer tout le reste n’est rien ! »

 

                     Devant nous, devant moi, vous nous le prouvez, car vous totalisez toutes et tous 1 380 années d’amour : avec 19 couples fêtent leurs 50 ans de mariage, 6 couples fêtant leurs 60 ans de mariage et 1 couple fêtant ses 70 ans de mariage, un évènement tout à fait exceptionnel, grâce à Denise et Jules Parent ! Pour votre Maire et votre Conseil municipal, croyez-le bien c’est un honneur de vous recevoir. La longévité de votre amour force le respect et l’admiration.

 

                     Alors, ceux qui sont déjà venus à cette cérémonie le savent, nous allons regarder ensemble dans le rétroviseur de votre vie à deux.

 

En effet, pour évoquer le film de votre vie, je vous propose de remonter le temps et de revenir à l’année de vos unions respectives, de nous remémorer le monde d’alors, ce qui se passait sur le plan international, en France, et bien évidemment à Wattrelos si vous y résidiez, et en évoquant aussi et surtout des mots, des mélodies qui sont ceux et celles de vos jeunes années.

 

● D’abord, 1953. 1953, l’année de votre mariage, Denise et Jules que je suis infiniment heureux de recevoir ce matin pour, Mesdames et Messieurs, leurs 70 ans de mariage. Denise et Jules, j’ai eu le plaisir de vous accueillir en 2018 pour vos 65 ans, 2013 pour vos 60 ans, et 2003 pour vos 50 ans de mariage ! Je vous retrouve avec beaucoup, beaucoup d’émotion, d’abord parce que 70 ans d’amour, c’est plus que beau, c’est magnifique ! Et mon émotion se renforce d’autant plus que si vous vous êtes mariés en Juin, s’ils étaient encore près de moi j’aurais pu, j’aurais dû recevoir ce matin mes parents qui, eux, s’étaient mariés en Août 1953 !

 

Alors chapeau bas, infiniment bas, Denise et Jules !

 

Je vous ai déjà parlé de 1953, de vos chansons de l’époque, et je suis sûr que vous n’avez rien oublié de ce que je vous ai alors dit. Pour autant je vais y revenir rapidement.

 

En 1953, la fin de la 2nde Guerre mondiale n’est pas si loin, la Guerre froide rôde, et le monde a encore des soubresauts. Eisenhower devient Président des Etats-Unis, Tito de la Yougoslavie, et Staline meurt, remplacé par Kroutchev à Moscou. Les époux Rosenberg sont exécutés, et un gros soulèvement ouvrier a lieu à Berlin-Est, réprimé durement, avec 1 200 condamnations.

 

Si les troupes françaises quittent le Laos, la guerre s’enfonce en Indochine et les paras sont à Dien-Bien-Phu. René Coty devient Président de la République.

Les jeunes amoureux se tournent la tête avec le mariage princier au Luxembourg. Curiosité de l’histoire, Denise et Jules, 1953 aura été l’année du couronnement d’Elisabeth II, et vous célébrez vos 70 ans de mariage à quelques jours du couronnement de son fils, Charles III !

 

Dans notre région, on est cependant alors surtout marqués par les grandes inondations en Hollande et en Belgique, pour lesquelles 100 000 personnes devront être évacuées. Mais aussi, autre curiosité historique, par la grève générale en France en août 1953 pour refuser l’augmentation de l’âge de la retraite décidée par le Gouvernement Laniel, et la hausse du prix du gaz !

 

            Côté sport, Louison Bobet gagne le Tour de France, Fausto Coppi est Champion du monde, et un jeune de 19 ans, Jacques Anquetil, gagne le Grand Prix des Nations.

 

            Au cinéma, si on tremble avec « Le salaire de la peur » avec Yves Montand, on goute volontiers la légèreté de « Si Versailles m’était conté » et de « Les hommes préfèrent les blondes ».

 

            A Wattrelos, en 1953, l’actualité est surtout politique. L’ancien maire François Mériaux décède, mais ce sont les élections municipales qui sont la grande surprise : alors que les communistes ont plus de voix que les socialistes, lors de la réunion d’installation, c’est le maire socialiste Albert Dhondt qui est réélu par le Conseil municipal ; il y aurait eu ce soir-là me dit-on une ambiance très musclée à l’Hôtel de ville !

 

            Wattrelos est marquée par une grosse explosion de gaz rue Jules Guesde, un gros incendie chez Sion au Sapin Vert, et les Wattrelosiens se mobilisent pour les victimes des inondations en Hollande. Le quartier du Sapin Vert, qualifié de « déshérité et éloigné » n’a plus de facteur, et proteste.

 

            La jeunesse, en 1953, profite de l’insouciance de son âge, à l’image du film « Singing in the rain » : « Chantons sous la pluie » symbolise bien cette envie de bonheur. On chante, on mange les « bonbons, caramels, esquimaux, chocolats » d’Annie Cordy, on « attend que les dimanches s’amènent » pour aller danser avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault chez Gégène : où ça ? Bien sûr, à « Joinville-le Pont »… pon, pon : On s’acoquine avec des musiques américaines telle celle de Glenn Miller « In the mood ».

 

            Chère Denise, Georges Brassens vous prévient : « Gare au Gorille ». Et on vous invite à vous méfier de ces messieurs, que ce soit Patachou avec « le bricoleur », ou Edith Piaf. « Johnny, tu n’es pas un ange ». Mais ça tombe bien, celui qui vient à vous s’appelle Jules, et, avec la roubaisienne Gaby Verlor et le lillois Jan Davril, voilà qu’il vous dit : « Prenez mon cœur et mes roses/Un bouquet c’est peu de choses/Mais ça peut être la cause/La cause d’un grand bonheur »…

 

            Ah oui, tiens donc, et voilà qu’il vous raconte une histoire d’Henri Salvador « Le loup, la biche et le chevalier » :

                    « La petite biche est aux abois/Dans le bois, se cache le loup/

                    Mais le brave chevalier passa/Il prit la biche dans ses bras/

                    La biche en femme se changea/Et dans les bras du beau chevalier/

                    Belle princesse, elle est restée »

            Et ce fut une « chanson douce » pour vous deux.

 

            Et si Jules, avec Sydney Bechet chantonne « J’ai caché/Mieux que partout ailleurs/Au jardin de mon cœur/Une petite fleur », vous, Denise, c’est avec Lucienne Delyle qu’à vos amies vous dites « J’ai un amoureux/Qui me fait les doux yeux/Ça marche, ça marche » ! Mais, en chuchotant presque, vous ajoutez avec Germaine Monteiro, telle sa « fille de Londres » :

                                                    « Un rat est entré dans ma chambre

                                                    Je l’ai pris dans mes bras blancs

                                              Il était chaud comme un enfant

                                              Je l’ai bercé bien tendrement »…

 

            C’est qu’il sait y faire Jules, lui qui vous offre à son tour « Un p’tit coin de paradis » après « un p’tit coin de parapluie », et vous joue « Les amoureux du Havre », de Catherine Sauvage : « Je t’aime, tu m’aimes, on s’aimera jusqu’à la fin du monde », et vous susurre, avec Tino Rossi dans son Tango bleu « Donne-moi ton cœur, donne-moi ta vie ».

 

            Pas étonnant que vous soyiez de ces « amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics/En s’disant des je t’aime pathétiques » avec « des petites gueules bien sympathiques »… Pas besoin que Georges Brassens vous explique comment faire !

 

            Et c’est comme ça que, chemin faisant, comme dans « Sanguine » d’Yves Montand, « une fermeture éclair a glissé sur tes reins », et que Gilbert Bécaud vous guide dans une chanson qui s’appelle « Mes mains » :

            « Mes mains dessinent dans le soir la forme d’un espoir qui ressemble à ton corps/

            Mes mains quand elles tremblent de fièvre, c’est de nos amours brèves qu’elles se souviennent encore/

            Mes mains caressent dans leurs doigts des riens venant de toi, cherchant un peu de joie ».

 

            A dire vrai, Cher Jules, de la joie vos mains en ont trouvé, et pas qu’un peu, puisque cela dure depuis bientôt 70 ans !!! 70 ans : très Bel anniversaire Denise et Jules pour ces extraordinaires et si heureuses Noces de platine !

 

            ● Dix ans plus tard, c’est votre année à vous, 1963, vous les couples qui célébrez cette année vos Noces de diamant ! Joâo et Luisa, Gilbert et Liliane, Robert et Lucette, Jean et Marie-Agnès, Daniel et Christiane, Daniel et Annie, 60 années de mariage ! C’est beau !

 

            Pourtant, même si on dit quand on en parle aujourd’hui que 1963 ouvre les « années yéyé », il n’est pas certain que vous, les amoureux d’alors, vous l’ayiez vécue avec autant de sérénité. Car 1963 fut une année de fortes tensions à l’international comme en France.

 

            Dans le monde, même si un « téléphone rouge » est installé entre Washington et Moscou, les relations entre l’Est et l’Ouest sont tendues. A Moscou, l’ennemi juré des américains, Fidel Castro, reçoit le Titre de Héros de l’Union Soviétique, et le Président Kennedy LUI va sur le Mur, à Berlin, au check-point Charly, provoquant la colère des soviétiques.

 

            L’Angleterre est bousculée par le scandale Profumo du nom de son Ministre des Armées qui livre des secrets à une espionne prostituée, mais surtout Outre-Manche on est ébahi de l’audace du hold-up du siècle dans le train Glasgow-Londres. En Allemagne alors qu’il a signé en janvier avec le Général de Gaulle le Traité de l’Elysée qui scelle l’amitié franco-allemande, le chancelier Konrad Adenauer démissionne, et en Algérie Ahmed Ben Bella devient le 1er Président de la République.

 

            Mais surtout ce que nul n’a oublié de cette année-là, et qui secoue le monde, c’est l’assassinat le 22 novembre à Dallas du Président américain John Fitzgerald Kennedy.

 

            Des attentats, il y en a aussi beaucoup en France, et ainsi le 11 mars est fusillé l’auteur de l’attentat du Petit-Clamart contre le Général de Gaulle. De nombreuses grèves en France en 1963, et un vigoureux plan de rigueur est présenté en septembre par le Ministre de l’économie, Valéry Giscard d’Estaing. Parallèlement la France affirme ses ambitions nucléaires, et s’oppose à l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Europe des 6.

 

            On retiendra aussi de l’année 1963 que c’est celle de la mort du Pape Jean XXIII, et de l’élection du Pape Paul VI, ainsi que celle de la disparition, le même jour, d’Edith Piaf et de Jean Cocteau.

 

            A la télévision, ce sont les premières des « Raisins verts » de Jean-Christophe Averty, mais surtout de « Nounours » qui endort chaque soir les petits, et de « Thierry la Fronde » qui lutte sans relâche contre l’envahisseur anglais pour le plus grand plaisir des téléspectateurs.

            Au cinéma, Mesdames, vous êtes tantôt « Irma la douce », tantôt la sublime Elisabeth Taylor de « Cléopâtre », et vous Messieurs tantôt Richard Burton qui lui donne la réplique, tantôt Alain Delon dans « le Guépard » ; mais tous deux raffolez de vous promener sous « les parapluies de Cherbourg », riez de « la Cuisine au Beurre », frémissez du « Mépris » avec la belle Brigitte Bardot, et vous captivez pour « les Tontons flingueurs » !

 

            A Wattrelos, très vive vague de froid début janvier : des deux côtés de la frontière avec la Belgique, ce n’est qu’une gigantesque patinoire ; et encore un record de froid en juin ! Gros incendie chez Sarneige, et grève chez Kuhlmann ; installation d’une bibliothèque municipale au 3ème étage de la mairie (avec 9000 volumes : par comparaison ils sont 150 000 dans la bibliothèque d’aujourd’hui !). Mais ce qu’on retient, Chère Michèle Coquelle, ce sont les importants sondages que réalise alors la Société Nationale des pétroles d’Aquitaine près de l’école des garçons du Plouys à la recherche… du pétrole ! Le Plouys a failli devenir le far-west wattrelosien !!!

 

            A dire vrai, chers amoureux de 1963, je ne suis pas certain que vous vous soyiez intéressés à tout cela. Vous, votre problème de jeune homme ou de jeune femme ce n’est pas de trouver de l’or noir, mais de trouver votre trésor.

 

            C’est l’époque de « Salut les copains », Sheila vous confirme que « l’école est finie », et vous suggère votre « Première surprise-partie » !

 

            Oui, mais vous vous interrogez : on parle beaucoup de ruptures dans les chansons du moment. « T’en vas pas comme ça », pour Nancy Holloway, « Arrête, arrête ne me touche pas », pour Patricia Carli,… il n’y a que Charles Aznavour qui porte une lueur d’espoir car s’il dit « sans un regret, je partirai », il ajoute « Et pourtant, pourtant, je n’aime que toi ! ».

            L’amour, l’amour, c’est donc possible ? Mais Messieurs comment faire ?

 

            Jean-François Grandin, alias Franck Alamo, vous donne un numéro de téléphone, « Maillot 36-37 », et vous n’avez qu’à dire « J’aimerai ce soir vous emmener danser », et vous verrez que votre « biche » saura « dessiner au crayon noir ses jolis yeux ». Claude François dans « Si tu veux être heureux » vous donne « une leçon de bonheur, après tout » :

                        « Pour le reste de ta vie

                        N’épouse jamais une trop jolie fille

                        Ecoute bien le conseil d’un ami

                        Epouse plutôt une fille gentille ».

 

            Muni d’un tel conseil vous partez en quête, à coup de « Da dou ron-ron » de Johnny : « Oui, peut-être demain/Oui adieu mes chagrins/Oui j’aimerai sans fin »…

 

            Alors vous la croisez, et comme le chante Alain Barrière « Elle était si jolie »… que vous n’osiez l’aimer : Vous la suppliez, comme Richard Anthony, « Donne-moi ma chance » ! Comment faire ? Une méthode : « Tchin-tchin », toujours avec Richard Anthony, un verre, deux verres, peut-être le « tord-boyaux » de Pierre Perret au resto dont le patron s’appelle Bruno, et avec Marie Laforêt, vous lui proposez de faire ensemble « les vendanges de l’amour » !

 

            Comment ça s’est passé après ? Aujourd’hui encore vous fredonnez la chanson de Jeanne Moreau « J’ai la mémoire qui flanche » qui avoue « Tout entre nous a commencé/Par un très long baiser ». Il est vrai, Mesdames, qu’Elvis Presley vous invitait à l’action « Kiss me quick ! »

 

            Cela ne vous empêche pas , Mesdames, avec Brigitte Bardot de rappeler à votre amoureux qu’il n’est « qu’un appareil à sou », à « sou-pirs », et à « sou-rires » bien entendu !

 

            C’est que, ça y est, l’un et l’autre allez à l’Hôtel de ville : en route pour « la Belle Vie » de Sacha Distel.

 

            Et pour elle qui n’est pas « une pauvre petite fille riche », Messieurs vous empruntez « le marteau » de Claude François pour construire votre nid d’amour… Avant que Mesdames vous ne découvriez les charmes de cette vie conjugale qui est dorénavant la vôtre lorsque, dès son premier bain, tel Fernand Raynaud, il vous clame « Et v’lan, passe-moi l’éponge », avant d’ajouter, prometteur, « fais-moi gligli »…

 

            Et c’est ainsi que de gligli en gouzi vous aurez vécu, fondé une famille, élevé enfants et petits-enfants, et que 60 ans plus tard, vous êtes là émus, comme au 1er jour.

 

            Bien sûr, les années ont passé, et vous ne faites plus de « Be-bop à lulla » trépidents, sauf sous surveillance médicale, mais tous ceux qui vous aiment, et j’en suis, vous félicitent, vous nos 6 couples de diamant ! Très Bon Anniversaire.

 

            ● 1973 : l’année s’ouvre par l’entrée officielle le 1er janvier de la Grande-Bretagne dans ce qu’on appelle alors le Marché Commun.

 

            Sur le plan international, si en 1973 janvier donne une note d’optimisme avec, enfin, le 27 janvier la signature à Paris d’un cessez-le-feu entre les Etats-Unis et le Vietnam du Nord, le monde sera secoué de trois faits marquants :

            - d’abord, en avril, par le déclenchement aux Etats-Unis de l’affaire du Watergate, qui va mettre à mal la Présidence de Richard Nixon, pourtant récemment réélu à l’automne 1972 ;

            - ensuite en septembre, le meurtre contre la démocratie qu’est le putsch au Chili du Général Pinochet qui coutera la vie au Président Salvador Allende ;

            - enfin, en octobre, le déclenchement par l’Egypte et la Syrie d’une offensive contre Israël pendant la fête du Kippour, remettant en cause et pour longtemps tout processus de paix au Moyen-Orient.

 

            En décembre se produit un autre évènement qui va bousculer le monde pour longtemps également : le 22 décembre à Téhéran les pays de l’OPEP décident de doubler le prix du baril de pétrole ; cela va déclencher le « choc pétrolier » que toutes les économies européennes vont payer cher en inflation et en chômage pendant plus de 30 ans ! Des pays s’inquiètent, telle la Grande-Bretagne qui décrète l’état d’urgence, et la Belgique qui décide en novembre « le dimanche sans voiture ».

 

Autres news de l’année : les morts de Lyndon Johnson, ancien Président américain, de l’acteur Bruce Lee, et de Pablo Picasso. En Bolivie, le tortionnaire nazi Klaus Barbie est arrêté. Le monde se passionne pour la révolte des indiens Sioux à Wounded Knee, et côté carnet rose, pour le mariage, en Angleterre, de la princesse Anne avec le capitaine Mark Philips.

 

            En France, en 1973, Georges Pompidou est Président, Pierre Messmer Premier Ministre, et Edgar Faure Président de l’Assemblée Nationale. Après des élections législatives en mars où la Gauche progresse fortement, sans toutefois l’emporter, la France traverse 1973 sur fond de deux crises majeures :

> celle de l’usine Lip à Besançon où, au printemps, menacés de perdre leur emploi les salariés, « les Lip » comme on les appellera, décident de prendre en main la vente de la production, prônant « l’autogestion » ;

            > autre crise, celle qui s’engage fin août lorsque 40 000 manifestants défilent à Millau contre l’extension du camp militaire du Larzac, le Larzac devenant un symbole de la contestation écolo-gauchiste.

