Beaucoup de Français – trop, beaucoup trop – croient voir dans Marine Le Pen la solution de tous leurs maux et de toutes leurs difficultés ! Non pas parce qu’ils seraient convaincus par son programme, mais parce qu’ils estiment que la droite de Sarkozy a échoué (c’est vrai, elle n’a fait que creuser les dettes !), que la gauche de Hollande aurait échoué (c’est faux : les fondamentaux de l’économie ont été rétablis !), et surtout que Le Pen, elle, elle va tout faire ! Elle va donner des sous, créer des emplois publics de policiers et de militaires, réduire le chômage, baisser les impôts, freiner les importations, ne plus payer nos dettes aux méchants banquiers… bref, elle va raser gratis !
Sauf que tout cela, c’est une très grave tromperie économique, une vaste fumisterie financière, dont ne peut résulter qu’un chaos qui aggraverait les difficultés de la France, provoquerait une explosion du chômage et de la pauvreté !
Quel est le programme économique de Le Pen ? Une accumulation de dépenses nouvelles (le passage des dépenses pour la Défense à 3 % du PIB alors qu’on en est à 1,8 % actuellement, à lui seul coûte 27 Mds € !) ; une multiplication d’exonérations fiscales (surtout pour les plus riches !) ; la création de taxes à l’importation (ce qui n’est possible qu’après la sortie de la France de l’Europe, et donc prendra plusieurs années !), laquelle ne manquera pas de provoquer une rétorsion des autres pays sur nos exportations (et donc des ventes perdues pour les entreprises française) ; le décrochage de l’euro (et donc un franc dévalué, qui appauvrira les épargnants) ; le financement de tout cela par la planche à billets de la Banque de France (ce qui va faire s’envoler l’inflation, laquelle appauvrit toujours les plus pauvres !).
Ce programme ne peut que mener à la catastrophe financière et économique. Pourquoi ?
> D’abord parce que toutes les dépenses supplémentaires annoncées sont coûteuses et non financées. Il y en a pour des milliards et des dizaines de milliards ! Toutes ces dépenses ne sont pas financées (car les économies par les conditions de nationalité évoquées pour certaines prestations, outre leur inconstitutionnalité et leur injustice nauséabonde, sont sans commune mesure avec les dépenses annoncées !), et ne peuvent que se traduire par des déficits publics supplémentaires ! Le Pen promet tout à tout le monde pour attirer des électeurs (et là, il n’y a pas de timidité : tout ce qui peut plaire, à toutes les catégories d’âge ou sociales, elle y va !) : facile de faire des promesses… surtout quand on ne dit pas comment les financer, ni même si elles seront finançables.
> De la même manière, les exonérations fiscales, ce sont des pertes de recettes pour l’Etat !
Et plus de dépenses et moins de recettes = plus de déficit et plus de dettes ! Sous Sarkozy, l’augmentation de la dette était lancée à une telle vitesse (+ 600 Mds €, soit + 25 points de PIB en 5 ans !) que pour la freiner sans casser la croissance, il a fallu ralentir les dépenses et augmenter les impôts, pour qu’enfin en 2017 le poids de la dette commence à décroître ! Mais à 96,1 % du PIB la dette est déjà lourde. Le seuil de 100 % (celui où la dette d’un pays équivaut à sa production de toute une année !) n’est pas loin.
> Le décrochage de l’euro et le retour au franc signifient immanquablement récession, pertes d’emplois, chômage, pertes de pouvoir d’achat et pauvreté accrue. Cette promesse de Le Pen est une illusion extrêmement dangereuse. Pourquoi ? Parce que :
- cette décision implique un rétablissement du contrôle des changes, pour éviter le départ massif de capitaux hors de France, et donc des restrictions aux mouvements de capitaux, ce qui ne peut avoir qu'un effet brutal sur les investissements de court comme de long terme. Ce sera un gel tout aussi brutal d’un des moteurs de la croissance économique, et, comme en Grèce, la France plongera en récession ! Avec les conséquences négatives connues : fermetures d’entreprises, licenciements, chômage accru ;
- cette décision s’accompagnera de la dévaluation du Franc, et celle-ci sera forte (20 à 30 % probables !). Outre que cela dégrade le commerce extérieur (cela renchérit les importations, notamment énergétiques), cela réduit les revenus et l’épargne des ménages d’autant !