 

            Si au printemps aussi les lycéens manifestent contre la loi Debré, les Français retiennent surtout de cette année l’horreur de la mort de 21 enfants en février dans l’incendie du CES Pailleron à Paris, et, ce 30 juin, un Tupolev 144 qui, au 30ème Salon du Bourget, s’écrase sur Goussainville tuant 13 personnes. Elle s’émeut aussi de la disparition de l’athlète Jules Ladoumegue, du comédien Noël Roquevert, du fantaisiste Fernand Raynaud qui se tue dans un accident de voiture à à peine 47 ans, et du jeune – et beau – champion automobile François Cevert.

 

            Côté sport, si Pescarolo et Larousse gagnent les 24h du Mans, si le néerlandais Johan Cruijff footballeur de l’année, gagne sa 3ème Coupe d’Europe avec l’Ajax en battant la Juventus, si Nantes est champion de France, c’est pour le cyclisme qu’on se souvient de l’année 1973.

 

            Eddy Merckx gagne ainsi Paris-Roubaix le 15 avril, puis le Tour d’Espagne, puis le Giro d’Italie ; mais c’est Luis Ocana qui gagne le Tour de France devant Bernard Thevenet, et Felice Gimondi devient Champion du Monde sur route.

 

            Le cinéma est contrasté en 1973 : les américains lancent « L’exorciste », tandis que le cinéma français parie sur Belmondo avec « Le Magnifique » (beau symbole, Messieurs, pour votre mariage). Et vous Mesdames, sans doute êtes-vous sensibles à Romy Schneider qui, après avoir triomphé dans « César et Rosalie », tourne avec Visconti « le crépuscule des Dieux », ou à Laura Antonelli qui pratique une éducation sentimentale particulière avec « Malicia ».

 

            Mais ce qui vous met tous deux d’accord, face au scandale que crée « la Grande Bouffe » de Marco Ferreri, c’est de rire devant « les aventures de Rabbi Jacob » ou en cherchant « la 7ème Compagnie » qui parait-il est perdue.

 

            A Wattrelos, en 1973, l’année s’ouvre sur l’inauguration de la piscine de Beaulieu et on débat en février au Conseil municipal de la création d’un grand parc ; dans les mois qui suivent on ouvrira la MPT de la Mousserie, le Foyer-logement de Beaulieu, le nouveau groupe scolaire Brossolette tandis que l’école de la Baillerie ferme, et on lance la construction d’un complexe municipal au Sapin Vert (ce sera Jean Zay) et une nouvelle bibliothèque. Le CES Neruda se construit. Tout cela a un coût : les impôts locaux sont augmentés de + 15 %.

 

            Les températures aussi montent : cet été-là, c’est la canicule ! On note 30 degrés en juillet… mais il fera - 11 le 2 décembre ! Les Wattrelosiens et les élus râlent pour l’insécurité : il y aura 474 vols de voitures cette année-là (pour mémoire, et par comparaison je précise qu’il y en a eu – même si c’est trop bien sûr – 180 en 2022).

            En 1973, le Tour de France passe à Wattrelos et au tournoi de foot de Pâques, il y aura prolongation entre l’Union et le Sporting, avec 30 tirs aux buts pour les départager ! Et en juin, pour la fête de la Jeunesse, la vedette c’est Annie Cordy.

 

            Mais vous, les jeunes mariés de 1973, vous écoutez le hit-parade d’André Torrent sur RTL, et vous vivez avec intensité le match des méga-tubes de l’été, entre Michel Sardou et sa « Maladie d’Amour », qui court, qui court, jusqu’à vous d’évidence, et Johnny et Sylvie, l’un et l’autre reprenant « J’ai un problème/J’ai bien peur que je t’aime » »… et ça c’est vous aussi !

 

            Avant que ne naisse l’amour, c’est le temps de la rencontre. Et peut-être que pour certaines d’entre vous, Mesdames, cela n’a pas été – comment dirais-je ? – spontané. Quand vous l’avez vu, peut-être, comme Pierre Vassiliu, vous êtes- vous dit :

            « Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ?

            Complétement toqué ce mec-là, complètement gaga :

            Il a un drôle d’accent ce gars-là,

            Il a une drôle de voix

            Non, mais ça va pas, mon p’tit gars ! »

 

sauf que, comme dans la chanson, séduite par ses « cheveux blonds » et ses « yeux polissons », telle une révélation car votre « horoscope vous l’avait prédit » vous entonnez, avec Diane Dufresne « Aujourd’hui, j’ai rencontré l’homme de ma vie/Au grand soleil, en plein midi », et il vous aura fait « monter » à son appartement/Entre la terre et le firmament », vous a « offert un drink », et vous avez « su que c’était lui ».

 

            Bon c’est vrai, il est un peu insistant et même « collant ce type » quand il vous « drague » ; surtout lorsque, comme Guy Bedos avec Sophie Daumier, quand vous dansez, il vous « laboure la peau du dos avec son ongle », vous qui avez « un mal fou à cicatriser » alors que lui, qui « s’est aspergé d’eau de toilette », parait tout content « d’emballer », pour une fois qu’il « n’a pas hérité de la plus moche »… Et même s’il vous trouve un peu « les mains moites », il s’accroche le Jeannot, et il finit par « conclure », comme dans la chanson.

 

            Comme quoi, sur un malentendu…

 

            Oh, cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux, vous vous faites encore un peu désirer Mesdames, même lorsqu’avec Frédéric François il vous interprète « Un chant d’amour, un chant d’été ». Vous vous faites attendre. Il vous supplie avec Marie Laforêt, « Viens, viens, c’est une prière, viens », il attend avec Alain Chamfort que vous lui fassiez « un signe de vie, signe d’amour » ; il vous complimente avec Art Sullivan, vous « la petite fille aux yeux bleus/Tu es belle comme le jour ». Il se fait pressant avec Christian Adam « si tu savais combien je t’aime », insistant même lorsqu’il vous rebaptise « Angélique » avec Christian Vidal pour vous chantonner « Mon bonheur, c’est toi/ Jour après jour et pour toujours »… Sans doute y-a-t-il des querelles d’amoureux qui ne savent pas encore qu’ils le sont ; alors il vous implore « Et surtout ne m’oublie pas/Tu sais que je reviendrai » avec le Crazy Horse et le regretté Alain Delorme, car « ce n'est pas tous les jours/qu’on rencontre le grand amour » ; il vous réclame avec Ringo « Une bague, un collier », et il vous console avec Daniel Guichard  « Faut pas pleurer comme ça » ; et il revient vous chercher avec Mike Brant, car « Rien qu’une larme dans tes yeux/Je comprends combien je t’aime/Je t’aime, je veux te le dire/Je veux te revoir sourire »…

 

            Vous le rembarrez, comme Dalida avec Alain Delon, car tout cela ce sont des « Paroles, paroles »… il gémit « Je suis malade », avec Serge Lama, avec ces yeux mélanges de Calimero et de Droopy comme seuls les hommes savent les faire quand ils veulent parvenir à leurs fins. Vous faiblissez et telle Françoise Hardy lui dites dans un « Message personnel » : « Mais si tu crois un jour que tu m’aimes/Viens me retrouver » ; et finalement vous craquerez lorsqu’avec son beau sourire ultra-brite il vous prend la main et que comme Sacha Distel avec Brigitte Bardot il vous chante « Tu es le soleil de ma vie/Tu es le soleil de mes jours » et vous lui répondez « Tu es le soleil de mes nuits/Tu es le soleil de l’amour »…

 

            Et « c’est comme si tout avait commencé/Depuis plus d’un million d’années » ! En route pour le mariage ! Monsieur fait ses adieux à ses précédentes conquêtes avec Patrick Juvet : « Je vais me marier, Marie/ Et vous quitter Sophie, Marianne et Virginie ». Et vous, Mesdames, vous recréez le monde avec Sheila : « Adam et Eve/C’est toi et moi/ On est faits tous deux pour vivre ensemble/Et pour nous la vie commence ».

 

            Moins de monde (je l’espère pour vous) à votre mariage qu’à celui de Sheila et Ringo, et pour le voyage de noces, vous avez le choix : bien sûr, il y a « les gondoles à Venise » où déguster « du pain grillé, du café chaud » : ou encore « le Lac Majeur » de Mort Shuman : le « pays des merveilles de Juliette »  d’Yves Simon ; ou plus simplement ces paysages de « vaches rousses, blanches et noires » et « du bon cidre doux, Made in Normandie » avec Stone et Charden ; ou plutôt, « à Paris à vélo » où « vous dépassez les autos » avec Joe Dassin.

 

            Si, à l’Olympia, Michel Fugain lance « le Big Bazar » quelque soit le « bazar » que peut être votre vie à deux, vous en retenez la leçon : « Fais comme l’oiseau/Ça vit d’air pur et d’eau fraiche  un oiseau »… C’est que nos deux tourtereaux vivent « l’Amour 1830 » d’Alain Souchon, « pathétique, romantique » ; mais pas « démodé ».

 

            Vous espérez « le lundi au soleil » avec Claude François, et même chaque jour ; votre amour ce sera « Forever and ever » avec Demis Roussos ! Un amour torride, celui où Madame, votre homme comme Johnny devenu « Corbeau blanc » vous crie « Ton corps, ton corps est chaud/Je l’aime », et que vous reprenez tous deux en chœur « nos corps, nos corps sont fous/Ils s’aiment ».

 

            Et oui, vous vous aimez, vous vous êtes aimés tant d’années et jamais, jamais vous n’aurez oublié ce succès de Frédéric François en 1973 :

            « Quand vient le soir, on se retrouve

            Après avoir compté les heures

            C’est comme un ciel qui se découvre

            Et je te serre contre mon cœur

            Quand vient le soir, Dieu que je t’aime !

            Je me retrouve seul avec toi

            Tu fermes la porte et tu m’entraines

            Vers tout ce qui peut faire ma joie »…

 

            Cette joie ne s’est pas tarie, et vous l’aurez vécue cinquante années durant. Aussi en terminant cette promenade avec vous dans les chansons de votre cœur d’amoureux de 1973, vous les 19 couples qui célébrez avec nous ce matin vos Noces d’Or, vous savez maintenant, 50 ans plus tard, mieux que quiconque, ce que Michel Sardou décrivait lorsqu’il chantait que « la maladie d’amour », « unit dans son lit les cheveux blonds » et… « les cheveux gris » !

            Très, très Bon Anniversaire !

 

*

 

         Voilà, avec vous, Mesdames et Messieurs, j’ai voulu revisiter toutes ces décennies qui furent celles de votre vie à deux.

 

Cinquante, soixante, soixante-dix années ont passé. Et vous êtes ce matin devant nous, l’un à côté de l’autre, plus exactement l’un avec l’autre, l’un tout contre l’autre. Vous êtes des exemples de stabilité, les messagers des valeurs essentielles, un encouragement pour les générations actuelles. Chers Jubilaires, vous nous témoignez et quelque part nous léguez le meilleur : l’amour de l’amour !

 

Mesdames, Messieurs, bien chers amis, cette belle journée ne fait que commencer, je sais qu’elle va se poursuivre de manière fort agréable. Je vous souhaite de continuer votre route encore longtemps ensemble, de bien profiter de votre temps, d’ajouter des moments agréables aux moments agréables.

 

Il y a 70 ans, 60 ou 50 ans, vous avez dit oui pour un long voyage de tendresse ; aujourd’hui, vous mesurez le chemin parcouru, et vous savez pourquoi vous avez dit oui. Par bonheur, par amour. Parce que c’était LUI, parce que c’était ELLE.

 

Car comme l’écrivait le poète patoisant Fremicourt : « Ch’est un bonheur d’être aveq s’compagnie et difficile a bin l’rimplachi ».

 

En 1973 précisément, pardonnez-moi d’y revenir un instant, l’un de mes chanteurs préférés, Michel Chevalier, chantait :

            « Je veux t’aimer, plus de 100 ans,

            Je voudrais arrêter l’horloge du temps

            Je veux t’aimer plus d’un milliard d’années

            Je veux t’aimer toute une éternité »

 

Cent ans, un milliard d’années,…  pourquoi pas ? Vous avez déjà parcouru ensemble un tel chemin, alors continuez : le temps est toujours court quand il est celui du bonheur, et ce bonheur, le vôtre, du fond du cœur nous vous le souhaitons, je vous le souhaite pour toujours et à jamais…

 

Félicitations chers Jubilaires de Pâques !

 

Partager cet article
Repost0
18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 10:57

Jeudi 9 février, le Conseil municipal a voté le Budget de la ville pour l’année 2023, qui passe par 3 votes : sur les taux de fiscalité ; sur les subventions ; et enfin sur le budget global.

 

Sur la fiscalité nous baissons à nouveau en 2023 le taux de Taxe Foncière sur les Propriétés Bâties de – 1,5 % : la délibération a été votée à l’unanimité. Sur les subventions aux associations, nous augmentons cette année celle au CCAS (pour accroître de + 60 % le budget de l’Action sociale pour les personnes le plus en difficultés, mais aussi pour Acti’Jeunes et les Centres sociaux) : la délibération a été votée à l’unanimité.

 

Sur le Budget, je vous invite à consulter ci-après le texte de l’exposé que j’ai écrit et présenté : : vous y lirez comment on construit notre Budget, et quelles en sont les grandes lignes pour 2023, sur les choix d’investissements, le fonctionnement des services, la politique de fiscalité (en baisse) et d’emprunts (en baisse aussi).

 

Pour le vote du Budget, seul le groupe de M. Ricci a voté contre : dans les oppositions, Mme Delannoy a voté pour, et le RN s’est abstenu. Le choix du groupe de M. Ricci est sans doute d’abord celui d’une posture (« voter contre »), en dépit de la qualité du Budget que la Majorité présente (baisse des impôts, forte baisse de l’endettement, investissements de transition écologique : que demander de plus ?) ; et c’est aussi celui d’une erreur de la part d’un élu qui ne maitrise pas bien ses chiffres et a lu trop rapidement son dossier. Car si le groupe de M. Ricci a voté contre le Budget, ce serait notamment à cause d’une chute des investissements pointe-t-il ! Ah bon, et il a vu ça où lui ? Il prétend que les investissements baissent de 12 à 8 millions € : c’est faux (c’est dommage que la journaliste n’a pas non plus vu la grossière erreur avant d’écrire son Compte-rendu du Conseil).

 

Car M. Ricci en regardant (trop rapidement sans doute) ses documents aura sans doute oublié que dans les 12,93 M€ d’investissements du BP 2021 sont comprises les écritures de la ligne revolving (deux fois 2,4 M€, soit 4,8 M€) qui n’est qu’une écriture comptable : la réalité de l’évolution des investissements effectifs c’est donc : 8,13 M€ en 2021, 8,85 M€ en 2022, et 8,02 M€ en 2023 ; où est « l’effondrement » des investissements qui a justifié le vote « contre » du groupe de M. Ricci ? Nulle part !

 

Au contraire, nous continuons d’investir, en privilégiant sur 2023 (et sur 2024 également) les investissements d’économie d’énergie et de développement durable.

 

Nous faisons en revanche une pause sur les gros investissements, dans l’attente de la réponse de la MEL à notre demande de participation à la construction d’une piscine métropolitaine sur Wattrelos. « Pause » des investissements ne veut pas dire « arrêt » des investissements : nous en changeons simplement la nature, pour tenir compte du contexte et des réalités économiques et financières, mais aussi et surtout pour mieux prépare l’avenir, dans l’intérêt même de Wattrelos et des Wattrelosiens.

 

Oui, ce Budget 2023 aurait mérité plus de soutien. Mais déjà 35 élus l’ont voté sur 43 : c’est une large majorité qui, elle, prend ses responsabilités, pour Wattrelos !

 

Voici la présentation synthétique de ce budget 2023 :

 

Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Budget de la ville 2023
Partager cet article
Repost0
5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 16:36
Mon discours à la cérémonie des Voeux aux Corps Constitués ce jeudi 5 janvier 2023, en présence du Préfet de la Région des Hauts de France

Monsieur le Préfet de Région, Cher Georges-François Leclerc,

Mes Chers Collègues Maires de Leers, Lannoy et Bourgmestre d’Estaimpuis,

Chers Collègues élus,

Mesdames et Messieurs en vos fonctions et responsabilités, grades et qualités,

Mesdames et Messieurs, Cher(e)s Ami(e)s,

 

            Deux ans. Voilà deux ans que cette manifestation de réception des Corps Constitués n’a pas pu avoir lieu, pour cause de conséquences de la crise sanitaire. Deux ans qui nous paraissent bien loin, deux ans pendant lesquels beaucoup de nos concitoyens nous ont malheureusement quittés, certains membres de nos familles ; deux ans où il y eut tant de craintes, de peines, de restrictions aussi, de remises en question de bien de nos modes de vie et de nos conditions d’existence. Deux ans, c’est si près et c’est si loin à la fois. Le Covid a heurté, a changé tant de choses.

 

            Il y a deux ans, dans mon intervention, j’évoquais une montée des risques : celle des risques géopolitiques internationaux et financiers ; la poussée technologique ; la montée des populismes. Je n’avais tort sur aucun de ces risques, ils se sont tous manifestés ; mais j’en avais oublié un, le plus inconnu car le plus secret, le risque pandémique. Depuis, celui-ci a déréglé toute la planète, fait des centaines de milliers de morts, fait souffrir, a plongé le monde dans une récession sans précédent, et est encore ça et là, au gré de ses variants, tapi dans l’ombre de nos existences. Les décisions toutes récentes sur la restriction des arrivées en provenance de la Chine ces derniers jours, attestent que nous n’en avons pas fini encore avec ce virus mortifère.

 

            Pendant ces deux ans, vous toutes et tous, partenaires de la ville dans ses actions et ses projets, vous avez été là, avec nous, élus et services, au service de Wattrelos ; et déjà, à ce stade de mon propos, je veux vous en remercier, vos personnes comme vos organismes, avec en premier lieu évidemment nos professionnels de santé à commencer par notre Centre Hospitalier de Wattrelos : recevez, Monsieur le Directeur, Eric Kryzkala, l’assurance de notre reconnaissance et transmettez-là à vos médecins et personnels.

           

            Il y a deux ans, je recevais en invité d’honneur de cette manifestation, le Secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O. Cette année, je suis heureux d’accueillir notre Préfet de Région, Georges-François Leclerc.

 

            Monsieur le Préfet, je suis particulièrement sensible à votre venue, car je n’ignore pas qu’avec la taille de la Région que vous administrez, et le nombre de ses collectivités, je vais faire des envieux. Mais je veux surtout goûter l’honneur que vous faites à Wattrelos, à sa population et à ses élus, mais aussi à la République qui vit, à la République du terrain, à la République du quotidien. Car dans cette salle, c’est la République que cette manifestation accueille et met à l’honneur ! La République, que représentant de l’Etat dans notre Région, vous incarnez en premier lieu, Monsieur le Préfet ; et également la République de nos partenaires municipaux, qui nous accompagnent chaque jour au service de la population Wattrelosienne, la République des policiers, des pompiers, des enseignants, des soignants, des Délégués de l’Education nationale, celle des collectivités de projets, de la MEL, du Département, de la Région, celle des services déconcentrés de l’Etat, Préfecture, DRFIP, Dreal, la République de l’action au plus près, la République du service public.

 

            Cette République, Mesdames et Messieurs, chacune, chacun d’entre vous en êtes un maillon indispensable, au service de la démocratie et du fonctionnement du pacte républicain : telle est la raison d’être de cette cérémonie de Vœux – et le calendrier municipal fait qu’elle sera la première parmi celles organisées cette année. Avec cette cérémonie, nous tenons à vous remercier d’être nos partenaires, nos appuis, nos conseillers, parfois nos financeurs, nos subventionneurs ; tous, vous l’avez compris vous nous êtes précieux !

 

            Bien sûr, depuis deux ans, dans vos collectivités et organismes, il a pu y avoir des changements, de femmes et d’hommes, au gré des mutations et déroulements de carrière ; mais ces changements n’altèrent pas la force de nos liens et de nos partenariats.

 

            D’autant moins que si, dans ces deux ans il y a eu des élections municipales, ici il n’y a pas eu de changement d’équipe ni de Maire : même si ce n’est sans doute pas l’avis de mes oppositions, j’en suis heureux, et cela facilite l’action dans la durée.

 

            L’action, agir, nous en avons tous envie en 2023. Et l’objectif des cérémonies comme celle-ci est « d’éclairer l’avenir », de partager notre vision de l’actualité du monde et de ce que seront localement les mois à venir. Or, si l’horizon peut paraitre porteur de nuages, s’ils peuvent conduire à ralentir notre trajet, ce qui importe c’est de poursuivre notre chemin là où nous voulons, où nous devons aller.

 

            Bien évidemment, les Wattrelosiens, comme partout ailleurs en France et dans le monde, pourraient avoir l’impression que la nouvelle année est plus difficile que jamais à prévoir. Il est vrai qu’à l’échelle de la planète l’horizon 2023 est celui de secousses mondiales inachevées dont tous nous ignorons évidemment la durée et l’intensité.

 

            ● C’est vrai avec les tensions géopolitiques, car si nous aurions du nous réjouir de l’entrée de la Croatie dans la zone euro ce 1er janvier après les dramatiques combats serbo-croates du début des années 90, la guerre en Ukraine depuis presque 1 an, ses morts, ses souffrances, ses dramatiques conséquences humaines, économiques et sociales, les menaces de cataclysmes qui l’accompagnent, celles d’une attaque chinoise sur Taïwan aux conséquences considérables sur la production mondiale de semi-conducteurs, le conflit Arménie-Azerbaïdjan ou les tensions Inde-Chine, nous placent dans un champ de tensions jamais atteintes depuis la 2nde guerre mondiale. Combien de temps tout cela va-t-il durer ?

 

            Combien de temps vont durer ces déséquilibres mondiaux entre l’offre et la demande d’énergie, de matières premières, et de produits alimentaires qui ont rallumé le feu d’une inflation qui tarde à ralentir ? Tout cela sur fond d’une récession économique possible qui menace, selon le FMI, une économie sur trois en 2023 : la hausse des taux d’intérêt, pour casser justement l’inflation, ralentit les 3 grandes économies mondiales Etats-Unis, Union Européenne et Chine.

 

            Nos concitoyens redoutent aussi la crise sanitaire, toujours présente, notamment en Chine épicentre de sa survenance, et s’inquiètent des drames naturels liés au réchauffement climatique qui, malheureusement, se multiplient à travers le monde, sans que de conférences internationales, de COP en G7 ou en G20, les grands dirigeants de notre planète ne semblent inverser le cours des choses.

 

            Alors oui, prévoir en ce début 2023 est un exercice bien hasardeux.

 

            Faut-il pour autant y renoncer ? Certainement pas. Car qu’attendent nos concitoyens de leurs responsables publics ? Eh bien que nous fassions ce pourquoi nous sommes des responsables publics, à savoir les protéger, les rassurer, leur dire où on va, et comment on va y aller, et pourquoi.

 

            ● La France se trouve dans une situation contrastée.

           

            La croissance tient bon, à 2,7 % en 2022, le chômage continue de baisser (encore - 2,1 % en novembre, et près de - 10 % sur 1 an), en 2023 même si elle va forcément ralentir (à + 0,3 % selon la Banque de France) l’activité pourrait éviter la récession, les créations d’emploi restent positives, et l’inflation est en France l’une des plus faibles d’Europe.

 

            Pour autant, les hausses des prix persistantes, surtout d’énergie, la sortie du bouclier tarifaire et des ristournes sur le carburant, la hausse des taux d’intérêt heurtent les revenus et donc le pouvoir d’achat. C ‘est évidemment un des enjeux majeurs des mois qui viennent.

 

            Au-delà, en ce début 2023, je crois que, là encore, là surtout, pour rassurer et protéger les Français, il me parait essentiel de ne pas tarder à affronter 3 défis, que nous devons tous regarder en face, sans « guerre civile » mais avec raison et dans un esprit de responsabilité collective. Car ces 3 défis sont, s’ils ne sont pas maîtrisés, des défis pour la République elle-même ! Il s’agit de rassurer :

 

            > Rassurer sur l’avenir de tous en maîtrisant nos finances publiques

           

            Tout le monde sait que les déficits d’aujourd’hui sont les dettes de demain, et les remboursements et donc les impôts d’après-demain. Quand le Président de la République parle de « fin d’abondance », il dresse un constat objectif : après le « quoi qu’il en coûte », et les mesures pour préserver l’économie et les revenus, dont le « bouclier tarifaire », 1/3 des dépenses de l’Etat se finance par un déficit de 160 Mds €, lequel alimente une dette de 111 % du PIB, qui elle-même nécessite qu’on emprunte chaque année 230 à 250 Mds € sur les marchés financiers, et pour lesquels nous payons plus de 46 Mds € d’intérêts en 2022, une charge d’intérêt qui augmenterait  de + 6 Mds en 2 ans s’il y a une augmentation de + 1 % des taux d’intérêt… hors avec l’inflation et la hausse des taux des Banques Centrales en 1 an, le taux des emprunts français est passé de 0,2 point à 3 points en moins d’un an !

 

            C’est dire, en peu de chiffres, l’urgence à raison garder en matière de dépenses publiques.

 

            > Rassurer sur l’avenir de chacun, en traitant enfin, et sur le fond la problématique du vieillissement de la population. Comment mieux rassurer qu’en assurant des revenus et une vie digne à qui ne travaille plus ?

 

            Cela passe évidemment par une réforme, lisible, qui consolide notre système de retraite par répartition, revalorise significativement les petites retraites et prenne en compte les carrières longues et la pénibilité des tâches. L’excédent de 2021, poussé par la forte croissance, ne doit pas faire illusion. Les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites ne peuvent être niés, ils sont clairs : le système de retraite sera déficitaire déjà, selon les hypothèses, de - 0,5  à - 1 % du PIB (soit entre 20 et 30 Mds €) au début des années 2030.

 

            Rassurer passe aussi par la mise en place de la couverture du risque de la perte d’autonomie, le développement de l’aide à domicile, le renforcement du financement des Ehpads publics, et du contrôle des établissements indignes. Là sont à mes yeux des priorités fortes.

 

            > Enfin, car c’est le cœur de la République, il faut Rassurer sur « le vivre ensemble » demain, en dénonçant et combattant, sans faille et sans tabou, la violence qui se diffuse dans la société, et pas seulement, plus seulement, dans les faits divers. Des institutions ne sont plus respectées ; à l’école (comme nous l’avons vu ici même cet automne au lycée Zola) ou à l’Hôpital des actes de violence ont lieu ; quand ils interviennent policiers et pompiers sont agressés, des élus sont pris pour cible, parfois physiquement, et via les réseaux sociaux (qui offrent un honteux anonymat) sont insultés, dénigrés, réseaux sociaux qui deviennent un calamiteux déversoir d’antipathies et de haines par des médiocres et des couards qui prônent l’insulte pour mieux dissimuler leur incapacité d’agir ou leur volonté de détruire. Derrière tous ces comportements et ces mots, c’est la République qu’on menace. Et si certains n’ont pour espérance que le désordre, notre devoir de républicains, c’est de faire de l’ordre, de contenir et de combattre toute violence, et que chacun y prenne sa part.

 

            J’en suis convaincu, l’indispensable stabilité des institutions passe par un renforcement de l’unité nationale. On ne le cite plus guère et c’est bien dommage car il écrivit tant de choses justes : « Pour ces combats de chaque jour qui se nomment liberté, égalité, fraternité, aucun volontaire n’est de trop » écrivit François Mitterrand. Aujourd’hui, il faut le proclamer aussi.

 

            Qui que ce soit demain ou après-demain aux responsabilités nationales, les dettes créées par les déficits, le financement du vieillissement, l’apaisement d’une société devenue trop violente, il faudra y faire face.

 

            Chacun dans la République a ses convictions, et c’est heureux : cela s’appelle la démocratie. Mais un mot m’en parait indissociable, celui de « responsabilité ».

 

            Le philosophe Max Weber distinguait, à juste titre, ce qu’il appelait « l’éthique de convictions » de « l’éthique de responsabilités », et, un autre philosophe, Denis Müller lui faisait écho en publiant, en 1998, « Les éthiques de responsabilité dans un monde fragile ». Ce monde fragile, Mesdames et Messieurs, nous y sommes. Et face à lui, Müller a raison de plaider pour, je cite, « une conception forte de la responsabilité ».

 

            Pour rassurer, il faut de l’unité face aux grands enjeux. Ce besoin d’unité républicaine que le Président de la République évoquât dans ses vœux, je le comprends et le partage. La dissension sème la désunion, et la désunion peut précipiter vers le chaos.

 

            Sur le plan politique, à un moment, j’ai pris mes responsabilités, et je ne le regrette pas, bien au contraire, quand je vois ce qu’est devenue la gauche de mon engagement d’hier.

 

            Je ne suis pas, et ne serai jamais, social-populiste, je suis social-démocrate, et fier de l’être !

 

            C’est en social-démocrate que je forme donc des Vœux pour que notre pays puisse affronter les défis que je viens d’évoquer. Allier raison et responsabilité, tel est le vœu le plus cher que je forme pour mon pays en 2023.

 

            C’est aussi en social-démocrate, en gestionnaire qui se veut raisonnable et responsable qu’avec mes équipes municipales successives j’ai conduit aux évolutions de Wattrelos, et qu’en 2023 je poursuivrai, avec l’Administration municipale, cette tâche avec cœur, enthousiasme et volonté.

 

            ● La 1ère bonne nouvelle de l’année pour Wattrelos, M. le Préfet, c’est l’INSEE qui me l’a apportée : la population wattrelosienne est en hausse ! 41 197 habitants ! Nous étions, point bas, 41 060 en 2021, alors que nous étions 42 753 en 1990.

 

            Ce chiffre de 41 197 habitants, « millésime 2020 » pour citer l’INSEE, en progression donc, n’est pas favorable que pour notre Dotation forfaitaire de l’Etat et nos finances, il marque aussi et surtout un retour à l’attractivité de la ville, et peut-être, je l’espère, la fin d’un déclin, et l’annonce d’une pente ascendante vers un renouveau durable.

 

            Le film de l’histoire de Wattrelos est celui d’une ville ouvrière, industrielle, durement secouée par l’effondrement de ses trois industries (chimique d’abord, textile ensuite, de VPC enfin) qui a laissé à la lisière des années 2000 des friches vides, des chômeurs en plus et des habitants en moins, des ressources saignées, et un habitat à rénover pour mieux correspondre aux besoins sociaux.

 

            Depuis 20 ans, l’enjeu pour mes équipes municipales successives, c’est de rompre la fatalité du déclin : accélérer les infrastructures routières pour faciliter la mobilité et améliorer l’attractivité du territoire , aménager 70 hectares de parcs d’activités, et traiter en profondeur, avec l’accueil de nouvelles entreprises et de logements supplémentaires 120 hectares de friches ; porter avec l’ANRU 1 puis l’ANRU 2 la rénovation urbaine des quartiers de Beaulieu et des Villas ; reconstruire le quartier ancien du Crétinier ; rénover puissamment le logement, en augmenter le nombre et la qualité ; reconstruire et rénover des écoles, et améliorer les équipements sportifs ; maintenir un haut niveau de service public, malgré la perte de ressources de la commune ; parier sur la réussite éducative, la culture, le sport, les associations, l’aide à nos jeunes et à nos aînés.

 

            Derrière ce projet, c’est un présent qui s’améliore, un avenir qui se reconstruit.

 

            En 2023, la mutation continue et cela va se voir encore : au Centre-Ville, après 360 logements livrés, les chantiers pour les 750 autres se poursuivent ; à la Lainière des permis de construire et des travaux annoncent de nouvelles entreprises et de nouveaux logements ; au Crétinier le PMRQAD prend forme, et aux Villas l’habitat ancien continue de se vider et de nouvelles constructions s’annoncent. A la Martinoire là aussi nouveaux logements et nouveau cadre de vie, comme les projets du Mont à Leux. En créant ces entreprises nouvelles et habitats nouveaux, nous redonnons à terme à Wattrelos ce qui lui a tant manqué : non seulement des emplois, mais aussi des ressources durables.

 

            Mais en 2023, dans le nouveau contexte que nous connaissons, notre équipe municipale a pris lors du Débat d’Orientations Budgétaires des options de prudence et de responsabilité. Elles sont au nombre de 4 :

                        face à l’explosion de nos dépenses énergétiques, et malgré le soutien de l’Etat, nous limiterons la croissance des dépenses de fonctionnement, pour avoir plus d’épargne pour nos investissements de demain ;

                        précisément, sur nos investissements, si nous différons la construction d’une salle de spectacles insuffisamment subventionnée pour être raisonnable financièrement, nous créons des conditions en accélérant la réduction de notre endettement (déjà régulière depuis 10 ans) de pouvoir participer demain au financement de la création d’une piscine métropolitaine à Wattrelos ;

                        pour 2023, et 2024, nous privilégierons les investissements de transition écologique ;

                        enfin, si nous le pouvons, nous réaffirmons notre volonté d’abaisser le taux de taxe foncière, pour conforter, là encore durablement, notre attractivité en même temps que le pouvoir d’achat des wattrelosiens.

 

            Tels sont nos projets : ce sont donc aussi nos Voeux pour 2023, des Voeux qui se veulent « rassurants » puisqu’ils poursuivent la modernisation de Wattrelos, et rassurent sur notre capacité à agir.

 

            Fussent-ils rassurants, ces vœux, ne manquent pas d’ambition. Du coup, nos relations avec nos partenaires sont essentielles !

            Avec la MEL, en premier lieu, notre partenariat est « étroit », et nos attentes importantes. Avant d’évoquer les dossiers structurants d’avenir, je me dois cependant de ne pas taire notre insatisfaction qui devient au fil des semaines un profond mécontentement avec la Bérézina que constitue l’application de la réforme des tournées de collectes des déchets ménagers ! Cela fait plus de 9 semaines que des tournées ne sont pas faites les bons jours, les bonnes heures, et parfois pas faites du tout pendant de longues semaines. Cette compétence déléguée n’est pas celle de la Ville, mais d’un prestataire mandaté par la MEL : celui-ci doit faire son job ! La ville qui, elle, est « à portée d’engueulade », n’a pas le droit d’intervenir, et rend compte au jour le jour des carences et des manquements : des efforts ont certes été faits, mais constater que « c’est partout pareil » - comme je l’ai lu - ne me console pas, non plus qu’aucun wattrelosien. Il faut que cela cesse et que cela revienne à la normale : nous le devons à nos concitoyens. Je ne sais pas si cette réforme est encore corrigeable ou si elle doit être retirée ; mais ce que je sais c’est que cette prestation est payée par les contribuables et par la MEL et qu’elle doit être effectuée !

 

            En droit administratif on appelle ça le dogme du « service fait », lequel a une contrepartie : si le service n’est pas fait, il n’est pas payé : A bon entendeur…

 

            Au-delà de ces incidents, aberrants, énervants, désolants (les adjectifs me manquent !) de l’actualité, avec la MEL nous travaillons bien et en confiance, à améliorer la ville en profondeur. Je ne reviens pas sur les grands aménagements du Centre-Ville, du site Lainière/Peignage, de celui de l’Union ou des Villas avec l’ANRU. Mais 2023 sera l’année :

            - de la poursuite des études dans le cadre du SDIT pour l’arrivée du tramway à Wattrelos (Beaulieu ou Centre-ville, les options restent sur la table) ;

            - de la poursuite des aménagements routiers, à la fois pour ralentir la vitesse sur les axes secondaires, et pour mailler un réseau de pistes cyclables sur un schéma intercommunal. A cet égard, je confirme que la Ville a répondu favorablement à l’Appel à Manifestation d’intérêt de la MEL pour le déploiement de vélos et trottinettes électriques sur son territoire ;

            - de la poursuite du traitement de fond de la friche Kuhlmann avec le chantier d’ampleur de relèvement et du nivellement de ses terrils qui se prépare ;

            - de l’avancée de l’agrandissement/rénovation de la station d’épuration du Grimonpont, des formalités juridiques de la création d’une zone d’épandage pour éviter les inondations, et ainsi des prémisses de la création d’une voie de desserte et de promenade – comme sur Leers, Cher Collège – sur le versant wattrelosien du canal ;

            - du lancement de l’agrandissement, enfin, du cimetière métropolitain, qui, sur 1 hectare, va créer 900 places supplémentaires d’inhumations possibles.