Avec moins de revenus et moins d’épargne ceux-ci consommeront moins et épargneront moins : c’est encore un autre moteur de la croissance qui se casse ! Et moins de dépenses des ménages, c’est moins de ventes des entreprises, et donc, là aussi, moins d’emplois ;
- le retour du franc ne peut qu’être contagieux et provoquer l’explosion de l’euro. Il y aura contagion en Europe à d’autres économies, et un maelström des monnaies s’engagerait, avec des crises de confiance à répétition, ce qui n’est jamais bon pour les échanges commerciaux. Or, si ceux-ci plongent, c’est la croissance européenne qui plongerait, avec là encore, fermetures d’usines et cortèges de licenciements ;
- enfin, le décrochage de l’euro provoquerait une envolée des taux d’intérêt considérable qui coûterait cher à la France et aux Français ! La France n’est pas dans n’importe quelle situation, elle a une dette publique de 2 200 Mds €, qui lui coûte 43 Mds € d’intérêts par an ! Sauf qu’aujourd’hui la France emprunte à des très bas taux, voisins de 0,3 à 0,7 % ! Déjà les interrogations sur la prochaine campagne présidentielle de mai 2017 ont provoqué une hausse des taux que paie notre pays, et des taux plus chers ont des lourdes conséquences : une hausse de 1 %, cela représente + 4 Mds € d’intérêts supplémentaires en 2 ans, et + 15 Mds € en 10 ans ! Et avec un choc tel que l’annonce du changement de monnaie, c’est clair, la hausse serait beaucoup beaucoup plus forte que 1 %... Qui va payer ?
Pour payer, soit il y aurait des hausses d’impôts massives sur les Français ! Mais Le Pen n’en parle pas !
Soit, c’est le déficit, donc la dette qu’elle laisserait filer ! Mais si elle gonfle, qui va la financer ?
- Car s’il y a en « effet-prix » (des taux d’intérêt plus chers) sur la dette, il y aurait immanquablement un « effet liquidité » : même si cela coûte plus cher, encore faut-il qu’on veuille bien nous prêter ! Aujourd’hui les 2/3 de nos emprunts sont contractés auprès de prêteurs étrangers !
Avec des incertitudes sur le remboursement (perte de valeur de la monnaie, récession économique, perte de ressources de l’Etat), les investisseurs étrangers vont prêter plus cher (la Banque de France estime l’alourdissement de la charge annuelle d’intérêt à + 30 Mds ! Compte tenu des 43 Mds déjà, à près de 75 Mds d’intérêts à payer, la France consacrerait tout l’impôt sur le Revenu à payer ses prêteurs ! Comment fera-t-elle fonctionner ses services publics, que lui restera-t-il pour payer ses fonctionnaires ?). Mais encore faut-il qu’on veuille bien encore lui prêter ; et si les prêteurs deviennent frileux, ne veulent plus prêter, ou ne prêtent pas tout ce qu’il faut, un scénario de crise de liquidité à la grecque est possible ! On ne peut plus rembourser ses banquiers, on ne peut plus payer ses fonctionnaires, la France se met en panne… Quelle vision de capharnaüm : ce n’est malheureusement pas impossible !
- et le pire, c’est que Le Pen, qui sait cette crise probable pense avoir trouvé la solution : elle va demander à la Banque de France d’émettre de la monnaie pour payer les déficits et les dettes ! Comme dans les années 30… sauf que les statuts de la Banque de France l’interdisent ; sauf que ce serait relancer l’inflation, donc provoquer des dérapages de prix qui, outre qu’ils augmenteraient le prix des produits français et donc dégraderait la compétitivité de la France, et qu’ils appauvriraient les revenus des ménages, repousseraient d’autant à la hausse les intérêts payés sur la dette, et accéléreraient le scénario catastrophe déjà évoqué ci-dessus !
Ceux qui, comme Le Pen, font semblant de considérer l’euro comme source de tous les maux, et veulent faire croire qu’il suffirait d’en sortir pour faire disparaître toutes les difficultés de l’économie française mentent !
Oublieraient-il les dégradations du commerce extérieur, les dévaluations à répétition, les pertes de pouvoir d’achat, les suppressions d’entreprises et d’emplois d’avant l’euro, des pans entiers de nos industries (acier, textile…) laminés bien avant l’euro ?
Car quitter l’euro ne résoudrait rien aux problèmes français de compétitivité, de revenus, de différences de coûts de production, ou d’inégalités de ressources et de patrimoines. Au contraire, quitter l’euro compliquerait considérablement les choses, casser le courant des affaires, dégrader les anticipations des ménages et des entreprises, et va rendre impossible la capacité de la France (et de l’Etat) à faire face à ses engagements financiers nationaux et internationaux.
A vrai dire, au bout du programme économique du Front National, il n’y a qu’une seule certitude : celle d’un chaos économique inévitable ! Avec pour les Français, dont mes concitoyens, un cortège programmé de souffrances, de malheurs, de liquidations d’emplois et de tensions sociales dont on n’a pas même pas idée des drames qui se produiront.
Voilà pourquoi, dans cette campagne présidentielle, avant tous les égos, toutes les écuries présidentielles, il n’y a qu’une seule ligne : non, non et non au Front National et à son programme !