 

            Mais évidemment, ce qui, sans aucun doute, retiendra l’attention, c’est la mise en œuvre du « Plan Piscines 2 » de la MEL pour lequel je confirme avoir déposé d’ores et déjà la « Manifestation d’Intérêt » de Wattrelos, pour une piscine métropolitaine en contiguïté de la Cité des Sports au Crétinier, conformément aux prescriptions de l’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage que nous avions lancée il y a 18 mois. Si Wattrelos porte, avec convictions et enthousiasme ce dossier, pour l’apprentissage de ses scolaires et la pratique de ses clubs, si certains de mes voisins ont la volonté et la possibilité d’y participer avec nous, ils sont les bienvenus !

 

            Avec la Région, nous travaillerons à la refonte du Contrat de Ville, si précieux pour nos associations et pour les habitants de nos quartiers prioritaires, mais aussi à la multiplication d’actions favorables au Développement durable via notre stratégie « Ville Nature », à l’image, entre autres exemples, des deux micro-forêts urbaines qui vont être plantées ces tous prochains jours dans les quartiers du Touquet et de la Martinoire en lien avec nos écoles élémentaires.

 

            Le Département du Nord, lui, ne devrait plus tarder à engager la construction du collège Neruda, un collège qui portera un nouveau nom et dont, pour ma part, je préconiserai volontiers celui de Samuel Paty. Avec le Conseil Départemental nous voulons travailler également à renforcer les politiques d’aides et d’accompagnement des personnes en difficultés et ou handicapées, en particulier accroître l’efficience des dispositifs d’insertion.

 

            L’Etat, enfin ! Tout le monde demande tout à l’Etat, aussi M. le Préfet pourquoi me priverai-je de « faire comme tout le monde » alors qu’ici à Wattrelos il y a tant de besoins sociaux et financiers à satisfaire ?

 

            L’Etat, c’est vrai, n’est pas pingre avec ses collectivités : de mémoire de Maire je l’affirme, jamais un gouvernement n’a accordé autant de soutiens aux collectivités locales : Les dotations ne baissent plus, elles augmentent pour les communes les plus pauvres, même si j’aimerai que dans ce pays on pense plus « zones urbaines » que « zones rurales » car si je ne nie pas les difficultés des secondes, il faut bien admettre que ce sont dans les premières, et donc chez nous, dans nos villes, dans nos quartiers, que se concentrent les « bombes » sociales possibles de demain : pour les spécialistes, mon propos est donc de dire : la DSR c’est bien, mais la DSU c’est mieux !

 

            Président du Conseil de Surveillance du Centre Hospitalier de Wattrelos, de même, je le reconnais volontiers : jamais l’Hôpital n’a reçu autant d’argent des pouvoirs publics, que ce soit en fonctionnement qu’en investissement ! Mais, en ayant une pensée forte ce soir, pour nos soignants, la difficulté hospitalière majeure actuelle est celle des compétences et des possibilités de recrutements, que ce soit de médecins ou d’infirmiers. Sinon sur le plan financer, ça va.

 

            Alors, M. le Préfet, me direz-vous, n’aurai-je rien à vous demander ?

 

            Oh que si, vous le devinez bien. C’est qu’ici votre serviteur, et son équipe, ont les yeux de Chimène pour la DSIL, Dotation de Soutien à l’Investissement Local qui porte bien son nom, et surtout pour le « Fonds Vert », doté de 2 Mds €, dont le Gouvernement a annoncé le déploiement pour 2023 : et cela tombe bigrement bien, puisque, comme je l’ai évoqué il y a un instant, Wattrelos, dans le nouveau contexte financier et budgétaire actuel a décidé d’engager une accélération de ses investissements de transition écologique, et notamment d’économies d’énergie. La MEL fait déjà beaucoup avec son Fonds de Concours « Bas carbone » : avec le « Fonds Vert » de l’Etat, nous pourrions faire plus vite et donc mieux ! J’ai même cru lire que les crédits de ce « Fonds Vert » pouvaient abonder le financement d’équipements publics tels que… les piscines !

 

            M. le Préfet, vous l’aurez compris : pour dépenser utilement, vous pouvez compter sur Wattrelos ! Je ne vous dirai pas « je suis votre homme », mais « je suis votre Maire » ! Avec votre écoute, et votre très espérée bienveillance, vous me feriez passer de « vert d’espérance » à « vert de bonheur » ! Merci d’avance.

 

            Mesdames et Messieurs, vous l’aurez vous aussi compris, Wattrelos a des projets, pour 2023 (et bien au-delà !) et se mobilise pour les défendre et les réaliser, et, mais ça aussi vous le savez, ce que je viens de citer n’est pas exhaustif. Il y a bien d’autres enjeux en 2023, de sécurité scolaire, de vidéoprotection, de réussite éducative, d’emploi, de jeunesse, d’action sociale, d’aides à nos ainés avec notamment d’importants travaux de rénovation dans les Résidences Autonomie, ou d’aménagements et de cadre de vie.

            Mais pour que tout cela se fasse, puisse se faire, j’ai besoin, Wattrelos a besoin de vous ! Besoin de vos compétences, de votre engagement, de vos réflexions, de votre entregent, de votre talent à convaincre, de votre mobilisation pour nos dossiers, de votre présence sur le terrain, et donc Wattrelos a besoin de vous, en forme, heureux et en bonne santé.

 

            Aussi est-ce, comme à l’accoutumée, avec affection surtout et intérêt un peu, qu’au nom de l’Administration Municipale je forme des vœux très chaleureux pour chacun d’entre vous, des vœux de santé pour vous et vos proches, de bonheur petits et grands – ceux que vous vous fabriquerez en oeuvrant pour Wattrelos, mais aussi ceux personnels et familiaux avec celles et ceux que vous aimez – et si vous rencontrez la peine ou la tristesse au cours de cette année des voeux d’apaisement prompt et de quiétude rapidement retrouvée. Très bonne année 2023, sincèrement.

 

            De tout cœur, soyez heureux en 2023 ! Si vous l’êtes, nul doute que les Wattrelosiens le seront aussi.

Partager cet article
Repost0
1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 13:35
Le retour au plein emploi est à portée de main. Mon discours lors de la cérémonie de remise des médailles du travail du 1er mai 2022

Madame la Députée,

Madame la Conseillère Départementale,

Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,

Chers médaillés,

 

 

Vous recevoir ce matin en ce 1er mai est triplement symbolique : d’abord parce que c’est l’occasion de vous remettre dans un instant votre médaille du Travail ; ensuite de le faire le jour de la « Fête du Travail », celle où l’on fête celles et ceux qui oeuvrent, qui travaillent chaque jour pour gagner leur vie et celle de leur famille : enfin parce que ce jour est celui où traditionnellement on s’offre, à commencer à ceux que l’on aime, ce brin de muguet censé conférer du bonheur pour aujourd’hui et pour demain. Sans vouloir être trop long dans ma prise de parole, j’inscrirais donc mon propos dans ces 3 dimensions.

 

 

I – D’abord disais-je cette journée est la vôtre, celle de votre médaille

 

  •             C’est une tradition à Wattrelos que de procéder à la remise de la Médaille du Travail le 1er mai. Pourquoi ? Tout simplement pour vous mettre à l’honneur. Oui, vous mettre à l’honneur vous les médaillés des deux promotions du 14 juillet 2021 et du 1er janvier 2022.

 

Vous le valez bien ! Sur ces deux promotions vous êtes : 25 wattrelosiens médaillés « Grand Or », c’est-à-dire pour 40 années de travail ; 18 médaillés « Or », pour 35 années ; 22 médaillés « Vermeil » pour 30 ans ; et 40 médaillés pour 20 années de travail. Soit au total 105 médaillés pour, tous ensemble, 3 090 années de travail !

 

Comme j’aime les symboles qui marquent, retenez celui-là : si vous aviez commencé à travailler les uns après les autres, le premier d’entre vous aurait commencé à travailler … 1 000 ans avant Jésus-Christ !

 

Alors, Mesdames et Messieurs, respect ! Par ma voix votre municipalité tient à vous féliciter pour toutes ces années, vous dire son respect, et notre reconnaissance car quelle que soit votre profession, votre quartier, vos activités associatives ou personnelles, que vous ayez toujours vécu ou plus récemment à Wattrelos, vous avez apporté votre contribution à l’évolution de Wattrelos, à ses changements, à sa modernisation et à ses progrès.

 

  • La médaille d’Honneur du Travail, rappelons-le a été créée par un décret du 15 mai 1948, lequel fusionnait en une seule et même décoration la médaille d’honneur du Ministère du Commerce et de l’Industrie, et celle du Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale : la première avait été créée en 1886, à l’époque du développement de l’industrie, la seconde en 1913 avec la progression des lois sociales, une médaille que l’histoire avait dénommée en expression courante, la médaille des « vieux serviteurs ».

 

Au-delà de cette parenthèse historique, que faut-il retenir ? Eh bien que cette médaille a pour but d’assurer la reconnaissance par la République de l’ancienneté et de la qualité des services d’un salarié, et en l’occurrence les vôtres Mesdames et Messieurs. Et s’agissant d’une distinction honorifique, il s’agit bien en vous épinglant cette médaille, j’ai bien conscience de son importance.

 

  • Car cette médaille n’est pas qu’un bout de métal accroché à un morceau de tissu. Elle est bien plus que cela : elle est vous, elle est votre vie.

 

Elle est votre vie professionnelle, et quand on sait la part qu’a notre vie professionnelle dans une journée, et donc dans notre vie de chacun, il est plus que vrai que cette médaille raconte votre vie !

 

Elle raconte la sortie d’école, le premier emploi, les premières joies, les premières désillusions. Elle raconte les apprentissages, les formations, les rencontres sur le lieu de travail, les amitiés, parfois les amours. Elle raconte les mutations, les changements de poste, les tensions sociales parfois, les colères, les conflits, mais aussi les moments de bonne humeur, les sorties ou papotages entre collègues, les vacances, la scolarité des enfants qu’on se raconte, les évènements familiaux qu’on partage, car la vie au travail c’est aussi une vie sociale.

 

Mais cette médaille raconte aussi les levers au petit matin, les départs pour le bureau ou l’atelier par tous les temps, les retours le soir, la difficile conciliation entre les horaires de travail, ceux de l’école, du conjoint ou les problèmes de courses ou de vie quotidienne.  Elle raconte encore les pièces à produire, ou les dossiers à remplir, ou les clients à satisfaire, les nouvelles fabrications qui ne peuvent attendre, les nouvelles techniques informatiques ou de management à mettre en oeuvre, la réussite de l’action individuelle ou collective demandée.

 

Cette médaille, elle est la fatigue de votre labeur et la satisfaction de votre travail accompli.

 

Aussi cette médaille, soyez en fiers. Arborez-la, exhibez-la, affirmez-la ! Elle est votre vie, et évidemment, c’est d’autant plus vrai pour les médaillés « Grand Or » et « Or », car elles seront peut-être les dernières avant la fin de votre activité professionnelle, et votre droit à une retraite bien méritée. Et pour celles et ceux mis à l’honneur pour vos 20 ou 30 années, cette médaille se veut autant qu’une reconnaissance une étape importante de votre vie.

   

 

 

II – Cette médaille, à Wattrelos, la tradition est de vous la remettre le 1er mai, jour qui fait référence au 1er mai 1884 où les syndicats ouvriers américains décidèrent de se mobiliser afin de revendiquer la journée des 8 heures (ce qu’ils obtiendront en 1886), un 1er mai qui est devenu à partir du 1er mai 1890 jour de manifestation ouvrière en France.

 

Le 1er mai est une journée historique pour le monde du travail. Nul n’a oublié le 1er mai 1891 où, à Fourmies, l’armée tire sur des manifestants venus réclamer la libération de grévistes interpellés, faisant 9 morts, dont un enfant et 4 jeunes femmes avec parmi elles Maria Blondeau à qui notre municipalité a décidé de donner, en hommage, le nom d’une rue.

 

On se souvient aussi de la grande manifestation du 1er mai 1906 à Paris, toujours sur le thème de la journée des huit heures, où les heurts furent tels entre police et manifestants que 800 personnes furent arrêtées.

 

On se souvient aussi du 1er mai 1919 où la loi légalise la réduction du temps de travail à 8 heures par jour, un 1er mai dont le Gouvernement issu de la Résistance reconnaitra en 1946 le caractère chômé, et qui deviendra férié et chômé en 1948, ce qu’il est resté depuis lors.

 

 

 

III – Pour autant, autour de cette journée de 8 heures, tout au long du XXème siècle, et en ce début de XXIème, le monde du travail a beaucoup changé.

 

Il y a quelques années encore, une forme de fatalisme frappait le monde du travail : Avec la désindustrialisation, certains auteurs prévoyaient « une France sans usines » ; avec les nouvelles technologies, d’autres n’hésitaient pas à « Réinventer le travail sans l’emploi ».

 

Aux inquiétudes de robotisation, d’automatisation, de flexibilité et de libéralisation d’avant-hier, ont succédé celles de la fragmentation, de la préconisation, et de l’uberisation.

 

C’est dans ce contexte que la crise sanitaire a rebattu les cartes en profondeur.

 

D’abord sur le front de la création d’emplois.

 

Qui l’aurait cru à l’été 2020, quand la plupart des économistes prévoyaient un tsunami de licenciements ? L’INSEE annonçait alors redouter 800 000 destructions d’emplois. Aujourd’hui l’emploi salarié a à l’inverse franchi la barre des 20 millions d’emplois, un niveau jamais atteint !

 

Certes, avant le déclenchement de la crise, il y avait eu des réformes en profondeur, telles les Ordonnances de 2017, des freins levés à l’embauche, la baisse des cotisations sociales, et donc du coût du travail, la réforme de l’apprentissage, les primes à l’embauche du plan de relance.

 

Et pour aider à sortir de la crise, il y eut le « quoi qu’il en coûte », le soutien aux entreprises et aux salariés avec les Prêts garantis, le Fonds de solidarité, la prise en charge massive et durable du chômage partiel. Le tissu productif a été protégé ; il a surtout pris conscience de ses faiblesses.

 

Mais la crise sanitaire, par-delà les douleurs et souffrances qu’elle a occasionné dans les cœurs et dans les corps, aura eu sur le plan économique un effet inattendu : elle a provoqué une prise de conscience collective majeure qu’avoir des productions, et donc des usines, sur notre territoire, était indispensable, que le retour à une plus forte indépendance économique et énergétique était fondamental. De vastes moyens dans les plans successifs, comme par exemple les 100 Mds € du Plan de Relance, ont boosté ainsi les investissements et la recherche, et relocalisé en France ou en Europe des productions qui jusqu’alors se faisaient ailleurs.

 

Il y a aussi eu une prise de conscience d’une indispensable mobilisation pour augmenter l’accès à l’emploi des Français : maintenant que le plein emploi est possible, il faut y arriver, et pour cela augmenter l’employabilité en adaptant les compétences.

 

Le taux d’emploi des 15-64 ans est de 67 % en France, contre 76 % en Allemagne. C’est la désindustrialisation d’hier qui explique que ce taux d’emploi soit chez nous inférieur de 9 points de ce qu’il est en Allemagne.

 

Tous les modèles économiques le pointent : si nous avions le même taux d’emploi que nos voisins d’Outre-Rhin, nous aurions en France une production plus forte (et donc des revenus plus élevés), des recettes fiscales plus fortes pour l’Etat (et donc un déficit et une dette publics plus faibles), et une balance commerciale plus favorable.

 

C’est dire l’enjeu de l’amélioration des compétences, des savoir-faire, et donc de la formation.

 

C’est dire l’importance de l’aide au retour à l’emploi : d’où l’intérêt de la création de « France Travail », qui remplacera Pôle Emploi, pour mieux coordonner les acteurs chargés de l’emploi ou de l’insertion, et notamment rapprocher Pôle Emploi et le système de formation professionnelle.

 

C’est dire l’intérêt du « contrat d’engagement » mis en place pour les jeunes, car il permet de ramener rapidement les jeunes vers un emploi.

 

C’est dire l’intérêt des progrès considérables réalisés sur l’apprentissage : s’il n’étaient que 200 000 il y a quelques années, ce sont dorénavant 720 000 contrats d’apprentis signés.

 

C’est dire l’intérêt de renforcer tout ce qui améliore l’orientation des jeunes, ou les lycées professionnels.

 

Cette question du taux d’emploi est la clé de notre avenir collectif. J’en suis convaincu : aller vers le plein emploi, travailler plus nombreux, pour produire plus est la condition pour vivre individuellement et collectivement mieux, et pour éviter de payer plus demain. L’allégement des dettes d’hier passe par l’emploi de demain.

 

A Wattrelos aussi notre mobilisation est complète et nous œuvrons dans 3 directions :

 

  • accueillir de nouvelles entreprises et aider celles déjà présentes dans leurs projets d’investissements : qui ne peut se féliciter de l’arrivée de Log’s, grand logisticien national, à Wattrelos qui vient d’y ouvrir 122 000 m² de bâtiments, 10 % de sa force de frappe nationale et y créera 400 à 500 emplois ? Sur le site de la Lainière 2022-2023 verront s’installer les premières entreprises, redonnant à ce site une part des emplois perdus en 2004, enfin !

 

  • se mobiliser sur la jeunesse avec une Mission Locale qui ne cesse de conforter son implantation, comme à Beaulieu l’an dernier, et de développer des forums pour l’emploi et ses projets, à tel point que le nombre des demandeurs d’emploi moins de 25 ans aura diminué de 50 % en 10 ans sur notre ville !

 

  • être vigilant sur la formation, par exemple via l’OMEP notre outil de formation permanente, et l’insertion des personnes les plus éloignées de l’emploi.

 

Développer et ouvrir le réseau routier pour améliorer l’attractivité du territoire pour les investisseurs et favoriser la mobilité des salariés ; aménager 70 hectares de parcs d’activités ; traiter et redonner un présent et un avenir aux 90 hectares de friches industrielles textiles d’hier pour améliorer le cadre de vie et si possible y faire renaître des activités économiques en même temps qu’en y construisant des logements si nécessaires aux wattrelosiens ; agir vite pour assurer la reconversion des 35 hectares de bâtiments et espaces laissés en friche par le départ de la Redoute : le travail des élus et du maire que je suis n’a assurément pas manqué toutes ces années, mais mon énergie n’avait qu’un seul but, un seul objectif : l’emploi ! Un travail pour les wattrelosiennes et les wattrelosiens, pour leur donner le moyen de vivre dignement et d’élever leur famille.

 

*

 

Mesdames et Messieurs, Cher(e)s Médaillé(e)s, elle peut paraître comme un symbole heureux en cette Fête du Travail : l’annonce ces tous derniers jours d’une baisse de – 5 % du  nombre de demandeurs d’emploi au 1er trimestre 2022, après la baisse de - 5,7 % au 4ème trimestre 2021, soit une diminution de 360 000 demandeurs d’emploi en 6 mois ! Elle est de fait le message clé de ce 1er Mai 2022 : le retour au plein-emploi n’est plus utopique, il est à portée de mains…

 

Alors, proclamons, revendiquons plus que jamais en ce 1er Mai 2022 le droit au travail pour toutes et tous. Et que ce brin de muguet que nous humons tous avec bonheur, et que dans un instant je vous offrirai, Chèr(e)s Médaillé(e)s, soit gage d’une bonne retraite pour celles et ceux parmi vous pour qui elle approche, d’une bonne continuation pour celles et ceux qui ont encore à travailler, et de bonheur pour toutes et tous. Bonne Fête du 1er Mai !

Partager cet article
Repost0
18 avril 2022 1 18 /04 /avril /2022 08:43
Mon discours de la cérémonie des Jubilaires de Pâques le 18 avril 2022

Bien Chers Jubilaires,

Mesdames, Messieurs,

 

                  « Aimer, aimer, tout le reste n’est rien » : avec quelques mots simples, Jean de La Fontaine aura écrit une phrase parmi les plus belles, les plus fortes de la langue française, et si, en écho, je cite Alfred de Musset qui, lui, écrivit « Et vous aurez vécu, si vous avez aimé », j’aurai trouvé pour vous accueillir, Chers Jubilaires, les deux phrases qui vous vont le mieux.

 

                  A Wattrelos, dans « une ville au cœur qui bat », on aime qu’on s’aime ! Depuis 1952, 1957, 1962 ou 1972 qui furent l’année de votre mariage, sur une terre de labeur, ouvrière, industrielle comme la nôtre, nous savons tous que sur une telle durée il y eu des moments difficiles, des peines, des douleurs ; guerres de décolonisations, crises économiques, sociales, fermetures d’usines, problèmes de santé ont pu obscurcir parfois votre ciel. Des doutes, des découragements, ont pu çà et là exister, et c’est bien normal, c’est humain ! Mais après les nuages et les orages, l’horizon s’est dégagé, le bien être est revenu, vous avez poursuivi votre route. Comment avez-vous eu une telle force pour affronter les obstacles ? Par amour tout simplement…

 

                  Parce que vous savez que c’est LUI, parce que vous savez que c’est ELLE. Parce qu’il est votre chemin, parce qu’elle est votre force. Parce que votre cœur s’accélère quand l’autre est là, parce que le jour n’a plus de saveur et qu’il vous manque tant quand votre double n’est pas près de vous.

 

                  Parce que, comme l’écrivait Alfred de Musset « Je ne sais pas où va mon chemin mais je marche mieux quand ma main serre la tienne »…

 

                  Et vous marchez, et vous la serrez cette main, et cela dure depuis tant d’années !

 

                  C’est pour vous rendre hommage, à vous, à votre amour, à ces années passées, à ces obstacles franchis, à ce bonheur vécu, que cette cérémonie existe. Pour vous. Rien que vous vous.

          Par précaution sanitaire, cette cérémonie se déroule à nouveau au Centre socio-éducatif devenu Hôtel de Ville pour quelques heures. Mes services ont veillé à ce que néanmoins le décor pour vous accueillir soit aussi solennel que possible, et digne de vous. Je les en remercie chaleureusement : ils ont fait du beau travail.

 

          Avec mon équipe, je veux que cette journée pour vous soit magnifique.

 

          Magnifique, elle l’est pour moi, pour tout notre Conseil Municipal qui, par ma bouche, tient à vous exprimer mon profond respect et notre affection : par votre amour inaltérable, vous faites honneur à Wattrelos ! Cela vaut bien que notre ville vous fête.

 

          Magnifique, cette journée l’est aussi pour votre famille, vos enfants, vos amis, tous ceux qui vous aiment, tant ils ont envie, eux aussi, de vous dire leur affection et leurs congratulations : ils ont vécu avec vous beaucoup de choses, et votre amour, ils l’ont si souvent partagé que leur plaisir est grand de pouvoir aujourd’hui vous en féliciter.

 

          Mais cette journée, je le sais, est magnifique surtout pour vous, elle est la vôtre ! Vous y pensez depuis longtemps, pas simplement comme un cap à franchir, comme une reconnaissance. La reconnaissance que, comme le disait la sublime Michèle Morgan, « le bonheur existe. Il est dans l’amour ».

 

          Alors je vous propose que chacun de vos bonheurs je les retrace maintenant successivement, en commençant bien sûr par là où tout a commencé : l’année de votre mariage.

 

 

● Mesdames et Messieurs, Chers Collègues, évoquons donc d’abord bien sûr l’année 1952, avec surtout quelque chose d’exceptionnel dans la vie du maire que je suis et aussi dans la vie en général : c’est un couple exceptionnel que nous accueillons ! En effet, très Chère Arlette, très Cher Jean, c’est la 4ème fois qu’avec les élus municipaux je vous reçois pour vos Jubilaires : ce fut pour vos 50 ans, puis 60, puis 65 ans de mariage, et ce matin, vous qui avez bien connu et fréquenté mes parents, croyez-bien que c’est avec un infini bonheur que je vous accueille pour vos 70 ans de mariage !!!

 

C’est tant d’amour qu’une telle vie, un tel destin ! Vous êtes le seul couple à célébrer ce jour vos noces de platine, et nul doute que, Cher Jean, avec votre passé sportif, vous goûtez avec délectation votre première place conjugale sur le podium !

 

Chère Arlette, Cher Jean, c’est une belle histoire superbe que la vôtre, et nous vous admirons, je vous admire personnellement tant ! J’aurai tant aimé que mes parents, vos amis, m’offrent cette joie… Quelle aventure que votre vie !

 

En 1952, la situation internationale connait des soubresauts, notamment avec l’Union soviétique qui impose le rideau de fer en RDA et abat des avions de ligne européens, ou la nervosité des Etats-Unis avec la Chine et surtout la Corée qu’ils bombardent. Eisenhower est élu Président cet automne-là.

 

La France, où Edgar Faure est Président du Conseil, doit faire face à des attentats et tensions en Indochine, mais aussi en Tunisie et au Maroc. Dans un autre registre, Antoine Pinay lance son trop célèbre Emprunt d’Etat indexé sur l’or, et Renault ouvre son usine de Flins et y fabrique ses emblématiques « Frégate ». Autre caractéristique de cette année, il fait très chaud l’été 1952 !

 

Chers Jubilaires, vous aurez sans nul doute surtout retenu que l’année s’ouvre sur la mort du Roi d’Angleterre, George VI, et l’arrivée au trône d’une jeune reine Elisabeth II : son jubilé est le vôtre, vous qui avez aussi 70 ans de règne au royaume du Cœur !

 

Le sportif que vous êtes, Cher Jean, n’aura pas oublié les Jeux Olympiques d’Helsinki cette année-là, ni que Rik Van Steenbergen gagne le Paris-Roubaix dans un duel acharné avec Fausto Coppi, lequel prend sa revanche en gagnant le Tour de France !

 

Si cette année-là, à la télévision Jean Nohain lance ses « 36 chandelles », Fernandel tourne « Le petit monde de Don Camillo ». Au cinéma on passe des films avec des couples prometteurs, tels le sensuel « Le Plaisir » de Max Ophüls avec Gaby Morlay et Danielle Darrieux, l’inoubliable « Casque d’or » avec Serge Reggiani et Simone Signoret, « Le Train sifflera 3 fois » avec Gary Cooper et Grace Kelly, ou encore le fulgurant et séduisant « Fanfan la Tulipe » où Jean/Gérard Philippe vibre d’amour pour son Arlette/Gina Lollobrigida.

 

Si vos cœurs chavirent, les temps sont encore difficiles pour les wattrelosiens en 1952 : quêtes et manifestations de bienfaisance sont nombreuses, les rues sont encore souvent en terre, peu sont macadamisées et la ville souffre de nombreux vols… de vélos !

 

Mais le goût de la fête et de revivre après les années de guerre est aussi très présent : kermesse au Nouveau Laboureur, fêtes de la rue Gabriel Péri et élection du « maire de la commune libre », réjouissances champêtres à la Baillerie et aux Couteaux, fêtes du Plouys, marché aux fleurs, fête des écoles… C’est aussi l’âge d’or de la Bourle, avec en particulier les Sans souci du Nouveau Monde et les Boxeurs de Beaulieu de Marcel Buyck que, j’en suis sûr, vous avez bien connu Cher Jean ; des bourleux que le maire de l’époque Albert D’Hondt reçoit officiellement à l’Hôtel de Ville.

 

          Le Cardinal Liénart, lui, vient inaugurer l’école maternelle Sainte-Thérèse au Laboureur, et la Maison de l’Enfance reçoit la visite de Prince Louis Napoléon ! Au Sapin Vert, des habitants gagnent à la loterie nationale un gros lot de 800 000 francs.

 

          Tout cela, Chers jeunes époux, vous importe sans doute peu ; le gros lot c’est vous qui l’avez, et pour la vie ! Certes Arlette, vous n’avez certainement pas écouté ceux qui, comme Georges Brassens, vous prévenaient d’un « Gare au gorille » ; pour vous, comme pour Line Renaud, votre Jean, il est votre « P’tite folie », votre « petit grain de fantaisie », lui « qui bouleverse », lui « qui renverse »… mais que vous « aimez à la folie ». Il est « cet air qui vous obsède jour et nuit » que chante Edith Piaf, laquelle comme vous se marie cette année-là.

 

          C’est que la mélodie se fait romantique en 1952. Bien sûr, il y a Patachou qui vante « le bonheur d’avoir un mari bricoleur », il y a la môme Piaf qui avec son époux, Jacques Pills enregistre « Et ça gueule ça Madame » ; il y a même Pierre Dudan qui peut faire réfléchir un fiancé quand il interprète :

« Qui c’est qui t’aime comme un caniche / Moi… moi

Qui te fait des doux yeux de biche / Moi… moi

Qui c’est qui trime qui fait le ménage

Et quand tu lis te tourne les pages

Qui c’est qui bosse pendant la semaine

Même le dimanche quand tu te promènes »… évidemment « Moi… moi ».

 

          Tout un programme ! Mais cela ne vous décourage pas Cher Jean.

 

          Avec André Claveau, tel « un ver de terre / amoureux d’une étoile », vous lui offrez « Deux chaussons de satin blanc », vous lui promettez cette « Route fleurie » que chantent Georges Guétary, Annie Cordy et Bourvil ; vous lui expliquez avec Luis Mariano que « L’amour est un bouquet de violettes » et l’invitez à « cueillir ensemble ces fleurettes ».

 

          Mais surtout tous deux, vous partagez cette promesse de Lucienne Delyle :

« Tant que nous nous aimerons

Sur la route du bonheur

Deux étoiles brilleront

Pour éclairer nos deux cœurs

Tant que nous nous aimerons

Nous aurons toujours vingt ans »…

 

          Lucienne Delyle est aussi l’inoubliable interprète, joli symbole, de « Mon amant de Saint Jean » ! Vous voyez comme le monde est parfois bien fait.

 

          Chère Arlette, Cher Jean, du fond du cœur, très très bel anniversaire de 70 ans de mariage !

● Cinq ans plus tard, voilà l’année 1957 et deux couples que j’ai déjà aussi accueillis il y a 5 ans pour leurs noces de diamant, Gisèle et René, Nicole et Emile, et qui célèbrent cette fois leurs noces de palissandre, 65 ans de mariage ! Vous vous suivez avec Arlette et Jean ! Et ce n’est que du bonheur de vous retrouver tous ici réunis devant nous avec cinq ans de plus !

 

Je vous ai donc déjà rappelé ce que fut cette année 1957 où vous vous épousâtes, mais je vais le refaire ce matin.

 

1957, pour la jeunesse wattrelosienne, ce sont deux grands moments.

 

Le premier, c’est l’Algérie, une guerre qui ne dit pas encore son nom, qui de crise en crise fait tomber les gouvernements (celui de Guy Mollet tombera cet été-là), qui d’attentats en arrestations crée une terrible actualité, et surtout qui enrôle les jeunes hommes de longs mois pour aller combattre, les éloignant de leurs proches, et laissera sur les corps et dans les têtes des blessures qui ne cicatriseront jamais. En décembre, la France mobilise 400 000 hommes.

 

L’autre moment en 1957, davantage porteur d’espoir, est la création du Marché Commun à Rome ; 6 Etats-membres s’unissent pour développer les économies et consolider la paix : ils sont dorénavant 27 dans l’Union Européenne. Pas sûr que, tout jeunes et dans vos émois, Chers Jubilaires, vous ayez senti alors l’importance de ce qui se jouait là.

 

Vous avez peut-être été plus intéressés par le lancement du premier satellite Spoutnik, puis du premier animal dans l’espace, la chienne Laïka. Et vous avez sans doute vibré avec Jacques Anquetil qui gagne le Tour de France.

 

Peut-être avez-vous été touchés par les disparitions d’Humphrey Bogart, de Sacha Guitry, ou, Mesdames, de Christian Dior. A la télévision ce sont les premiers épisodes de « Zorro ». Au cinéma « Le Pont de la Rivière Kwaï » ou « Sissi face à son destin » vous divertissent, et « Et cas de malheur », avec Jean Gabin et Brigitte Bardot vous… comment dire… vous émeut.

 

A Wattrelos, en cette période, la population augmente rapidement, les écoles ne sont pas assez nombreuses, on compte plus de 40 élèves par classe, et la ville manque d’eau potable.

 

En avril, la ville achète « l’Hôtel du Carillon » à Wimereux pour accueillir des colonies de vacances. Mais surtout c’est la visite de celle que je citais tout à l’heure, la reine d’Angleterre Elisabeth II à la Lainière qui marquera les esprits.

 

Et aussi, fin mai, la mort d’un de mes prédécesseurs, Albert D’Hondt : élu au Conseil municipal en 1925, adjoint en 1935, il est maire depuis 1947 et meurt à à peine 68 ans. Jean Delvainquière est alors élu dans une atmosphère que la presse qualifie alors de « fiévreuse ».

 

Mais votre fièvre à vous, Gisèle et René, Nicole et Emile, n’a rien de politique. Elle est toute autre. Par respect pour vos rhumatismes d’aujourd’hui je n’évoquerai pas vos déhanchements d’alors sur les musiques de Bill Haley, Buddy Holly, Elvis Presley et Chuck Berry. Je ne crois pas davantage, Gisèle et Nicole, que vous partagiez la préoccupation de Coccinelle qui, alors, chantait :

« Je cherche un milliardaire,

Un type riche qui voudra bien de moi

Qui aurait pour bibi beaucoup d’égards »…

                   

          Et je ne pense pas, René et Emile – quoique – vous écoutiez ceux qui vous vantent « cigarettes, whisky et p’tites pépées », vous savez cette chanson qui vous promet « une blonde à mes lèvres, et l’autre dans mes bras ! »

 

          Heureusement, cette chanson a une morale puisqu’elle reconnait que « les p’tites pépées c’est fatal pour le cœur ».

 

          Eh non, vous êtes fleur bleue à l’époque, Chers Jubilaires. Ah Messieurs, vous n’êtes encore que des « Bambino », et comme Dalida, vos parents vous préviennent « Je sais bien que tu l’adores / et qu’elle a de jolis yeux / mais tu es trop jeune encore ».

 

          Trop jeunes ? Trop jeunes ? C’est mal connaître René et Emile ! Intrépides, ils attaquent,… il faut dire que Magali Noël les encourage :

« Fais-moi mal, Johnny

Envole-moi au ciel

Moi j’aime l’amour qui fait boum…

Et de préciser :

« Il m’a suivi jusqu’à ma piaule

Et j’ai crié, vas-y mon loup ! »

 

          Et si Louis Lafforgue vous vante les attraits de « Julie la Rousse », celle « dont les baisers font oublier », la chanson que fait chanter Jean Constantin à Zizi Jeanmaire « Mon truc en plumes » vous questionne. Qu’est-ce donc ? Un truc en plumes, c’est…

« C’est très malin,

Rien dans les mains

Tout dans le coup de rein »

« Ca vous caresse

Avec ivresse

Tout en finesse. »

 

          Et vos questions René et Emile se font pressantes quand la chanson se termine par « Viens mon brigand

Dormir dedans

C’est pas sorcier

Viens l’essayer ».

 

          Alors, c’est dit ! Avec de tels encouragements, je comprends que Gisèle et Nicole aient pu trouver avec Dalida que « Depuis toujours j’avais rêvé d’un ange / Mais avec toi, vraiment ça me change. »

          Mais à l’un et à l’autre, elle complétait : « Tu as des petits à côtés / qui m’obligent à te pardonner. »

 

          Et voilà que les couples se forment, qu’à deux vous entonnez avec Guy Béart « Qu’on est bien dans ces bras-là » ; avec le Père Duvan « Qu’est-ce que j’ai dans ma p’tite tête / A rêver comme ça le soir ». Et René et Emile, vous êtes convaincus comme Jean Bertola : « Dans tes draps blancs dès ton réveil / les yeux de ta femme sont comme des soleils. »

 

          Charles Aznavour vous donne un projet de vie : « Quand l’amour sur vous se penche / pour vous offrir des nuits blanches », alors Chers Jubilaires, 65 ans après, comme dit la chanson « Y’a plus rien à regretter. »

 

          Car l’un à l’autre, l’un pour l’autre, vous pourriez reprendre cette chanson de Gilbert Becaud : « Comme l’argile / comme l’insecte fragile / comme l’esclave docile / je t’appartiens... » Vous vous appartenez l’un l’autre, et maintenant vous le savez, ce sera pour toujours !

 

          Très Bon Anniversaire de palissandre, Gisèle et René, Nicole et Emile !

          ● L’année 1962 est celle du mariage de nos 8 couples qui, ce matin, fêtent leurs noces de diamant ! Ne nous y trompons pas, si l’année 1962 s’ouvre sur le lancement du paquebot France pour sa première croisière vers les Canaries, l’actualité loin d’être souriante est contrastée.

 

          Au niveau international, c’est tendu plus que jamais. Le projet d’installation de fusées soviétiques pointées vers les États-Unis suite à un accord entre Fidel Castro et Nikita Khrouchtchev, provoque « la crise de Cuba », qui a failli précipiter le monde dans une 3è guerre mondiale ! Depuis 1945, on n’en a jamais été si proche.

 

          En France, bien sûr, l’actualité majeure reste la crise algérienne, mais cette fois pour son dénouement. Après tant d’années de conflit, et alors même qu’aux attentats de l’OAS répondent des manifestations anti-OAS, les Accords d’Evian sont signés, et le cessez-le-feu ordonné par le général Ailleret le 19 mars 1962 sonne le repli. Le peuple français les approuve par référendum. Le service militaire passe de 26 à 24 puis à 18 mois. Les généraux Salan et Jouhaud sont arrêtés. Georges Pompidou devient Premier Ministre. Et si en Algérie des mois de terreur suivront encore, l’indépendance sera proclamée en juillet.

 

          Après cette guerre qui se termine enfin, d’autres soubresauts secouent le pays : le Général de Gaulle échappe de peu à un attentat au Petit-Clamart, l’Assemblée nationale est dissoute, la Cour militaire de Justice abolie, et un référendum acte l’élection du Président de la République au suffrage universel… que nous connaissons toujours.

          Tout cela ne fait pas une toile de fond apaisée pour nos jeunes tourtereaux qui apprendront aussi en 1962 les premiers essais atomiques de la France au Sahara, un tremblement de terre qui fait 20 000 morts en Iran, le crash à Orly du Boeing Atlanta-Paris, le suicide en août de Norma Jean dite Marylin Monroe ou la mort de l’ancien Président René Coty.

 

          Heureusement que cette année-là, en sport, les français raflent la mise. Le XV de France de rugby gagne le Tournoi des 5 Nations. Michel Jazy bat le record du monde du 3 000 mètres. Jacques Anquetil (encore lui) gagne son 3è Tour de France, après une âpre compétition avec Rik Von Looy et Raymond Poulidor ; et Jean Stablinski est champion du monde de cyclisme sur route.

 

          A la télévision c’est le premier jeu d’Intervilles, et surtout la première diffusion (qui durera jusqu’en 1976 !) de « Bonne nuit les petits »… mais ça ne devait pas être je crois, Chers Jubilaires, votre émission préférée.

 

          A Wattrelos, à la cérémonie des jubilaires il n’y a que 4 ménages reçus à l’Hôtel de Ville. Très rurale encore la ville connait en septembre une procession des moissons. On macadamise nombre de rues au Laboureur et autour de la rue Gabriel Péri, et on se plaint des problèmes de circulation et des bouchons dans le Centre-ville : ainsi, devant le Coin Fleuri d’aujourd’hui, Nord Eclair pointe à l’heure d’affluence 4 autos, 3 vélos et 6 mobylettes ! Aujourd’hui on en rirait, à l’époque on en râlait !

 

          En juillet, le Maire Jean Delvainquière annonce le lancement du projet de ZUP à Beaulieu, provoquant immédiatement des protestations et la création d’un Comité de défense.

 

          Les réfrigérateurs, les essoreuses, très prisés… sont les lots les plus courus dans les lotos et tombolas : le monde moderne de l’électroménager monte en puissance, et un nouveau supermarché s’installe au Laboureur dans l’ancien cinéma Métro. La vie associative, les petits bals et fêtes sont légion ; on aime s’amuser en 1962, et on aime le sport : le derby de l’US et du Sporting est un évènement qui réunit plus de 1 000 spectateurs ! Et, une belle nouvelle, le 21 décembre Wattrelos s’enrichit de sa première centenaire de l’après-guerre, Stéphanie Deprez : ce n’était plus arrivé depuis 1935 !

 

          Mais en 1962, vous les jeunes amoureux, vous avez d’autres pensées. Deux prénoms s’illustrent cette année-là : Lucky Blondo chante la jolie petite Sheila, ce qui donnera son nom de scène à une jeune vendeuse de bonbons, Annie Chancel ; et surtout sœur Sourire vante les mérites de « Dominique » (je ne la démentirai pas).

 

          Bon, votre amoureuse ne s’appelle pas Sheila, Messieurs, et Mesdames votre amoureux ne s’appelle pas Dominique, quelle importance ? Danny Boy (et ses pénitents) ne chante-t-il pas « Croque la pomme »… ? Tout un programme !

 

          Bien sûr Messieurs, vous entendez bien la nouvelle star Claude François vous dire qu’elles sont toutes « Belles, Belles, Belles », mais vous vous en connaissez une plus belle, LA plus belle de toutes ; et si Charles Aznavour vous exhorte « Il faut savoir », vous vous savez ! Il se passe quelque chose : c’est ce « premier amour » que chante Isabelle Aubret à l’Eurovision :

« De tous ces baisers qu’on s’est volés plus que donnés

Ces gestes innocents nous engageaient pour si longtemps »,

Et, comme elle le dit, « un premier amour ne s’oublie jamais ».

 

          L’un et l’autre, aujourd’hui encore, vous n’avez rien oublié ! Bien sûr, ce Richard Anthony qui entendait « siffler le train », Mesdames, ça vous donnait des envies, des idées de voyages, et vous rêviez déjà de voir ce « Mexicain basané » allongé au soleil de Marcel Amont, avec un sombrero sur le nez « en guise, en guise, en guise de parasol ». Oui, mais voilà qu’avec Pierre Perrin, votre chéri vous répond :

« Tout ça n’vaut pas

Un clair de lune à Maubeuge

Tout ça n’vaut pas

Le doux soleil de Tourcoing (coin-coin) ».

 

          Vous, Messieurs, aviez-vous vraiment les mêmes envies ? Ecoutiez-vous chastement Brigitte Bardot chanter « Sidonie », « Parce que pour elle être nue / Est son plus charmant vêtement ». Et aujourd’hui ne vous remémorez-vous pas cette chanson de Michel Simon :

« Tu t’en souviens de notre belle époque

C’était la première fois qu’on s’aimait pour de bon

Tu t’en souviens comme t’as fait des histoires

Pour me laisser cueillir la marguerite aux champs ? »

 

          Sage ou moins sage, vous êtes loin d’être ces « Vilaine fille, mauvais garçon » qu’elle chante par ailleurs, simplement deux amoureux qui montaient tous deux dans le « Chariot » de Petula Clark :

« Si tu veux de moi,

Pour t’accompagner au bout des jours

Laisse moi venir près de toi »…

Et vous, vous dites :

« nous nous en irons,

Du côté où l’on verra le jour

La plaine, la plaine

N’aura plus de frontière

La terre, la terre sera notre domaine »…

 

          Ce furent, Chers Jubilaires, vos « Tendres années », celles de « l’idole des jeunes » et des twists endiablés – que vos genoux d’aujourd’hui ne vous autorisent plus toujours – à St Tropez ou ailleurs, que vos chaussettes aient été noires ou non, vos chats sauvages ou plus calmes, ces années où, avec l’incontournable Johnny, vous avez retenu la nuit, pour vous « deux, jusqu’à la fin du monde », en n’espérant qu’une chose « qu’elle devienne éternelle », et pour le bonheur de vos deux coeurs vous avez arrêté « le temps et les heures ».

 

          Et pour clore ce retour à 1962, je vous rappelle Lény Escudero :

« Pour une amourette

Qui passait par là

J’ai perdu la tête

Et puis me voilà »…

 

          J’ajouterai surtout : Et puis vous voilà, 60 ans plus tard, toujours à deux !

 

          Très très bon anniversaire de diamant, Arlette et Gérald, Julienne et Jean-Claude, Anne-Marie et André, Thérèse et Henri, Jocelyne et René, Thérèse et Michel, Yvette et Francis, Nadine et Auguste !

L’année 1972 s’ouvre sur la disparition, le 1er janvier, de Maurice Chevalier, ce qui vous aura sans doute marqué chers jubilaires d’or. D’autres personnalités disparaitront cette année-là, telles l’ancien Président américain Harry Truman, l’ancien Roi d’Angleterre Edouard VIII, le roi amoureux qui quitta son trône pour l’amour d’une roturière, l’écrivain Jules Romains, ou encore les comédiens Pierre Brasseur et Raymond Souplex : la perruche a perdu son poulet !

 

          Sur le plan international, ça bouge cette année-là. Alors que les Etats-Unis sont empêtrés au Vietnam, dont ils décident le blocus, le Président Richard Nixon, qui sera réélu à l’automne, fait des gestes importants de détente en allant à Pékin rencontrer Mao en février, et à Moscou Léonid Brejnev en mai. Malheureusement ce que le monde retiendra de cette année 1972, c’est la sanglante tragédie des attentats terroristes contre les athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich en septembre. Notre Région vivra, elle, l’assassinat de Brigitte Dewèvre et le début de la terrible affaire de Bruay, irrésolue depuis.

 

          L’Europe bouge cette année-là : le Royaume-Uni, l’Irlande, le Danemark et la Norvège posent leur candidature, et en France le référendum sur l’élargissement de l’Europe obtient 68 % de « oui ».

          Côté vie politique française, retenons la signature par le PS et le PC de leur Programme Commun, tandis qu’en juillet le Premier Ministre Jacques Chaban-Delmas est remplacé à Matignon par le légionnaire Pierre Messmer.

 

          Déjà on se préoccupe d’environnement : à Paris, en avril, 5000 cyclistes défilent contre la pollution et ce qu’ils appellent la civilisation de l’automobile, alors même que la Coccinelle est la voiture la plus vendue et que Renault lance la « R5 » et Peugeot la « 104 » ;

 

          En sports, l’Olympique de Marseille est Champion de France, tandis qu’enmené par Walter Spanghero, le 15 de France bat sévèrement l’Angleterre en rugby. En boxe, l’argentin Carlos Monzon reste Champion du Monde en battant le français Jean-Claude Bouttier. En cyclisme, Eddy Merckx gagne son 4ème Tour de France, devant Gimondi et Poulidor.

          Aux échecs, l’américain Fisher enlève le titre au russe Spassky. A la télévision, « le Mot le plus long » est remplacé par « des chiffres et des lettres » ,  se lance la 3ème chaine et on regarde les premiers épisodes de « Lassie » et des « gens de Mogador ».

 

          Mais les amoureux que vous êtes, Chers Jubilaires, auront surtout retenu comme un symbole le titre du film de Jean-Luc Godard, avec Yves Montand et Jane Fonda : « Tout va bien » !

 

          De fait, au cinéma, la tendance est à la détente ! Bien sûr il y a le dur « Orange Mécanique », mais on rit aussi avec « le Grand blond avec une chaussure noire », « la scoumoune », « Le viager », « L’aventure c’est l’aventure » ou « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »… Vous adorez « Grease », elle est Olivia Newton-John, il est Travolta, si séduisant que vous ne craignez plus, Mesdames, « La fureur du Dragon ».

 

          En 1972, Wattrelos continue de mettre en place de nouveaux équipements publics. On annonce ainsi la construction d’une crèche en Centre-ville, on lance celle de la Maison des Jeunes de la Mousserie en évoquant le projet d’une autre à la Martinoire. S’annoncent aussi un nouveau foyer-logement au Mont-à-Leux et la création d’un espace vert de 20 hectares au Breuil, début de notre actuel Parc Urbain. L’Office Municipal des Sports est créé en février, la nouvelle maternelle Camus est ouverte, la 1ère pierre du groupe Brossolette est posée, car la population de la Zup de Beaulieu a besoin d’écoles !

 

          Déjà il y a des travaux de réfection à l’église St Maclou, tandis qu’à Roubaix on inaugure Roubaix 2000.

 

          Et, allusion personnelle (je le dis avec émotion), à l’époque jeune élève de 4ème au collège Zola, je joue ici même, sur cette scène du CSE, en juin 1972, ma première pièce de théâtre intitulée « Le client difficile »… Que c’est loin tout ça !

 

          Vous les amoureux de 1972, votre scène à vous, elle est ailleurs, une vie nouvelle se dessine dans vos cœurs. Et si, Mesdames, Véronique Sanson clame qu’elle n’a « Besoin de personne », ce n’est pas votre cas, vous Messieurs, vous ne voulez plus, comme les Martin Circus, vous « éclater au Sénégal avec une copine de cheval ! ». Fini tout cela…

 

          Au contraire, sur fond de mode à l’anglaise et de pat’d’ef qui s’affirment et de jupes qui raccourcissent, avec John Lennon vous lui susurrez « Imagine », tandis qu’avec C. Jérôme il ou elle vous répond « Kiss Me », avant de déguster du « Pop Corn » avec Anarchic System !

          1972, c’est l’année de belles déclarations et de l’engagement. Ah Messieurs, cette année-là, vous ne manquiez pas de chansons pour lui déclarer votre flamme. Avec Mike Brant, « C’est ma prière, entends ma voix », et pour les plus timides d’entre -vous : « Qui saura te dire, combien je t’aime »…

 

          Ou peut-être, plus déterminé encore étiez-vous Ringo, à proclamer « Elle, je ne veux qu’elle »… et pourquoi donc ? « Pour l’emporter, l’aimer et vivre ensemble ». Et pour la convaincre, vous lui dites qu’elle est « Trop fragile, trop belle pour rester seule », avant de conclure « Je ne conçois pas la vie sans toi »…

 

          Les plus romantiques, avec Alain Delorme et le groupe Crazy Horse auront affirmé qu’«Un jour sans toi /Est un jour de pluie », ou comme Christian Delagrange, que « Sans toi, je suis seul ». Les plus audacieux, avec Frédéric François, auront osé un « Je voudrais dormir près de toi / Etre là quand tu t’éveilles / Au premier rayon du soleil ».

 

          Avec tant d’arguments, Mesdames, avouez que c’était impossible de résister, et si Gérard Palaprat « Pour la fin du monde » invite à monter sur la montagne, vous vous préférez toutes Michel Polnareff qui vous chante qu’« On ira tous au Paradis ».

 

          Pas de problème pour nos jeunes couples de 1972, « L’aventura » peut commencer, celle que chantent Stone et Charden qui vous donnent aussi ce conseil « Laisse aller la musique ». La musique justement, celle du regretté Patrick Juvet, « La musica », qui « est le soleil d’un nouveau jour / Le son de sa voix qui chante à votre oreille ».

 

          De la musique, du bonheur et du soleil : tel est votre projet, votre envie, chers futurs époux : je ne sais lequel, plus insistant que l’autre, aura chanté comme Claude François « Viens à la maison, y’a le printemps qui chante », mais je suis sûr que tous deux vous avez aimé « Le lundi au soleil », voulu avec Pierre Perret « au mois d’août / mettre les bouts »… Pour vous deux, avec Stone et Charden, comme dans vos cœurs « Il y a du soleil sur la France / Et le reste n’a pas d’importance »…

 

          Eh oui, vous les 8 couples jubilaires d’or, comme vous l’espériez, et comme Michel Fugain vous le chantait alors, votre histoire ce fût « Un beau roman, une belle histoire », qui aura déjà duré 50 ans, et dont, j’en suis certain, vous écrirez encore bien des chapitres, nous vous le souhaitons de tout cœur ! Très belles noces d’or !

 

*

 

          Voilà, bien Chers Jubilaires, il va me falloir penser à conclure, avant de vous rendre à votre famille et à vos amis qui ont envie, évidemment de vous féliciter et de vous avoir pour eux. J’espère avoir réussi à vous faire revivre un peu vos jeunes et tendres années : au-delà des actualités internationales, françaises et locales, qu’avec le temps vous avez peut-être oubliés, je sais en revanche qu’il est quelque chose que même avec le temps on n’oublie pas : ce sont les refrains de notre coeur. Quand vous vous êtes rencontrés, « fréquentés » comme on dit, il y avait autour de vous des chansons, des mélodies qui auront accompagné, et peut-être rythmé, vos moments à deux, vos retrouvailles, vos épousailles. J’espère que parmi celles que j’ai citées, vous aurez retrouvé de ces moments-là !

 

          Vous avez fait du chemin ensemble, un long chemin. Il y eut des hivers bien sûr, quel couple n’en a pas connu ? Mais il y eut surtout des printemps et des étés à n’en plus finir, à vous aimer, à vous aimer encore et toujours.

 

          Et je suis convaincu que 50, 60, 65 ou 70 ans après, vous pensez toutes et tous comme le poète patoisant Frémicourt, que j’aime citer chaque année : « Ch’est un bonheur d’être avec s’compagnie et difficile à bin l’rimplachi »…

 

          Je sais que chacune et chacun, après toutes ces années à deux, au fond de vous, du plus profond de votre cœur, vous pensez la même chose que ce grand auteur que fut Jean d’Ormesson, lorsqu’il écrivit :

« Je t’aime dans le temps.

Je t’aimerai jusqu’au bout du temps.

Et quand le temps sera écoulé, alors je t’aurai aimée.

Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été,

ne pourra jamais être effacé ».

 

          Très belle journée, Chers Jubilaires, et vraiment continuez longtemps à être heureux à deux ! Très très bon anniversaire de mariage.

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 14:53
Commémoration du 11 novembre (1)

Comme chaque année, le 11 novembre est jour de commémoration et de souvenir dans tous les cimetières de France. Aussi ce jeudi matin, entouré des Conseillers Départementaux, de mes Adjoints (avec leur écharpe pour la solennité du moment) et des élus du Conseil Municipal, et de représentants des sociétés patriotiques, avant de passer en revue, dans un silence profond, les tombes des soldats et résistants morts pour la France, j’ai déposé une gerbe au nom de la Ville aux monuments aux morts du Crétinier et du Centre.

Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)

Au Centre, des enfants du Conseil Municipal des Enfants ont également déposé une gerbe, ainsi que celle de notre Députée (exceptionnellement absente car participant aux cérémonies à Paris, à l’invitation du Président de la République), avant de chanter « la Marseillaise ».

Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)

Mon discours aura été centré sur les propos visionnaires que mon lointain prédécesseur, Henri Briffaut, maire de Wattrelos, a prononcé dans ce même cimetière le 11 novembre 1921 : « Les morts que nous honorons ne seront vengés que lorsque la paix rayonnera sur l’humanité ». Pour ma part, je conclus mon intervention en proclamant que « la paix, la liberté, l’égalité entre les hommes et entre les peuples, la fraternité doivent trouver en nous des défenseurs intraitables ». C’est assez proche au demeurant du message de ce jour de Mme Darrieussecq, Ministre de la Mémoire et des Anciens Combattants où elle proclame que « la flamme des compagnons s’est éteinte, mais nous sommes des dépositaires de ses braises ardentes ».

Commémoration du 11 novembre (1)

La cérémonie s’est conclue par l’Union Musicale Wattrelosienne qui a joué la Marseillaise et l’Hymne Européen.

Commémoration du 11 novembre (1)

Mais deux faits nouveaux en ce 11 novembre 2021. D’abord la rénovation complète des listes des noms des 791 soldats wattrelosiens morts pour la France pendant la première Guerre Mondiale. Comme les inscriptions sur la pierre s’étaient effacées avec le temps, et que réinscrire dans la pierre n’était pas techniquement possible, nous avons fait le choix de poser des plaques en pierre de Comblanchien gravées sur 3 faces du monument aux morts, autour des bronzes (lesquels ont été enlevés, nettoyés et reposés) ! Les noms sont dorénavant plus lisibles, et Wattrelos rend ainsi un honneur plus digne à ses fils valeureux.

 

Ensuite le nom d’un ancien combattant qui avait été omis par les autorités de l’époque a pu être ajouté, M. Vincent Grimonprez. L’omission a été réparée !

Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)
Commémoration du 11 novembre (1)

Pour lire mon discours du 11 novembre au Cimetière du Centre, cliquez ci-dessous :

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2021 6 03 /07 /juillet /2021 15:42
Hommage à une femme et un homme qui auront servi la République et l’humanisme : mon discours pour la décoration de Chevalier de l’Ordre National du Mérite à Sophie Liagre et Jean-Pierre Mollière

Madame la Députée,

Monsieur le tout nouveau Conseiller départemental (j’excuse Soraya Fahem, retenue par l’hospitalisation de sa maman),

Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues,

Mesdames et Messieurs, en vos fonctions, grades et responsabilités,

Cher Germain Druelle, représentant éminent des décorés de l’Ordre du Mérite,

Chère Sophie,

Cher Jean-Pierre,

 

Être ici avec vous tous ce matin, est à la fois pour moi un moment solennel et émouvant. Solennel car nous sommes réunis parce que la République met à l’honneur deux personnalités, et que si le protocole républicain impose pour cette cérémonie des règles, ici à Wattrelos nous y ajoutons notre marque, par le décor conçu par les services municipaux que je remercie très chaleureusement et par votre présence à tous, pour dire notre fierté de voir deux wattrelosiens (ou « quasiment » Cher Jean-Pierre) décorés. Ce n’est pas anodin que de recevoir une distinction, par décret du Président de la République, distinction qui est celle d’un des deux ordres nationaux.

 

L’Ordre National du Mérite, créé en 1963 à la demande du Général de Gaulle, est symbolisé par un ruban bleu (choisi par le Général lui-même). Pour reprendre la définition par un ancien Président de la République : « C’est le plus beau symbole du dévouement ; il représente l’adhésion à l’esprit de la République. Il lui donne des visages, des exemples. Il encourage l’émulation et invite les citoyens de notre pays à donner le meilleur d’eux-mêmes ».

 

Rappelons d’ailleurs que, lorsqu’il fut créé, l’Ordre du Mérite simplifiait les distinctions françaises, car il fusionnait en un ordre unique, 13 ordres du mérite de divers ministères et les 3 derniers ordres coloniaux !

 

Ainsi – et j’aime bien à chaque cérémonie le rappeler – Chère Sophie et Cher Jean-Pierre, lorsque dans un instant je vous épinglerai ce ruban bleu, vous recevrez en quelque sorte en même temps : l’Ordre du Mérite Social, l’Ordre de la Santé Publique, du Mérite Commercial et Industriel, du Mérite Artisanal, du Mérite Touristique, du Mérite Combattant, du Mérite Postal, de l’Economie Nationale, du Mérite Sportif, du Mérite du Travail, du Mérite Militaire, du Mérite Civil, et même du Mérite Saharien !

 

Au-delà du sourire que cette liste peut légitimement provoquer, retenons que cette distinction républicaine réunit les générations, les horizons professionnels, les hommes et les femmes (dorénavant a parité, pour chaque promotion, et ce matin à Wattrelos, nous l’illustrons bien : une femme, et quelle femme ! Un homme, et quel homme !), et l’ONM dépasse les origines, les conditions sociales.

 

Comme l’écrivait ainsi un Président de la République : « Une distinction n’est pas une hiérarchie, non plus qu’une réparation. C’est un instrument d’égalité, une chance offerte à chacun dans l'accès à l’honneur, à la reconnaissance, à la récompense. Tous nos concitoyens, quelle que soit leur place dans la société, doivent pouvoir penser qu’à un moment, la société peut les récompenser pour un acte de bravoure, de générosité, d’engagement, quel qu’il soit ».

 

            Emouvant, ce moment l’est aussi, pour les récipiendaires d’abord bien sûr, mais aussi pour leurs collègues, ou encore pour l’équipe municipale et moi-même car ce sont des « figures » bien connues que je vais épingler dans quelques minutes, des « personnages » de la vie publique wattrelosienne devenus des amis. Et je n’oublie pas non plus que leur médaille leur est remise par mes soins :

- à Sophie Liagre, dans le cadre de l’action entreprise par le CCAS qu’elle dirigeait dans la lutte contre le Covid ;

- et à Jean-Pierre Mollière, à quelques semaines, presque jours, du terme de son parcours professionnel, puisqu’en octobre prochain il fera valoir – s’il ne change pas d’avis – ses légitimes droits à la retraite.

 

            Mais assez parlé du contexte de cette cérémonie, parlons-donc des deux médaillés du jour. Catherine Osson en a déjà dressé un portrait : je vais essayer de ne pas répéter ses propos, mais il y a un risque car je pense que tous deux nous pensons la même chose de nos médaillés, à savoir beaucoup de bien !

 

            Jean-Pierre, tu me pardonneras de parler d’abord de Sophie, galanterie oblige.

 

            ● Sophie Liagre n’est pas une habituée du feu des projecteurs, même si la dernière fois que je l’ai vue monter sur cette scène c’était pour Miss Wattrelos (non pas comme candidate, mais comme accompagnatrice de sa fille élue 1ère Dauphine : je préfère préciser). Je n’ignore donc pas que la reconnaissance que cette cérémonie lui donne – reconnaissance de son parcours et de ses qualités humaines – lui fait vivre une situation bien embarrassante, elle qui préfère œuvrer dans l’ombre plutôt que sous les projecteurs.

 

            Aussi, comme je le ferai tout à l’heure pour Jean-Pierre, je vais essayer de te résumer, Chère Sophie, en 3 mots : wattrelosienne ; social ; coeur.

            > Wattrelosienne : à mes yeux, c’est la plus grande des qualités, et wattrelosienne elle l’est de plusieurs générations. Wattrelosienne comme ses parents, ses frère et sœur, ses grands-parents maternels, ses arrière-grands-parents qui tenaient un estaminet dans notre bonne ville… De beaux brevets de wattrelosiannité sur le berceau !

 

            Sa vie débute dans une famille de commerçants, dans un environnement déjà fortement tourné vers les associations, ce qui n’est guère étonnant à Wattrelos. L’école primaire effectuée à Léo-Lagrange, au Sapin Vert, le secondaire à Gambetta à Tourcoing, puis inscrite à l’école d’infirmière de la Croix Rouge. Pour Sophie c’est la révélation ! Elle qui était habituée, plus jeune, à porter les courses à domicile chez les personnes âgées et à aider pour le ménage ou la toilette, se découvre une vocation de soignante. Ce ne seront pas les stages programmés dans les services les moins demandés par les stagiaires – notamment à l’hospice rue d’Havré, à Tourcoing – qui la décourageront : son chemin est tracé, elle effectue ses 3 années de formation et boucle sa scolarité en se classant 2ème de sa promotion !

 

            Son stage de fin d’année d’infirmière se déroule en milieu carcéral, à sa demande, au Centre de détention de Loos précisément, où se purgent les peines les plus lourdes. Imaginons Mesdames et Messieurs, la jeune Sophie, blondinette de 21 ans, traversant tout le centre de détention sous le regard attentif de prisonniers pour aller prendre ses fonctions à l’infirmerie ! Il m’a été rapporté que, durant cette période, nombreux furent les détenus à avoir soudain mal au crâne et à ressentir un impérieux besoin de consulter… Cette expérience la touche pourtant profondément, tant elle reçoit de poèmes et de lettres, souvent de détresse, de la part de ses « patients ». Le poste est disponible, on lui propose, mais elle le refuse car sans doute trop impliquant émotionnellement.

 

            > Et c’est la 2ème caractéristique de notre impétrante : son goût profond, sa fibre, son engagement pour le social.

 

            Cette rencontre avec le social, jamais ensuite ne se démentira. Au poste qu’elle occupe à la polyclinique de la Louvière au milieu des années 80, elle doit faire preuve de solidité, de force morale, voire davantage encore : le service oncologie, plus précisément les départements gastrique et pneumologie, ainsi que le service addictologie. La mort y fait partie de son quotidien : quasiment un décès par jour, des patients auxquels on s’attache et qu’il faut se résoudre à voir partir… Sophie ne se ménage guère, et restera à jamais marquée par des situations humainement très compliquées.

 

            En 1986, elle répond à une annonce roubaisienne pour devenir Directrice de foyer-logement pour un nouveau projet au Cul-de-Four, les prémices de nos résidences intergénérationnelles. Nouvelle révélation pour elle : l’accompagnement des personnes âgées. Prenant son travail à cœur, Sophie se trouve assez vite à gérer quatre structures, sous la direction d’un certain Patrick Kanner, alors directeur du CCAS de la Ville de Roubaix.

 

            Au CCAS de Roubaix, elle prend la Direction du service gérontologie en 1992. Quelques années plus tard, devenu maire, je la croise durant une réunion et tout de go je m’étonne « Vous êtes Wattrelosienne et vous travaillez à Roubaix » ? Elle me répond tout aussi directement qu’on ne lui a jamais proposé de travailler à Wattrelos. L’affaire est vite entendue. Jeune maire, je souhaite structurer le Service gérontologie du CCAS de Wattrelos, avec mon Adjointe d’alors Marie José Dens et la voilà donc Directrice. Une Directrice efficace, pendant près de dix ans, de 2002 à 2011, date à laquelle je lui confie la Direction générale du CCAS jusqu’à… eh bien ces dernières semaines, puisqu’à la suite d’un remaniement des directions générales de la Ville que j’ai voulu initier, Sophie est la nouvelle Directrice générale adjointe en charge des fêtes, de la culture, de l’enfance et de la santé.

            > Enfin, 3ème mot qui va bien à Sophie Liagre, celui du Cœur, car elle est une femme de cœur, avec cette particularité physiologique d’être à la fois un « petit cœur » (car très sensible) et d’avoir un « grand cœur » (car elle accueille, aide, et soigne les détresses).

 

            Dans ce cœur, là aussi il y a plusieurs ventricules, bien davantage que la faculté de médecine ne les reconnait.

 

            Il y a d’abord et avant tous sa famille. Sa mère dont elle était si proche, dont le départ fut une blessure jamais refermée, et à qui je le sais elle pense très fortement aujourd’hui ; son père, son plus grand amoureux s’il en est, lui aussi si proche, et pour qui elle sacrifie beaucoup, tant elle l’aime ! Ses 2 enfants, Nicolas, qui partage sa vie entre Vancouver et la France, et Alexia, bien connue, ancienne Dauphine, Présidente du Comité Miss Wattrelos, et qui lui aura donné un double bonheur ! Celui d’être infirmière comme sa mère, et un petit Noa qui aura conféré à Sophie, sa plus belle fonction, celle de « mamie » !

 

            Dans son coeur, il y a aussi les autres, tous les autres quels qu’ils soient. Ses collaborateurs, avec qui elle entretient toujours des liens de proximité, dans le travail et parfois dans la vie, et qui pleurent quand elle quitte ses fonctions. « Ses » élus au Nouvel Age : Marie-Jo, Dany et aujourd’hui Michèle et Pascal en attestent, de même que « ses » responsables de clubs.

 

            Mais dans « les autres », il y a aussi toutes ces résidentes, tous ces résidents, anonymes, dont par dizaines, par centaines, elle a été proche, dont elle a tenu la main, « écouté » les douleurs et les problèmes, soigné les plaies physiques ou psychologiques, un altruisme humaniste qui est son engagement personnel et philosophique qui la rend toujours disponible et prête à intervenir. Ma propre mère, si elle était encore de ce monde, en témoignerait, et avec elle tant et tant de personnes âgées qu’un jour, une nuit, elle a relevé, soigné, consolé. Pour ces ainés du Nouvel Age, elle est devenue une référente fidèle, une confidente parfois, une amie souvent. Pour la passion de son métier. Pour l’amour sincère de son prochain surtout.

 

            Dans cette médaille, Chère Sophie, il y a tout cela, tout cet humanisme, toute cette fraternité et cet amour des autres, qu’avec tes équipes – avec qui je le sais, du plus profond de ton cœur, tu partage cet honneur que la République te fait – tu as porté au paroxysme, lors de cette crise sanitaire, présente jour et nuit dans des Résidences de la ville pour lutter contre le Covid et ses terribles conséquences.

 

            Aucun élu de l’Administration municipale n’oubliera jamais cette présentation des mesures anti-Covid mises en œuvre par tes équipes du CCAS sous ton autorité : à la fin de ton exposé, les applaudissements furent spontanés et chaleureux.

 

            La République aussi les a entendus, puisque c’est sur proposition du Ministre des Solidarités et de la Santé que, par décret du 31 décembre 2020, le Président de la République t’aura nommée Chevalier dans l’Ordre National du Mérite. Toutes mes chaleureuses félicitations, Chère Sophie !

 

           

            ● Autre impétrant, M. Mollière « Mollière », comme on l’appelle affectueusement à Wattrelos, Mesdames et Messieurs, n’est ni « Avare » ni « Malade Imaginaire », pas même « Bourgeois Gentilhomme » (quoique…) : non, ce « Mollière »-là s’appelle Jean-Pierre, et il est Inspecteur de l’Education Nationale. C’est « notre » Inspecteur à nous, à Wattrelos !

 

            Et pour nous équipe municipale - il en a usé plus d’un Adjoint aux Ecoles -, ou pour moi - ça, il a toujours eu le même maire, et nonobstant son obligation de réserve, je crois pouvoir dire qu’il s’en félicite ! - pour mon équipe municipale ou pour moi, disais-je, Jean-Pierre Mollière c’est notre « complice ». Mais le complice au sens positif du terme, de ceux qui s’épaulent pour réussir ensemble, pour aller chercher ensemble des sous, pour obtenir ensemble les meilleures décisions. Le complice au sens de ceux qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes objectifs, qui veulent les mêmes choses pour nos écoles et pour nos enfants.

 

            D’un travail en commun pour bâtir en commun, sont nés entre nous, Cher Jean-Pierre, une considération réciproque et une amitié peu communes. Lesquelles ne tiennent pas qu’à notre année de naissance identique, 1959, même si c’est objectivement un bon début !

 

            Pour parler de toi, comment faire autrement qu’avec 3 mots aussi : éducation ; Wattrelos ; solidarité.

 

            > L’Education, son leitmotiv, le fil rouge de sa vie, celui de son ménage aussi, car c’est à l’Ecole Normale qu’il a rencontré celle qui deviendra son épouse. Mais derrière l’Education, il y a pour lui l’Enfant, les apprentissages, la citoyenneté, la laïcité, la cité, la lutte contre les inégalités, le soutien, la pédagogie, là aussi comme Sophie la main tendue aux plus faibles, aux « a-normaux » mot qui le révulse, aux marginaux sociaux, culturels, ethniques, aux peuples défavorisés.

 

            L’éducation comme ce qui doit être donné à chaque enfant, pour lui donner les meilleures chances de réussite, quelqu’il soit, d’où qu’il soit et d’où qu’il vienne.

 

            C’est pour cela que Jean-Pierre Mollière croit plus que tout à l’Ecole de la République. Et qu’il va s’y investir, j’ose dire « corps et âme »… ce ne sont pas son épouse et ses proches qui me démentiront.

 

            Plus qu’une vocation, c’est pour lui un engagement. Loin d’être passif dans sa vie, il veut être actif, acteur du changement, acteur de la réussite des plus jeunes.

 

            Très tôt, Jean-Pierre en effet s’investit dans la vie de son village de Quesnoy sur Deûle : l’animation de la jeunesse l’attire. Animateur de centres aérés, puis directeur de centre de loisirs – son âme de responsable s’affirme sans tarder – il fondera par la suite un camp de jeunes, puis deviendra directeur de camp d’adolescents pendant plus de 10 ans.

 

            Il le sent, il en est convaincu : il vouera sa vie professionnelle à la jeunesse, et comment mieux la servir qu’en intégrant l’Education nationale ? C’est tout naturellement qu’après le Bac, après un service militaire effectué dans l’infanterie de marine où il goûtera, à Mont-de-Marsan et à Pau, aux joies de la chute libre et du parachutisme – j’y reviendrai – il vise l’Ecole normale et obtient brillamment le concours, se classant parmi les premiers !

 

            Son premier poste l’éloigne un temps de la métropole : il intègre un institut d’éducation motrice à Coudekerque-Branche, premier contact avec le handicap qui correspondra à son investissement professionnel pendant vingt ans. Mais l’éloignement rend l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle délicat : jeune marié, Jean-Pierre est également jeune papa (de Julien, né en 1980 : pour les puristes des dates, vous remarquerez qu’il est même très jeune papa !). Il demande donc un poste dans la métropole, un poste de remplaçant, ce qui attire l’attention de l’inspecteur. Mais pourquoi un Normalien se positionne-t-il sur un poste de remplaçant ?

 

            Eh bien, parce que Jean-Pierre est un homme de mission, déjà à l’époque. Une mission nouvelle l’attend, elle se crée. Un texte de loi de l’Education nationale la définit au début des années 80 : il s’agit d’intégrer les enfants porteurs de trisomie 21. Jean-Pierre est volontaire : il y accompagne dans les écoles du secteur de Roubaix une petite dizaine d’enfants à Roubaix, Willems et, je vous le donne en mille, à Wattrelos, à l’école maternelle Jacques-Brel.

 

            Dans le cadre de cette mission, il collabore avec le CAMSP de Roubaix, où il rencontrera celui qui sera un de nos grands amis communs le docteur Maurice Titran, célèbre pédiatre. Ni Jean-Pierre, ni moi n’avons oublié notre émotion en inaugurant à Beaulieu, en 2010, le Centre Maurice-Titran en présence de son épouse et de ses filles. Un grand homme, assurément. Et né à Wattrelos, de surcroît.

 

            Jean-Pierre obtient son diplôme d’enseignant spécialisé en 1985. C’est l’époque où les maires de Roubaix et de Tourcoing réclament au Garde des Sceaux des mesures pour gérer les cas de jeunes délinquants multirécidivistes qui empoisonnent le quotidien. Il y a là un nouveau cheval de bataille pour Jean-Pierre : en lien avec l’association Le Gîte, chargée de proposer une alternative à l’incarcération, il accompagne ces adolescents, en sa qualité d’instituteur, pendant deux ans. Il les emmène par exemple pratiquer l’escalade, ce qu’il appelle « une conduite à risque socialement acceptable ».

 

            Poursuivant par ailleurs sa collaboration avec le CAMSP, il travaille pour des familles connaissant des situations complexes, puis devient conseiller pédagogique, puis conseiller pédagogique départemental, plus particulièrement en charge des questions d’enseignement aux enfants relevant d’un handicap – le voilà rendu à son orientation professionnelle initiale.

 

            Dans cette nouvelle fonction, il crée un système d’enseignement à domicile pour les enfants malades ou accidentés (qui existe toujours) ; il est aussi chargé de mission pour la scolarisation des enfants du voyage à la fin des années 90 et… c’est là que la rencontre avec Wattrelos prend corps.

 

            > Oui Wattrelos car à l’époque Wattrelos est l’une des quatre villes de la Communauté urbaine de Lille à respecter la loi Besson portant obligation aux communes de plus de 5 000 habitants de disposer d’une aire d’accueil. Naturellement, l’une des écoles de Wattrelos accueille ces enfants du voyage : il s’agit de l’école Brossolette, dirigée par une certaine Catherine Osson…

 

            Au fil de ses visites pédagogiques et de ses formations, un inspecteur de l’Education nationale dit alors à Jean-Pierre : « Toi, tu es de la graine d’inspecteur… ». Il ne faut pas le lui dire deux fois : Jean-Pierre passe le concours en 2002 et entre en fonction en 2003 !

            Au vu de son passé, on l’attend sur une circonscription spécialisée. Lui répond : surtout pas, un inspecteur est en charge de tous les enfants de l’école de la République ! C’est sur le terrain qu’il veut s’investir, dans un environnement où les besoins sont plus forts qu’ailleurs, où l’on parle d’éducation prioritaire, où l’on a besoin de lui. Plus qu’un engagé Jean-Pierre est un militant de la cause éducative.

 

            Voilà pourquoi il choisit Wattrelos ! Il n’y avait pas alors d’inspecteur titulaire ; avec lui, il y en a dorénavant un. Nommé en 2003, il ignore alors qu’il y fera toute sa carrière d’Inspecteur.

 

            Je ne peux m’empêcher de sourire en repensant à ce jeune Inspecteur, présidant à mes côtés les cérémonies annuelles de départ en retraite des enseignants, cérémonie à l‘époque très fréquentée, où il devait retracer la carrière de celles et ceux qui partaient en retraite. Et Jean-Pierre Mollière s’étonnait alors, et se tournait vers moi, de la longévité de carrière de ces enseignants, et directeurs, à Wattrelos… et moi de lui répondre : « Monsieur l’Inspecteur, Wattrelos un jour, Wattrelos toujours ! »

 

            Eh bien, il n’a pas fait mieux que les autres ! Ses 17 ans de fonctions d’Inspecteur, c’est à Wattrelos qu’il les aura vécues. C’est dire si c’est un « monument » de la cause éducative que nous voyons partir.

 

            Et le destin lui aura joué bien des tours.

 

            D’abord d’avoir été affecté dans une ville où, ici, d’Henri Briffaut à Alain Faugaret tout au long du XXème siècle, de maire en maire, d’équipe municipale en équipe municipale, l’éducation, le renforcement du capital humain de ces filles et fils de catégories sociales modestes qui n’ont pas de capital financier en héritage, est , qui n’ont pour réussir que leurs talents et leur intelligence, a toujours été le premier des investissements municipaux, le premier des budgets, la première des priorités.

 

            Ensuite, dans la rencontre dès juillet 2003 de ta première directrice d’école à Wattrelos, une jeune maman qui se présente avec son bébé : le bébé s’appelle Emma, la maman Catherine, celle-là même qui, des années plus tard, deviendra Députée, chargée des Crédits de l’Education Nationale à la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale et qui, poursuivant une démarche que j’avais entreprise, obtiendra du Ministre de l’Education Nationale, par décret du 15 novembre 2018, que Jean-Pierre Mollière soit fait Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

 

            Enfin, parce qu’ici, Cher Jean-Pierre tu te mets à travailler avec un maire qui te ressemble beaucoup :  même souche familiale ouvrière, même culture de l’effort, de la passion du travail, des journées qui commencent tôt et finissent tard, même réussite personnelle grâce à l’école de la République. L’école de la République qui fut toute ta vie !

 

            Ensemble, nous l’avons voulu, Ville et Eduction nationale ont travaillé en « coproduction » : pas l’un au-dessus de l’autre, l’un avec l’autre, dans les idées comme dans la mise en œuvre. Et des chantiers on en aura mené pour les enfants de Wattrelos, avec et grâce à toi. Education artistique, Enfance de l’Art, éducation sportive, le retour à la piscine, les phases d’informatisation, les travaux, les rythmes scolaires, les plans éducatifs, la Réussite Educative, les Clubs Coup de Pouce, l’application des réformes que tu as toujours apaisé lorsqu’elle pouvait avoir des angles saillants, et surtout ces négociations parfois ardues avec ton Administration chaque année pour les mesures de carte scolaire où, malgré parfois des réductions d’effectifs d’élèves, grâce à ton habileté nous évitions des fermetures ou obtenions des postes supplémentaires, voire des ouvertures ; la rentrée 2021 le prouvera encore.

 

            Aussi, plus que tout long discours laudatif, pour tout cela, le Maire te dit, M. l’Inspecteur un vibrant MERCI !

 

            > Enfin, je ne peux conclure ce discours sans évoquer, rapidement même si cela mériterait d’en parler davantage, le 3ème mot qui te caractérise : la Solidarité.

 

            Car le militantisme de Jean-Pierre ne s’arrête pas à la porte de l’école, ou de l’inspection : il est engagé – à de « petites fonctions » - dans plusieurs associations :

            - il est Président départemental de l’ADSSEAD, qui a fusionné il y a huit ans avec La Sauvegarde du Nord : l’association accueille et accompagne les enfants et ados connaissant des difficultés psychologiques, scolaires, familiales ou sociales, ainsi que les adultes éloignés de l’emploi, les familles et les personnes en grande précarité. Une structure qui emploie quelque 1 500 salariés dans le Nord.

            - il est Président Départemental de l’OCCE (Office Central de la Coopération à l’Ecole) qui gère les coopératives scolaires, un organisme complémentaire à l’Education nationale qui permet de développer des projets pédagogiques œuvrant à l’éducation à la citoyenneté.

            - et enfin, qui l’ignore, ce Ch’ti est, curieusement le Président club alpin français, basé à Lille depuis 30 ans, ses grandes passions étant, depuis son passage par l’armée que j’évoquais tout à l’heure, la montagne, l’alpinisme, le parapente, la chute libre, mais aussi les randonnées à ski.

 

            Se lancera-t-il demain, une fois libéré de ses obligations professionnelles dans l’escalade du toit de l’Europe comme, il y a quelques jours un jeune Wattrelosien ? J’espère qu’il, va surtout chouchouter ses trois petits-enfants Céleste, Cyprien, Agnès, filles et fils de ses deux enfants Julien et Marie.

 

            Chacun l’aura compris, ce n’est pas un discours d’hommage à un néo-retraité que je suis en train de terminer mais un discours d’hommage à un humaniste, un  homme d’honneur qui a su porter haut sa mission d’enseignant, de conseiller pédagogique et d’inspecteur, un homme féru de Jaurès et lecteur de sa « Lettre aux instituteurs » de 1888 qui sait qu’un enseignant tient « dans ses mains l’intelligence et l’âme des enfants »,  engagé dans son métier comme dans la vie associative, un homme au service des autres et d’un idéal de fraternité, d’égalité, de justice sociale, la République chevillée au cœur, un homme apprécié de tous et dont on se souviendra ici avec émotion avoir croisé sa route.

 

            Cher Jean-Pierre, je fais indéfectiblement partie de ceux-là !

 

            Vous unir tous deux, Chers médaillés dans une même cérémonie, se veut symbolique. Jean-Pierre est à l’éducation ce que Sophie est aux ainés : l’un et l’autre se caractérisent par l’intensité de leur engagement, militants infatigables de la cause qu’ils portent au fond d’eux pour qu’elle soit reconnue. Ce sont une femme et un homme qui, l’un comme l’autre, « en même temps » comme le dirait le Président de la République Emmanuel Macron, qui a signé votre décret de nomination, auront servi la République et l’humanisme.

 

            Sincères, très sincères félicitations, à tous deux !

 

 

Partager cet article
Repost0
24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 08:04
Rien n'est si beau que d'Aimer : mon discours aux Jubilaires / Pentecôte 2021

Pour lire mon discours, cliquez ci-dessous :

Partager cet article
Repost0
24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 10:33
Mon discours lors de l'inauguration de la rue Arnaud Beltrame

Madame la Députée,

Monsieur le Sous-Préfet, Secrétaire Général de la Préfecture,

Mon Général, Commandant la Région de Gendarmerie Hauts de France,

Monsieur le Commissaire,

Madame et Monsieur les Conseillers départementaux,

Monsieur le Maire de Leers, membre de la famille,

Chers Collègues, Mesdames et Messieurs en vos fonctions et responsabilités,

Chère Madame, cher Monsieur,

 

C’était il y a 3 ans. Le 23 mars 2018, en milieu de matinée, à Carcassonne, un jeune homme de 25 ans vole avec violence une voiture, tue l’un de ses occupants et blesse grièvement le second. Son funeste projet consiste à s’attaquer, au nom de l’Etat islamique, à des militaires, ou des représentants de l’ordre républicain. Ainsi, il tire plusieurs balles sur un groupe de CRS et blesse grièvement l’un d’entre eux. Puis il s’enfuit dans la voiture volée à destination de Trèbes, 8 kilomètres plus loin.

 

Il entre alors dans un supermarché et tue d’emblée deux personnes, lançant également une grenade qui n’explose pas, fort heureusement. Presque tous les clients parviennent à s’enfuir, des employés se réfugient dans la chambre froide du magasin, l’hôtesse d’accueil dans la salle des coffres. Le terroriste s’y retranche lui aussi, prenant l’hôtesse en otage.

 

Celle-ci parvient à l’apaiser et le persuade d’appeler le commissariat pour faire valoir ses revendications. Le GIGN de Toulouse est mobilisé ; il demande l’aide du groupe national qui décolle de la base aérienne de Villacoublay une heure plus tard. En attendant, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Carcassonne, emmené par le lieutenant-colonel Beltrame, le plus haut gradé du groupe, pénètre dans le magasin. Témoignant d’un sens aigu de l’honneur et de sa mission de protection des plus faibles, portant à un haut niveau sa foi et son sens de l’engagement pour l’humanisme et la fraternité, Arnaud Beltrame propose au terroriste de se substituer à l’otage. Dix minutes plus tard, l’échange intervient. Les autres personnes encore cachées dans le magasin sont évacuées.

 

Otage à son tour, le lieutenant-colonel Beltrame est seul avec un terroriste aux abois, extrêmement dangereux. On imagine sa force intérieure ; on imagine son inquiétude sans doute, en analysant les risques ; on imagine combien il sait qu’à tout moment la situation peut déraper ; on l’imagine maître de lui, brave, digne.

 

Durant près de trois heures, il tiendra tête au terroriste avec sang froid, essayant de gagner du temps, de laisser du temps à l’installation du dispositif d’intervention, de permettre l’engagement du dialogue avec le négociateur via son téléphone, qui reste allumé. C’est ainsi qu’en essayant lui-même en corps à corps de neutraliser le terroriste, Arnaud Beltrame donnera le commandement de l’assaut à ses troupes qui entendent tout ce qui se passe dans la pièce. Quand l’assaut se termine, quelques minutes plus tard, le terroriste est abattu, mais son otage est grièvement blessé. C’était le 23 mars 2018 : personne en France n’a oublié ce terrible jour. Mais la France reste stupéfaite, abasourdie, blessée quand le lendemain elle apprendra que le valeureux colonel a cessé de vivre pendant la nuit à l’hôpital de Carcassonne.

 

Le Colonel Arnaud Beltrame n’est plus. Mais son esprit, sa vaillance, sa mémoire, son courage eux doivent continuer de vivre. Comme autant d’exemples de ce que la France, notre armée, les forces de l’ordre, la gendarmerie ont de plus exemplaire, de plus noble. Wattrelos n’oublie pas. Ce 24 mars 2021, 3 ans après ces évènements dramatiques, jour pour jour après sa disparition, Wattrelos veut honorer cet homme d’honneur, ce héros de la Nation que fut, qu’est le Colonel Arnaud Beltrame.

 

C’est en plein Centre-ville, dans un quartier moderne et d’avenir de Wattrelos, c’est au cœur de Wattrelos - car ce que nous faisons aujourd’hui est d’abord un acte de cœur - qu’une rue portera le nom d’Arnaud Beltrame. Un homme qui, par le sacrifice de sa vie, a permis de sauver d’autres vies, un homme courageux qui a placé le sens du devoir et des responsabilités au-delà de toute autre considération, s’élevant au niveau de ces illustres Français qui, en des temps plus sombres de notre Histoire, furent eux aussi des héros, au mépris du danger, de leur peur, de leur vie, un homme qui croyait à l’homme, un homme qui défendait la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, un homme qui servait un idéal, celui de la République.

 

Lui rendant hommage, le Président de la République Emmanuel Macron déclara : « Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est mort au service de la Nation, à laquelle il avait déjà tant apporté. En donnant sa vie pour mettre un terme à l'équipée meurtrière d'un terroriste djihadiste, il est tombé en héros ». Son éloge funèbre fut prononcé lors d'un hommage national le 28 mars 2018 à l'Hôtel des Invalides en présence de trois anciens Présidents de la République. Arnaud Beltrame fut promu au grade de Colonel à titre posthume et fait Commandeur de la Légion d'honneur, avec citation à l’ordre de la Nation. Il reçut également les médailles de la Sécurité intérieure, de la Gendarmerie nationale et celle pour acte de courage et dévouement, qui confirment la Croix de la Valeur Militaire qu’il avait déjà.

 

Le colonel Beltrame n’était pas nordiste, mais sa belle-famille, elle, l’est : Marielle, son épouse, est originaire de Marcq-en-Baroeul où ses parents, Madame et Monsieur Vandenbunder résident. Je les salue et les accueille avec affection. Ils nous, ils lui font l’honneur et l’amitié d’être présents avec nous ce matin, ici à Wattrelos, et c’est avec reconnaissance et émotion que je les en remercie. Transmettez, Madame, Monsieur, à Marielle votre fille, et à la famille Beltrame notre message d’admiration et de profond respect pour le héros que fut Arnaud Beltrame.

 

Il y a trois ans, après ces événements dramatiques, le Conseil municipal avait pris l’engagement qu’une rue de notre commune porterait son nom. En remerciant la SEM Ville Renouvelée dans son programme de nous en offrir l’opportunité, aujourd’hui je suis fier de tenir cet engagement, et de le faire très républicainement en présence de mon opposition de l’époque. Car la République ne se partage pas, ne se découpe pas, elle se vit, elle se défend. Face à l’ennemi commun – l’islamisme radical, le terrorisme le sont – aucune division n’est tolérable. Seule l’union des défenseurs de la République vaut.

 

Arnaud Beltrame avait mission de protéger, sa fonction était d’ordre et de sécurité, mais son idéal profond était d’unir les hommes. Par son sacrifice, il fait de nous à jamais des serviteurs de sa mémoire. Parce qu’il nous rappelle l’essentiel, parce qu’il nous montre le chemin de ce qui unit, et doit unir : la République !

 

Il rejoint ce midi la liste des personnalités illustres dont Wattrelos perpétue la mémoire, à l’image d’André Cambray, grand combattant et Résistant, dont le Boulevard, à l’intersection de cette rue Arnaud Beltrame, porte le nom.

 

A chacun de leurs passages, les promeneurs, mais aussi les élèves des établissements scolaires proches, les collégiens, ceux de Saint-Joseph comme ceux du futur collège public qui devrait se situer à quelques dizaines de mètres, en lisant cette plaque, sauront qu’ici on n’est pas qu’au cœur de Wattrelos, mais au cœur de la République.

 

Merci Monsieur le Préfet, merci Mon Général, merci Commissaire, merci Madame la Députée élue de la Nation, chacune et chacun, par vos fonctions, vous êtes une part de la République, et avec vous, et les élus qui m’entourent ce matin, la République honore un de ses fils valeureux, et les Wattrelosiens un de leurs frères de cœur.

Partager cet article
Repost0